N’embarquez pas dans l’aviation (européenne)

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Warren Buffett a marqué le coup en se positionnant dans les 4 principales compagnies aériennes américaines via sa holding Berkshire Hathaway. Réfléchissez-y toutefois à deux fois avant de songer à imiter l’oracle d’Omaha.

Ce n’est pas la première fois que Warren Buffett investit dans les compagnies aériennes, ayant déjà misé 359 millions de dollars dans US Airways en 1989. Quelques mois plus tard, l’oracle d’Omaha regrettait déjà son investissement, évoquant une erreur dans chacune de ses lettres annuelles aux actionnaires de 1989 à 1996. À propos du secteur des compagnies aériennes, il n’hésitait pas à évoquer “un piège mortel pour les investisseurs” ou “des positionnements prix kamikazes”. En 1995, Berkshire Hathaway a déprécié la valeur de son investissement de 75% avant de réaliser (miraculeusement) un gain grâce à la bulle boursière de la fin du 20e siècle.

Warren Buffet change d’avis ou pas…

L’annonce que Berkshire Hathaway a investi plus de 1,2 milliard de dollars dans les 4 principales compagnies aériennes américaines est donc extrêmement surprenante. Comme de coutume, Warren Buffett n’a pas expliqué ses choix, ni précisait si cet investissement émane de lui ou de l’un de ses associés gérant des portefeuilles de plus en plus conséquents au sein du conglomérat. Les analystes soulignent toutefois que la stratégie des grandes compagnies américaines n’est plus axée autour du gain de parts de marché mais bien de génération de valeur pour l’actionnaire. Par ailleurs, les quatre principales (American, Southwest, Delta, United) cadenassent désormais 69% du marché aux États-Unis, réduisant de facto la concurrence.

Déjà trop tard pour les compagnies américaines ?

Reste qu’il peut-être déjà trop tard pour imiter Warren Buffett. Selon les chiffres disponibles à la fin septembre, Berkshire Hathaway a investi 797 millions de dollars dans American Airlines qui a bondi de 21% depuis début octobre. Le titre demeure certes bon marché à 5 fois les bénéfices des 12 derniers mois selon Bloomberg mais le secteur est traditionnellement décoté en raison des importants risques pesant sur ses résultats (facture de carburant, conjoncture, surcapacité…). D’autant plus qu’American Airlines assume des dettes importantes, le management utilisant les bons résultats des dernières années pour financer d’importants plans de rachat d’actions propres et profitant des faibles taux pour financer ses achats d’avions à crédit.

Secteur très risqué en Europe

Chris Bryant, éditorialiste pour Bloomberg, souligne par ailleurs que porter son intérêt sur des compagnies européennes serait encore plus risqué. Les 5 premières compagnies aériennes (Lufthansa, Air France – KLM, IAG, Ryanair, EasyJet) ne possède qu’une part de marché cumulée de 47% et se livrent une concurrence féroce, surtout de la part des deux spécialistes du low cost qui accroissent rapidement leur flotte. Ryanair a ainsi évoqué des baisses de tarifs allant jusqu’à 15% pour le semestre en cours.

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