Amid Faljaoui

Il faut taxer les riches? Non, c’est un impôt imbécile!

Je vous propose un débat, pour ce week-end, en famille ou avec vos amis, et en plus, je vous garantis qu’il sera animé. Ce débat porte sur la « chasse aux riches » qui fascine tant une partie des politiques aujourd’hui.

On l’a vu en Belgique, avec un homme politique qui arbore une veste, avec comme slogan « tax the rich » sur le dos de cette veste. Le slogan n’est d’ailleurs pas original, il l’a piqué à un défilé de mannequins à Paris en 2018. Et puis, vous avez maintenant nos voisins français, qui voudraient proposer de financer la transition écologique en taxant un peu plus les 10% des ménages les plus riches pendant 30 ans.

Je cite la France, car nos politiques wallons ont la fâcheuse tendance de s’inspirer de ce qui passe dans l’Hexagone. Chez nous, la taxation des riches est censée financer la baisse de la fiscalité du travail et en France, c’est pour financer la transition écologique. C’est là où le débat va démarrer : je me lance quitte à recevoir une volée de bois vert.

D’abord, j’ai envie de rappeler que les riches ne sont pas des parasites et que dans l’immense partie de cette planète, ils ne sont pas critiqués, mais au contraire enviés dans le bon sens. En France, par exemple, certains ont fustigé le fait que Bernard Arnault était devenu l’homme le plus riche du monde, une « honte » selon Mélanchon. Oui, sauf qu’en Allemagne, il y a plus de milliardaires qu’en France, et le taux de chômage est nettement plus faible. Cherchez l’erreur.

Ensuite, instaurer une sorte d’impôt sur la fortune pour financer la  nécessaire transition écologique, c’est mettre en place un impôt imbécile surtout s’il s’étale sur 10, 20 ou 30 ans, comme vient de le proposer un économiste pourtant proche d’Emmanuel Macron. Pourquoi cet impôt est-il qualifié d’imbécile ? Mais parce qu’il va inciter à l’exil fiscal les personnes les plus productives et les plus douées, parce qu’il va écorner l’image de la Belgique auprès des investisseurs étrangers. Je rappelle que nous venons de dégringoler dans le classement des pays attractifs et notamment la Wallonie.

Et puis, ensuite, parce qu’il va, décourage les investissements productifs. Je rappelle qu’une entreprise wallonne a décidé,  pas plus tard qu’il y a quelques jours, d’installer une usine dans le nord de la France alors que l’investissement porte sur 500 millions d’euros. Je rappelle aussi que ce sont les riches, comme certains disent, qui sont susceptibles de rénover le parc de logements et les infrastructures en Belgique, et pas l’État ni les Régions, sans même parler de la réindustrialisation de notre pays.

Quand Macron et puis notre Premier ministre Alexandre De Croo demandent une pause sur les textes législatifs environnementaux, leurs détracteurs pensent qu’ils se fichent du réchauffement climatique, alors qu’en réalité, ils disent juste que l’Europe a les normes les plus contraignantes au monde en matière environnementale et qu’elles ne sont pas encore totalement appliquées. Donc, appliquons-les et on verra par la suite. Car comment attirer des industries, certes moins polluantes que par le passé, et puis en même temps pondre des kilomètres de textes coercitifs qui empêchent d’investir en Belgique ou en France. C’est de la schizophrénie totale.

Le problème des Français et des Belges, surtout au sud du pays, c’est qu’il y a un réflexe pavlovien, dès qu’il y a un problème, on parle de taxe. C’est comme un artisan qui n’aurait qu’un marteau comme outil, il voit tous les problèmes comme des clous qui dépassent. La solution, c’est quoi alors ? C’est d’augmenter le taux d’emploi dans notre pays, plus de gens au travail, c’est plus d’impôts, plus de cotisations, et plus de financement pour le verdissement de notre économie.

Et qui dit augmenter notre taux d’emploi, dit aussi augmenter la compétence de nos enfants. La majeure partie des chômeurs ne sont pas suffisamment diplômés ou qualifiés. L’avenir de notre économie, on ne le répétera jamais assez, c’est l’école. Et donc aussi la revalorisation du métier d’enseignant. Aujourd’hui, nos jeunes regardent TikTok et se disent qu’il est plus rentable de devenir influenceur qu’enseignant ou chef d’entreprise. C’est cela le vrai problème ! Mais c’est vrai taper sur les riches permet de ne pas parler des vrais problèmes. Comme me le disait un ami homme d’affaires : un pays est admirable lorsqu’il est envié et que les gens ont envie d’y vivre, et pas lorsque les plus doués d’entre eux décident de s’exiler comme en France et en Belgique. Et pourtant, ces deux pays sont merveilleux.

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