Charlotte Renard, créatrice des cosmétiques Bobone : “J’étais vraiment faite pour un boulot d’indépendante”

Charlotte Renard © Bobone

Dans cette rubrique, nous interrogeons un·e entrepreneur·se sur sa manière de concilier style (de vie) et carrière. Cette semaine, nous avons eu le plaisir de pénétrer dans l’antre de Charlotte Renard, créatrice de la marque de cosm’éthique Bobone. “J’étais vraiment faite pour un boulot d’indépendante.”

Elle a travaillé en institut comme esthéticienne, à Rome en tant que masseuse dans des centres médicaux, puis a été maquilleuse sur des tournages de cinéma avant d’ouvrir son propre salon en Ardenne. C’est plus précisément à Our – le village du chef étoilé Maxime Collard -, que Charlotte Renard se met à fabriquer ses propres produits. En 2016, elle lance Bobone, une marque qui sent les gaufres de nos grands-mères et rappelle que la cosmétique, c’est avant tout une affaire d’authenticité.

“Proposer une marque éthique, c’est garantir que tous les produits sont façonnés maison, dans le respect de l’environnement et avec des matières premières 100% naturelles : des épices bios, du sucre gourmand, de la cire d’abeille locale, du délicieux beurre de karité brut, de la coco qui sent bon la vraie coco et des huiles végétales exquises. De plus, nos recettes sont certifiées conformes aux normes européennes par deux laboratoires, et nos packagings sont zéro déchet”, explique Charlotte Renard qui a accepté de se plier au jeu de nos sept questions.

Crème Simone
Crème Simone© ID First

Comment conciliez-vous vie privée et vie professionnelle ?

Charlotte Renard : “Les horaires des enfants structurent ma vie professionnelle. Sans elles (Charlotte a deux petites filles avec son compagnon Samuel qui travaille aussi pour Bobone et elle accouchera de leur troisième enfant début février, NDLR), je crois que je n’aurais pas de limites. Je les conduis et vais les rechercher à l’école. Mes journées sont courtes mais intenses. De retour à la maison en fin d’après-midi, je m’oblige à ne pas travailler pour me consacrer à ma vie de famille. Mais il m’arrive de traiter mes e-mails quand les filles sont couchées. À l’approche des fêtes de fin d’année, nous avons énormément de boulot et le professionnel empiète donc sur le privé. D’une manière générale, c’est plus facile de déconnecter physiquement que mentalement. Parce que mon cerveau, lui, ne s’arrête jamais.”

Avec la généralisation et la multiplication du numérique, parvenez-vous à vous offrir des moments hors ligne ?

CR : “Le matin, je ne consulte mon téléphone qu’une fois arrivée à l’atelier. Depuis quelque temps, j’ai deux téléphones – un pour Bobone, un autre pour le privé -, ce qui me permet de tracer la frontière entre le professionnel et le privé, même s’il est difficile de scinder les deux sphères sur Messenger et Instagram. Je consacre plus ou moins deux heures par jour aux réseaux sociaux. D’un côté, j’adore sélectionner les photos et préparer les textes, et je ne voudrais pas que quelqu’un d’autre s’en occupe. Notre com’ fonctionne bien. Elle est artisanale et cohérente avec l’authenticité de Bobone. Les réseaux sont devenus incontournables et j’aimerais me professionnaliser dans ce domaine. Le revers de la médaille, c’est qu’ils sont très prenants, voire lassants.”

Les horaires des enfants structurent ma vie professionnelle

Quel sommet professionnel souhaiteriez-vous atteindre ?

CR : “C’est une question difficile. Mon ambition, c’était de lancer un projet qui me rende heureuse et soit compatible avec ma vie privée. Aujourd’hui, je pense avoir atteint cet équilibre entre vie familiale, vie sociale et vie professionnelle auquel je tiens plus que tout. De plus, je peux m’octroyer un salaire, ce qui n’est pas toujours évident.

La prochaine étape, ce serait évidemment de grandir, mais de bien grandir, conformément à nos valeurs, et ça, c’est un travail de tous les jours. La sélection des points de vente est par exemple très importante. Bobone pourrait être une entreprise quatre fois plus grosse aujourd’hui, mais nous ne voulons rien céder sur le terrain des valeurs.

Le sommet des sommets, ce serait d’acheter un beau bâtiment qui a du cachet et qu’on aménagerait en magasin-atelier. On y réfléchit, ça viendra ou ça ne viendra pas, on verra. Mais un atelier ouvert au public, ce serait le rêve.”

Comment vous habillez-vous pour travailler ?

CR : “Je suis enceinte et je privilégie donc plus que jamais les tenues confortables. Cela dit, je passe la plupart du temps à l’atelier. Je m’habille en jeans, tee-shirt ou pull et baskets pour porter des caisses et préparer les commandes. En dehors de l’atelier, j’opte pour une allure simple, sans fioritures, à l’image de nos produits. Je n’ai pas envie d’arriver chez nos partenaires en tailleur-talons aiguilles avec ma petite mallette.”

Un atelier ouvert au public, ce serait le rêve

Quel est le plus grand luxe à vos yeux ?

CR : “La liberté d’organiser mes journées comme je veux, de n’avoir personne au-dessus de moi qui me dit comment faire les choses. Le statut d’indépendant offre une grande autonomie et ça, c’est top. Mais il ne convient pas à tout le monde. C’est aussi une question de caractère et de personnalité. J’étais vraiment faite pour un boulot d’indépendante.”

Comment retirez-vous de la satisfaction de votre travail ?

CR : “Tout d’abord, la recherche des ingrédients de nos produits me passionne. Ensuite, je suis à la fois satisfaite et fière de respecter les artisans qui nous fournissent ces matières premières et les clients qui nous font confiance. Enfin, je me réjouis de la cohérence entre ce que nous faisons et ce que nous racontons sur le site ou les réseaux sociaux.”

Quelle est la meilleure leçon que vous a enseignée votre carrière ?

CR : “J’en citerai deux. Premièrement, le projet Bobone a commencé à l’arrache. Je n’ai pas trop réfléchi, je n’avais pas de plan financier. À refaire, je structurerais un peu plus les choses dès le départ, plutôt que de le faire au fur et à mesure. Ça permet de gagner du temps et de l’énergie, et d’éviter de faire des erreurs. Aujourd’hui, on s’inscrit dans une démarche plus à long terme, on se prépare davantage à ce qui peut se produire et on essaie d’avoir toujours un ou plusieurs coups d’avance. Par ailleurs, je me rends compte que j’ai divulgué trop d’informations. J’aurais dû me montrer plus prudente.”

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