Pierre Hennen, boulanger passionné : “Me lever chaque matin pour faire ce que j’aime, c’est ça le bonheur”
Dans cette rubrique, nous interrogeons un·e entrepreneur·se sur sa manière de concilier style (de vie) et carrière. Cette semaine, Pierre Hennen nous fait redécouvrir le vrai goût du pain. “Mon objectif ? Rendre mes clients heureux.”
Passionné par la boulangerie et petit-fils de boulanger, Pierre Hennen (26 ans), a toujours su qu’il ferait de son amour pour le pain son métier. Comble du boulanger, il est diagnostiqué avec la maladie coeliaque il y a quelques années… Autrement dit, il est allergique au gluten. Tous ses rêves de boulangerie s’effondrent alors. Mais Pierre ne se laisse pas abattre. “J’allais prouver au monde que faire du bon pain sans ce foutu gluten, c’est possible !”
Après des études en HEC pour se former en gestion, différents voyages et de longues recherches sur les techniques de boulangerie sans gluten (et sans lactose) le jeune theutois se lance dans l’aventure. Il crée la boulangerie l’Alternative et lance sa première production en avril 2019. Après un peu plus d’an un, il emménage dans un tout nouvel atelier, à Theux, sa commune d’origine. Là-bas, il confectionne différents pains au levain réalisés à base de farines alternatives issues de l’agriculture biologique, mais aussi de nombreuses pâtisseries et autres douceurs. Son objectif ? Faire redécouvrir le vrai goût du pain à ses clients. En cette fin d’année un peu particulière, le jeune pâtissier se plie en quatre pour embellir les fêtes en proposant ses pains et pâtisseries traditionnels mais également des bûches de Noël.
Comment conciliez-vous vie privée et activité professionnelle ?
PH: “Au début, ce n’était pas évident. Maintenant, nous commençons tout doucement à nous roder. J’ai investi dans des machines qui me permettent d’avoir un horaire de boulanger plus confortable. C’est-à-dire que je ne dois pas faire de nuits et que j’ai des horaires de travail d’environ 8 h – 18 h qui se mettent plutôt bien avec ceux de ma compagne, Judith, qui est enseignante. On arrive donc quand même à avoir des moments off. Et Judith vient souvent m’aider à la boulangerie, donc nous avons quand même nos petits moments à nous deux au boulot, c’est très chouette.”
Face à la généralisation du numérique, parvenez-vous à vous offrir des moments hors ligne ?
PH: “Pour moi, c’est très compliqué. Je suis un peu sur tous les fronts : Facebook, Instagram, e-mails, newsletters, etc. Au début, ce n’était pas du tout évident d’être hors ligne. Aujourd’hui, j’ai une compagne très exigeante (rires) qui me demande de me déconnecter et, grâce à elle, je crois que j’y arrive de mieux en mieux. Et j’y parviendrai encore mieux à l’avenir. Je laisse mon GSM sur le côté. Maintenant, j’ai mis des messages automatiques partout, sur Facebook et par mail, pour prévenir les clients que je ne peux pas répondre à tout le monde dans les cinq minutes et que les informations sont disponibles sur le site Internet. Depuis que j’ai fait ça, je me sens beaucoup mieux, parce que je ne me sens plus obligé de répondre aux messages sans m’arrêter.”
Comment vous habillez-vous pour travailler ?
PH: “Nous avons un joli costume de boulanger. Un pantalon en pied-de-poule noir et blanc, une veste de cuisinier blanche et de beaux tabliers en jeans quand nous devons vraiment nous salir. Et comme il ne fait pas très chaud à l’atelier pour le moment, je mets des vêtements en dessous de ma tenue (rires). Il fait 10 degrés à l’atelier donc c’est vraiment très froid.”
Comment retirez-vous de la satisfaction de votre travail ?
PH: “Je dirais que la première satisfaction, ce sont les retours des clients, qui sont super contents et qui m’envoient très souvent des messages, surtout les nouveaux clients qui viennent de découvrir mon pain ou les pâtisseries et qui sont juste émerveillés et heureux de retrouver les saveurs et les textures qui leur manquaient. Pour moi, la plus grande source de satisfaction, c’est savoir qu’on rend des gens heureux.”
Quel est le plus grand luxe à vos yeux ?
PH: “Me lever tous les matins et me dire que je vais faire quelque chose que j’aime, tout simplement.”
Quel sommet professionnel souhaiteriez-vous atteindre ?
PH: “Pour moi, je l’ai déjà atteint (rires). J’ai des ambitions, bien sûr, mais mon but n’est pas de grandir, grandir, grandir et devenir un géant. Mon objectif, c’était que mes clients soient heureux et qu’ils puissent manger de bons produits, tout simplement. Pour moi, c’est déjà atteint. Maintenant, plus on parviendra à rendre de personnes heureuses, mieux ça sera. Tout en restant petits, parce que c’est très important pour moi. Je veux que l’Alternative reste de taille raisonnable pour que mon travail reste artisanal. Je trouve que quand on grandit trop, on a tendance à devenir plus industriels et à perdre en qualité au niveau des produits, mais aussi du service qu’on offre aux gens. Pour moi, le contact avec les clients est très important, j’aime que les gens sachent qui est derrière le pain, qui le fabrique, et que ce ne soit pas que du marketing et du fake.”
Quelle est la meilleure leçon que vous a enseignée votre carrière ?
PH: “Quand on est sur la bonne voie, tout va bien, tout se passe bien. Il faut interpréter les signes et quand on doit faire quelque chose, tout se met bien, en général. Il faut rester confiant. “Tout va toujours bien”, je dois me répéter cette devise souvent, parce que je suis un grand stressé, alors qu’au final, semaine après semaine, tout va toujours bien !”
Retrouvez la boulangerie l’Alternative sur Facebook, Instagram et son site Internet.
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