La Deutsche Bank tente désespérément de rassurer

John Cryan, CEO de Deutsche Bank © Belga

Après la chute de près de 10% de son action ce lundi, la principale banque allemande a lancé une opération de reconquête de la confiance : communiqué de presse à destination de ses créanciers, lettre du CEO aux employés, déclaration du Ministre des Finances allemand. Une communication qui sonne creux alors que John Cryan confiait récemment qu’il préférerait diriger une autre banque.

Un message qui n’atteint pas les marchés

La Deutsche Bank est “solide comme le roc”, dispose d’une “capacité de paiement” suffisante et n’est pas sujet à inquiétude. Tels étaient les principaux éléments des messages destinés à rassurer sur la première banque allemande dont le CDS (protection contre le défaut de paiement) a quasiment triplé depuis la fin octobre pour atteindre un niveau de 236 points de base, plus haut qu’en 2008-2009. En Bourse, la Deutsche Bank perd ainsi à nouveau des plumes ce mardi, portant sa chute depuis le début de l’année à plus de 40%.

Une perte annuelle record

Ces inquiétudes sont le résultat d’un piètre rapport annuel, sa perte nette a culminé à 6,8 milliards sur fond de dépréciations, de coût des litiges et de frais de restructuration. Et ce n’est probablement pas fini, les analystes de Citi prévoyant de nouveau que le coût des litiges atteindra 3,6 milliards cette année alors que la banque allemande était partie prenante d’à peu près tous les scandales (taux interbancaires, changes, transactions avec l’Iran, etc.). Cela tombe au mauvais moment, le groupe devant se conformer aux nouvelles réglementations bancaires exigeant des ratios de solvabilité plus élevés. À ce niveau, la Deutsche Bank affiche un ratio de solvabilité de base de 11%, un des plus faibles parmi les grandes banques occidentales malgré une vaste augmentation de capital de 8,5 milliards en 2014. John Cryan, CEO de Deutsche Bank, a même laissé échapper en début d’année qu’il préférerait diriger la banque américiane Wells Fargo…

Un secteur malmené par les banques centrales

La Deutsche Bank est par ailleurs également le symbole d’un secteur qui va moins bien qu’il n’y paraissait. En Italie, les banques se débattent ainsi avec d’importantes créances douteuses. Aux États-Unis, les bénéfices du secteur ont stagné au 4e trimestre 2015 alors que les analystes tablaient encore sur une croissance de 8% en début d’année. En Europe, Deutsche Bank et Credit Suisse ont d’ores et déjà bouclé l’année 2015 dans le rouge alors que de nombreux établissements doivent encore dévoiler leurs chiffres. Des deux côtés de l’Atlantique, la principale inquiétude a trait à l’évolution des taux. Les marchés spéculaient sur un redressement progressif, dans le sillage de la politique de la Fed, mais le ralentissement économique mondial remet cette perspective en doute et les taux à long terme se rapprochent de leurs plus bas alors que la BCE s’apprête à prendre de nouvelles mesures. Ces taux à long terme sont pourtant déterminants pour la principale source de revenus des banques : la marge nette d’intérêts, soit la différence entre le coût des financements essentiellement à court terme et le prix des crédits octroyés surtout à long terme. En Europe, les valeurs bancaires ont ainsi perdu plus d’un quart de leur valeur depuis le début de l’année.

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