Amid Faljaoui

Comment ChatGPT va nous permettre de passer à la semaine des 4 jours 

Dans la vie, il faut avoir un peu de bol. Il faut avouer que cela aide quand même quelque peu. Donc, en cette semaine qui suit le lundi de Pâques, j’ai une bonne nouvelle à partager avec vous.

D’autant qu’elle nous change du pessimisme ambiant. Mais d’abord, je voudrais rappeler aux quelques distraits qui me font l’honneur de lire cet édito que Pâques, ce n’est pas seulement un jour férié : il a aussi une signification forte pour les chrétiens. Pâques fait référence à la résurrection du Christ après sa crucifixion à Jérusalem. Et c’est là où le lien avec l’intelligence artificielle m’a sauté aux yeux cette semaine vers 06H00 du matin (autre miracle en soi).

Lisez autour de vous quelques articles sur ChatGPT et l’intelligence artificielle. Qu’est-ce que revient le plus à la UNE des médias ? Oui, c’est la destruction des emplois de la classe moyenne. Et lorsqu’en plus des entrepreneurs, des chercheurs de la Silicon Valley tirent la sonnette d’alarme avec Elon Musk pour nous dire que l’intelligence artificielle est tellement dangereuse qu’elle mérite qu’on fasse une pause de 6 mois pour évaluer ses dangers et voir comment la réglementer, vous vous dites que la messe est dite. Encore une allusion à Pâques, décidément !  

Mais en fait, le lien avec Pâques et le christianisme est évident. Les signataires de cette tribune « anti-intelligence artificielle » sont comme les quatre cavaliers de l’Apocalypse comme le signalent mes confrères des Echos français. Dans le Nouveau Testament, ces 4 cavaliers sont l’épidémie, la famine, la guerre et la conquête. Aujourd’hui, ces 4 calamités sont remplacées par la fausse information, la disparition de l’emploi, le grand remplacement de l’homme par la machine et il ne faudrait pas l’oublier quand même, l’extinction de notre civilisation si chère aux Ecolos.

Vous voyez les temps changent, le visage des cavaliers également, mais les « promesses de fin du monde » sont toujours aussi déprimantes. Faute de place, je n’ai hélas pas le temps de tout développer, mais la peur de perdre son emploi (l’une des calamités) n’est vraiment pas nouvelle. Après tout, la reine d’Angleterre Elisabeth 1er avait même interdit la première machine à tricoter les bas, car elle avait peur que ses sujets se retrouvent sans emploi. De même, l’invention du téléphone n’a pu être imposé en Arabie Saoudite. Le Roi de l’époque, Ibn Séoud, avait fait psalmodier le Coran à travers le téléphone pour démontrer à ses compatriotes de l’époque – surtout aux autorités religieuses – que ce n’était pas une invention du Diable, sans quoi les paroles de Dieu auraient été inaudibles.

Mais ça, si vous voulez, c’est pour la partie crucifixion du Christ, autrement dit, la mauvaise presse donnée à l’intelligence artificielle, la partie qui fait peur. La peur est légitime, car n’oubliez pas que la banque américaine Goldman Sachs vient de prédire la perte de 300 millions d’emplois à cause de l’IA.

Mais revenons-en à la partie résurrection du lundi de Pâques. Elle vient de la prestigieuse London School of Economics, et plus précisément d’un ancien prix Nobel d’économie, spécialisé dans les travaux sur l’économie de l’emploi. Que dit ce prix Nobel en substance ?  Je le cite : « Je suis très optimiste sur la question de l’amélioration de la productivité (…). Nous pourrions améliorer notre bien-être et nous consacrer davantage aux loisirs. Et donc, nous pourrions facilement passer à la semaine de quatre jours ». Et donc, oui, plutôt que de titrer sur la perte des emplois induits par l’usage massif de l’IA, il faudrait plutôt titrer que « ChatGPT va nous permettre de passer à la semaine des 4 jours ». Autrement dit, et ça c’est mon côté facétieux, le rêve de Mélenchon en France et du PTB en Belgique ne viendra pas des grèves à répétition, mais d’une innovation de la Silicon Valley.

Bref, ce sera un présent du Diable. Mais je suis sûr que ces hommes politiques ont lu Shakespeare et savent donc qu’il est possible de diner avec le diable, mais à condition d’avoir une longue cuillère !  Pour les mécréants qui lisent cette chronique impie, cette phrase signifie simplement qu’il convient de maintenir une certaine distance avec le diable lorsqu’on le fréquente. Allez tout n’est pas perdu et surtout lisez notre dossier de couverture consacré à ce sujet passionnant.   

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content