Bienvenue au Jardin d’Eden: Jay Sifford nous invite en Caroline du Nord
Jay Sifford, écrivain et paysagiste, nous accueille dans son merveilleux jardin en Caroline du Nord, où rhododendrons et chiens forment la toile de fond d’une vie en pleine nature.
Jay Sifford a baptisé son domaine dans les Appalaches Rhodwood, d’après les rhododendrons géants, certains atteignant près de 10 mètres de haut, qui peuplent l’immense jardin. « Les rhododendrons font partie intégrante de ce domaine. Ils étaient là avant moi, et ce sont eux qui m’ont fait succomber à cette maison avec terrain attenant. J’ai tout de suite su que je voulais y créer une sorte de paradis terrestre, un jardin qui s’intègre dans son environnement, dans le respect de la nature. Cette maison se trouve dans une zone rurale ; en l’absence d’un raccordement à l’eau et au réseau d’égouts, la construction d’un puits et d’une fosse septique ont représenté une partie importante du projet. Tout le jardin avant est ma ‘zone septique’… C’est sûrement la plus belle fosse septique que vous ayez jamais vue (rires). Le jardin avant devait être une sorte de champ stylisé, avec des conifères et des arbres à feuilles persistantes. Un peu comme la lisière d’une forêt, avec des arbustes et des mottes d’herbe d’un vert éclatant, bordée d’arbres. On crée un jardin au feeling, en fonction de l’énergie : il faut que l’on s’y sente bien mentalement, sinon on ne viendra pas y passer du temps.
Pour moi, le respect de la nature est essentiel. C’est une région montagneuse composée principalement de bois et de forêts. Un jardin très minimaliste n’y aurait donc pas eu sa place. D’un autre côté, de vastes étendues de terrains environnants ont été défrichées pour l’agriculture : j’ai également joué avec cette esthétique. Le jardin est ainsi devenu un endroit magique et immersif, où je peux à la fois complètement m’évader et complètement me retrouver. Ici, je deviens une meilleure version de moi-même au contact de la terre, parfois au bout de quelques minutes, parfois au bout de quelques heures. J’ai aménagé l’ensemble du jardin pendant le Covid. Pour moi, c’était à la fois une sorte de refuge et un moyen de me changer les idées. Rhodwood a beaucoup contribué à ma santé mentale. Le jardin m’a vraiment sauvé.
Le bâtiment est également particulier, dans le style ‘dogtrot’, qui trouve son origine dans la Scandinavie d’il y a plusieurs centaines d’années. Venu des États-Unis, ce style architectural y est devenu très populaire. La maison se compose de deux parties : l’une abrite le salon, la salle à manger et la cuisine, l’autre comprend deux chambres. Toutes deux sont reliées par un passage couvert qui est en contact direct avec l’environnement. C’est ce qui fait toute la spécificité de la maison, et la raison pour laquelle j’ai déménagé ici : je voulais être plus proche de la nature en toute saison, tant lors d’une chaude journée d’été que pendant une nuit d’hiver glaciale.
Le bâtiment est revêtu de cèdre coloré, le plancher est en bois tigré brésilien. Le choix de la couleur noire pour la façade repose sur plusieurs raisons. Le noir est la couleur de contraste parfaite pour mon jardin, et de nombreuses granges de cette région étaient autrefois peintes en noir. Il s’agissait de granges à tabac destinées au séchage du tabac ; le noir absorbait la chaleur et permettait au tabac de sécher plus rapidement. J’ai trouvé cet élément historique si particulier que j’ai voulu l’incorporer. Parce que le jardin mérite d’être au centre de l’attention, j’ai opté pour de grandes fenêtres pouvant être entièrement ouvertes : il faut pouvoir admirer la beauté de la nature à chaque instant.
Je ne suis pas architecte d’intérieur, mais j’aime de nombreux types de design. Je pense que c’est l’intérieur qui vient à vous et non l’inverse. J’ai acheté tous les meubles de cette maison pendant les neuf mois qu’ont duré les travaux de rénovation. Ce que je ne voulais pas, c’était un chalet de montagne typique. Je voulais un intérieur contemporain mais sans prétention, avec les couleurs du jardin comme point central. La cuisine est très importante pour moi. J’adore cuisiner et organiser des dîners. J’ai dépensé presque sans compter pour le plan de travail et le four en quartz.
Les murs de la chambre sont peints en bleu-gris : je voulais me coucher en ayant l’impression de flotter dans une nappe brumeuse, entouré d’arbres. En fait, toute la maison est conçue en fonction du jardin, et elle change de couleur en même temps que lui. Très claire en été, davantage en mode veille en hiver.
Je suis ici le plus souvent possible : trois à quatre jours par semaine. Les autres jours, je suis à Charlotte où se trouve mon bureau, à une heure et demie de route d’ici. Ici, je suis chez moi et je profite pleinement de la vie. Je me lève, je sors les chiens et je me prépare un copieux petit-déjeuner avec des œufs, des pancakes, du pain perdu et du cream cheese. À Charlotte, j’avale rapidement un yaourt au petit-déjeuner ; ici, je prends mon temps et je bois toujours mon premier café de la journée dans le jardin, avec les chiens. C’est le paradis sur terre. »
par Sabine Bungert et Tina Schneider-Rading images LivingInside
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