Obligations d’entreprises : de plus en plus risquées avertit S&P

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L’agence de notation financière souligne que la multiplication des opérations de fusion et acquisition ainsi que le recours accru à l’endettement ont sensiblement détérioré la solvabilité des entreprises. Un appel à la prudence face à l’apparition d’obligations de plus en plus longues et à la sensibilité accrue des bénéfices des entreprises.

Des émetteurs de plus en plus spéculatifs

En 1980, 32 entreprises américaines jouissaient de la note suprême AAA, synonyme de fiabilité à toute épreuve pour les investisseurs en obligations. En 2005, elles n’étaient plus que 6 et depuis qu’Exxon Mobil a quitté le cercle restreint fin avril, elles ne sont plus que deux aux États-Unis : Microsoft et Johnson & Johnson. S&P explique que la majorité des entreprises ont perdu leur note suprême par choix financier : consécutif à une opération de fusion/acquisition ou la “révolution actionnariale” incluant des rachats d’actions à crédit. Des choix stratégiques qui concernent l’ensemble des entreprises (cotées), y compris en Europe. S&P souligne ainsi qu’en 1980 deux tiers des émetteurs d’obligations d’entreprises US avec une note “investment grade” (au moins BBB) mais depuis le rapport a complétement changé avec davantage d’émetteurs spéculatifs.

Un siècle d’incertitudes

Cette étude rappelle aux investisseurs que la solvabilité d’une entreprise évolue et parfois drastiquement. Sears, autrefois noté AAA, est ainsi au bord de la faillite. Eastman Kodak affiche une note à peine plus fiable de B-. L’investisseur a donc tout intérêt à éviter les très longues échéances à l’image des obligations à 100 ans émises par Engie ou Petrobras. La même précaution tend à valoir pour les obligations souveraines, le Mexique, la Belgique ou l’Irlande s’étant également engouffrés dans la brèche des obligations d’un siècle. Donald Trump, favori du camp républicain pour la présidentielle américaine, a notamment explicitement évoqué la possibilité de renégocier la dette publique des États-Unis. Sans oublier évidemment les défauts de l’Argentine ou de la Grèce notamment.

Un impact sur les bénéfices et les actions

La détérioration de la solvabilité des entreprises américaines ne doit pas seulement inquiéter les investisseurs en obligations mais également les actionnaires. La baisse des taux a en effet ramené le coût des dettes pour les entreprises de l’indice S&P 500 américain à 3,7% de leur chiffre d’affaires pour les 12 derniers mois, moitié moins qu’en 2010. Les taux des obligations d’émetteurs “spéculatifs” (note inférieur à BBB) évoluent toutefois rapidement à la moindre tension sur les marchés. Pour une société notée B, le taux moyen a ainsi dépassé les 10% en début d’année, le double des planchers d’il y a à peine 2 ans.

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