Olivier Mouton

Pensions illégales et déni politique : le crash démocratique

Olivier Mouton Chef news

Les pensions illégales octroyées à d’anciens présidents de la Chambre et hauts fonctionnaires sont du pain béni pour les extrêmes. Tout comme le départ anticipé du président de la CSC, avec indemnités. Mais comment est-ce possible !?

Pendant des années, deux présidents honoraires de la Chambre, Herman De Croo (Open VLD, père du Premier ministre) et Siegfried Bracke (N-VA) ont bénéficié d’une pension « extraordinaire », dans tous les sens du terme. En plus de leurs émoluments déjà substantiels, ils recevaient une prime substantielle équivalent, au fil des ans, à « plusieurs centaines de milliers d’euros, a minima ». Dans le secret apparemment le plus complet.  En soit, l’information est déjà choquante en cette période compliquée pour le pouvoir d’achat de tous les Belges.

Ce système fut également de mise pour plusieurs « hauts fonctionnaires ». Dans le secret le plus complet. Pourtant, la méthode de paiement avait été jugé illégalle par le Bureau de l’assemblée, ne fut-ce qu’en vertu d’une loi qui plafonne la fonction des fonctionnaires.  Et personne n’a rien dit. Du moins, presque personne…

« PTB 5- démocrates 0 »

Au sein des partis, tout le monde tombe des nues. Vraiment ? Le PTB Raoul Hedebouw a eu le jeu facile de rappeler que son parti avait demandé… l’annulation dudit système en commission parlementaire et que les partis de la majorité avaient refusé comme un seul homme. C’est ce qui s’appelle un but marqué facilement, d’autant plus facilement que le gardien de but est d’une nullité sans nom.

Interrogée jeudi après-midi par l’émission Ville Politica, sur la VRT, la présidente de la Chambre, Eliane Tillieux (PS), s’exprime dans un néerlandais approximatif et « clarifie » la situation : il y avait une ligne budgétaire prévue pour les présidents honoraires, mais pas pour les hauts fonctionnaires. Bon, d’accord, et alors? Pourquoi cela n’a-t-il pas été supprimé quand alerte il y a eu ? « Zo is het… » C’est comme ça.

Voilà bien ce qui s’appelle une défense calamiteuse, bien des commentateurs jugeant cela indigne de l’un des plus hauts personnages de l’Etat. Analyse du chroniqueur Alain Gerlache : « PTB 5 – Reste de la chambre 0“.

Des signaux catastrophiques

Cette sombre histoire, indéfendable, tombe alors que, dans la même semaine, un président de syndicat, Marc Leemans (CSC), annonce qu’il se retirera avant-terme, à 62 ans. Délibérément, mais il sera bel et bien licencié afin qu’il bénéficie d’indemnités là aussi substantielles. « De la fraude sociale », dénoncent N-VA et libéraux, indignés.

De la fraude ? Le système légal permet de telles pratiques, mais pour des salariés qui perdraient « involontairement » leur travail » avant la fin de carrière. Une manière de prévoir un matelas pour les seniors après la fin des prépensions. En tout état de cause, un dirigeant syndical s’octroie un privilège qui n’est pas prévu à cette fin, ce qui n’est tout de même pas loin de la fraude… Et si ce n’est illégal, c’est au moins un signal incroyablement maladroit de la part d’un partenaire social.

Tous ces acteurs envoient des signaux lamentables, qui plus est à un moment où le débat sur la réforme des pensions est sensible. De quoi parle-t-on ? De la nécessité de faire travailler les gens plus longtemps et de faire ne sorte que le système soit soit soutenable. Là aussi, la réforme préparée par la ministre PS Karine Lalieux est loin d’être à la hauteur des besoins : bien des économistes s’accordent pour le dire.

Des élections cruciales sont annoncées dans un an, les réformes patinent et voilà nos élus et nos représentants démocratiques qui donnent eux-mêmes le bâton pour se faire battre !

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