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ChatGPT, plus important que la réforme fiscale et la réforme des pensions ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Près de la moitié des traders interrogés par la banque américaine JP Morgan début 2023 estiment que l’intelligence artificielle aura un impact plus fort sur les marchés dans les 3 prochaines années, c’est demain donc !

Je dinais hier soir avec un ami à Bruxelles qui occupe des fonctions importantes dans le monde de la finance. A un moment donné, il m’a parlé de ChatGPT, vous savez, ce robot conversationnel qui est sur toutes les lèvres. Il s’interrogeait sur son impact sur le monde de l’éducation et en particulier à l’université.

Comment vont réagir les professeurs face à cette intelligence artificielle qui permet à leurs élèves de rédiger des mémoires de grande qualité et en quelques secondes, et surtout, quel sera l’impact de cette intelligence artificielle sur le boulot  même des professeurs ? Même les traders en Bourse se posent aujourd’hui la question : ne risquent-ils pas de connaitre d’ici deux ou trois ans maximum le même sort que les ouvriers du siècle dernier ? Près de la moitié des traders interrogés par la banque américaine JP Morgan début 2023 estiment que l’intelligence artificielle aura un impact plus fort sur les marchés dans les 3 prochaines années, c’est demain donc !

Le docteur Laurent Alexandre, français d’origine, mais vivant à Bruxelles vient de signer une tribune conjointe avec son compatriote Olivier Babeau dans Le Figaro. Le titre de leur article est clair : ChatGPT est pour eux plus important que la réforme des retraites. Les Belges pourraient dire exactement la même chose, ChatGPT ou plutôt l’intelligence artificielle, est un thème infiniment plus important que la réforme fiscale ou la réforme des pensions.

Deux réformes qui, soit dit en passant, ne sont toujours pas passées en Belgique, faute d’accord au sein d’un gouvernement hétéroclite dont la qualité principale consiste à ne pas décider, à contourner l’obstacle. Pourtant, cette intelligence artificielle va avoir un impact énorme sur nos sociétés. Comme l’écrivent Laurent Alexandre et Olivier Babeau, comment se fait-il que nos gouvernements ne mettent pas en place une « war room », autrement dit, une cellule de crise, non pas pour freiner l’inéluctable, mais pour voir comment saisir les opportunités de l’intelligence artificielle. Le problème, avec les politiques, c’est qu’ils ne mesurent pas la vitesse avec laquelle cette intelligence artificielle va tout chambouler, nos emplois et donc la structure de notre sécurité sociale également.

Je vous donne un exemple de cette vitesse d’adoption : lorsque ChatGPT a été mise à disposition du public le 30 novembre dernier, l’application a conquis un million d’utilisateurs en 5 jours à peine, et deux mois plus tard, 100 millions d’utilisateurs posaient des questions à ChatGPT.

A nouveau, pour vous donner une idée de la vitesse d’adoption de cette nouvelle coqueluche du web, je rappelle que Google Translate a mis 78 mois pour conquérir 100 millions d’utilisateurs, Uber a mis 70 mois, Spotify 55 mois, Instagram a mis 30 mois pour séduire 100 millions d’utilisateurs, même la très virale application TikTok a mis 9 mois avant d’atteindre 100 millions d’usagers.

Et encore, là je vous parle du monde numérique, si je remonte en arrière, il a fallu attendre 68 ans pour que l’avion atteigne les 50 millions de passagers. Quant à la voiture, elle a mis 50 ans avant de séduire 50 millions de conducteurs. Vous le voyez, l’accélération du monde est fulgurante. On est passé de 68 ans à 2 mois pour toucher plus de 50 millions d’usagers ou consommateurs. Ce monde bouge vite donc. Quand vous pensez que la maison-mère de ChatGPT n’a mis qu’un milliard de dollars – c’est-à-dire rien – pour ébranler un géant comme Google, vous vous dites qu’en ce bas monde, il n’y a aucune citadelle imprenable.

D’ailleurs, la Bourse l’a compris. Aujourd’hui, dès qu’une entreprise dit qu’elle est active dans l’intelligence artificielle générative, personne ne sait ce que ça signifie, mais ça fait bien. Et hop, le cours de bourse de la société en question grimpe au ciel. Je crois que le docteur Laurent Alexandre et Olivier Babeau ont raison de dire à nos politiques qu’ils doivent moins parler des pensions et plus s’occuper des nouvelles technologies.

Comme ils l’écrivent joliment « la bande passante de l’attention médiatique » ne se focalise pas sur les vrais sujets. Pour la simple raison que si l’intelligence artificielle n’est pas accompagnée, il n’y aura peut-être pas de pension à verser aux citoyens ! Bon, je sais, ce n’est pas le sujet type pour la Saint-Valentin, mais je fais ce que je peux…

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