La grande dame du champagne: A la recherche de la femme derrière Veuve Clicquot, grâce à l’art contemporain
D’abord célèbre pour son esprit d’entreprise, avec lequel elle a porté au firmament la marque de champagne Veuve Clicquot, notre veuve était aussi une créatrice importante. Aujourd’hui, plus de 250 ans plus tard, elle inspire toujours les esprits créatifs.
«La semaine dernière encore, je me suis laissé dire que mes créations étaient trop féminines», s’indigne Constance Guisset à Londres. Constance Guisset est une designer parisienne de renom, dont vous connaissez peut-être la lampe Vertigo de Petite Friture, parfois décrite comme un grand chapeau. C’est Constance Guisset qui, en collaboration avec la curatrice Camille Morineau, a imaginé la scénographie de l’exposition londonienne retraçant la riche histoire de la Veuve Clicquot. Constance Guisset nous dit l’importance des femmes entrepreneures comme la veuve Clicquot. «Le monde dans lequel elle vivait était encore plus dominé par les hommes qu’il ne l’est aujourd’hui. Impossible d’imaginer aujourd’hui les préjugés qu’elle a dû surmonter. Pourtant, c’est important de continuer à promouvoir l’entrepreneuriat féminin, car je me heurte encore trop souvent à des excuses ridicules. Comme s’il arrivait aux hommes de s’entendre dire que leurs créations sont ‘trop masculines’»
Madame Clicquot a conçu la table de remuage en 1816 en pratiquant des trous dans sa table de cuisine et en y faisant tourner les bouteilles de champagne
De l’eau dans la cave
Quand Barbe-Nicole Ponsardin, à l’âge de 27 ans, s’est retrouvée veuve et par la même occasion propriétaire d’une maison de champagne, elle s’est dédiée à la culture du raisin pour créer un champagne rosé. Mais elle était également manifestement passionnée par le design des produits. C’est, par exemple, à elle que l’on doit la forme caractéristique de la bouteille de champagne, restée pratiquement inchangée jusqu’à aujourd’hui. Cette forme convexe de la bouteille est idéale pour conserver le champagne, et on en a eu une nouvelle preuve en 2010. C’est l’année où 50 bouteilles de Veuve Clicquot ont été repêchées au fond de la mer Baltique. On estime que les bouteilles ont échoué là après un naufrage survenu — tenez-vous bien — entre 1839 et 1841. Et le plus fort? Le champagne était toujours excellent. Depuis cette découverte, la maison de champagne a investi le fond de la mer Baltique, où elle étudie comment la pression, la température, la lumière du soleil et l’eau de mer affectent la qualité du champagne.
Trial and error
D’ailleurs, la veuve Clicquot ne s’est pas contentée de concevoir la bouteille, elle a aussi créé le design graphique de l’étiquette Veuve Clicquot dans les premières années d’existence de la maison de champagne. Et puis, il y a la fameuse table de remuage, une étagère percée de trous dans lesquels on fait tourner le champagne. Ce tournage a l’avantage de parfaitement purifier le champagne de tout sédiment. Aujourd’hui encore, la table est utilisée dans de nombreuses maisons de champagne. Selon la légende, madame Clicquot a conçu la table en 1816 en pratiquant elle-même des trous dans sa table de cuisine et en y faisant tourner les bouteilles de champagne. «Nous avons exactement la même méthode de travail», dit Constance Guisset en riant. «Trial and error, la clé d’un bon design. Pour moi, c’est la façon la plus naturelle d’atteindre un bon résultat. J’essaie, je modifie, je réfléchis et je modifie à nouveau. En tant que designer, il ne faut pas avoir peur de l’échec, il faut oser admettre ses erreurs.»
Qui était la veuve Clicquot
L’amour du design est le fil conducteur de la maison Veuve Clicquot depuis 250 ans. Il suffit de penser au loveseat rose bonbon conçu par le designer Karim Rashid ou aux emballages extraordinaires: de l’univers coloré de l’artiste Yayoi Kusama à l’emballage légendaire Arrow, en passant par la boîte isotherme et le miniréfrigérateur, en collaboration avec Smeg. Tout pour honorer l’amour du design qui animait madame Clicquot. Mais qui était réellement cette femme? Il n’existe qu’un seul portrait qui donne une idée de ce à quoi devait ressembler la veuve. «Le désavantage, c’est que ce portrait a été réalisé alors que madame Clicquot était déjà un peu plus âgée. Dans ses jeunes années, elle aurait été petite, mince et très dynamique.» Pour donner corps à cette jeune veuve Clicquot, trois jeunes artistes féminines se sont vu confier la tâche presque impossible de reproduire une veuve dans sa prime jeunesse. Inès Longevial a réalisé un portrait très intime et proche de la femme d’affaires, tandis que Rosie McGuinness a choisi de ne représenter que sa robe, une robe noire, comme il sied à une veuve de l’époque. Enfin, Cece Philips a opté pour une veuve Clicquot en plein travail. Une jeune femme à la table à dessin. Une jeune femme qui remplit des commandes pour son entreprise de champagne et fait des croquis des designs de ses rêves.
www.veuveclicquot.com
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