Pierre Huylenbroeck

Le lotto, l’impôt sur la misère amère

Pierre Huylenbroeck Journaliste

Pierre Huylenbroeck, ex-rédacteur en chef du Tijd, se fâche sur le gouvernement, qui promeut le lotto et boycotte la bourse.

Chaque mois, la version néerlandophone de MoneyTalk donne la parole à une personne importante de la sphère financière. Aujourd’hui: Pierre Huylenbroeck, éditeur de Mister Market Magazine, administrateur de la Vlaamse Federatie van Belegggers (Fédération Flamande des Investisseurs) et ex-rédacteur en chef de De Tijd.

Un gros titre, récemment dans De Tijd: ‘Le gouvernement désire faire jouer plus de personnes au Lotto.’ La ministre de tutelle Sophie Wilmès promet même ‘d’agir contre la diminution du chiffre d’affaires du Lotto’. Attendez-vous à plus spots publicitaires financés par vous-même. Et à encore plus de slogans comme ‘Vivez votre rêve’ ou ‘Abonnez-vous à la chance !’ ou ‘Devenez scandaleusement riche !’

Il fait tout son possible pour refuser au citoyen l’accès à la bourse. Il nous attire, au moyen de friandises fiscales, vers des comptes d’épargne qui nous appauvrissent. Et dans l’espoir d’alimenter son budget de quelques millions supplémentaires, il nous incite avec des slogans trompeurs à dépenser plus d’argent pour ses billets à gratter et ses formulaires de lotto. Pourquoi? Oui, pour cela: une campagne de dénigrement contre la bourse est électoralement favorable, nos dirigeants politiques démotivent donc ceux qui désirent épargner efficacement. L’incitation aux jeux de hasard ne coûte de toute évidence pas de voix, sinon certaines personnalités obnubilées par leur réélections ne le feraient pas.

Qu’est-ce que ce gouvernement est en réalité en train de faire? Le plus de destruction de richesse possible?”

Cette politique est honteuse et répréhensible. Car qui achète ces billets à gratter et dépense pour cela des centaines d’euros par an? Le petit investisseur? L’intellectuel aisé? Aucun des deux. Voltaire aurait dit un jour: ‘La loterie est un impôt sur la bêtise.’

Ce sont en effet les personnes désespérées, seules, plus pauvres, … qui jouent au lotto. Les personnes qui espèrent fermement l’aubaine qui pourra changer leur vie et qui désirent pour cela payer cent fois par an un petit montant. La chance qu’elles ont de gagner le gros lot est de 0,0000123%. La chance qu’elles ont de gagner quelque chose, ne fût-ce que presque rien, est de 3,9%. Et si elles gagnent malgré tout le gros lot, commence alors pour la plupart d’entre elles un long chemin de croix, parsemé de vautours, de jalousie et au final un sentiment amer de vide incommensurable.

Le lotto, l’impôt sur la misère amère, enrichit très peu de citoyens et en rend encore moins heureux. La bourse, par contre, est une source d’espoir, d’implication et de prospérité. L’un est promu, l’autre est boycottée, et ce par nos propres dirigeants.

PIERRE HUYLENBROECK

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