Investissements: la sécurité est un enjeu de tous les jours

Les fondamentaux qui soutiennent les perspectives des fonds exposés sur la sécurité restent solides, et la correction intervenue depuis le début 2022 devrait prochainement offrir une opportunité d’achat.
Le segment des fonds spécifiquement exposés sur le secteur de la sécurité se résume à une poignée de produits. Trois d’entre eux, avec les historiques les plus longs, ont pris le parti d’aborder cette thématique au sens large, avec une couverture sectorielle étendue. Allianz Global Investors propose pour sa part deux fonds plus spécialisés, visant surtout la cybersécurité (Allianz Cyber Security, lancé en 2021) et la sécurité alimentaire (Allianz Food Security, lancé en 2020). Créés pratiquement au sommet de la vague haussière pour les valeurs de croissance, ces deux fonds ont toutefois pris de plein fouet le recul des marchés depuis le début 2022, affichant pour l’instant des résultats négatifs.
Le secteur de la sécurité est également soutenu par des réglementations croissantes qui augmentent les besoins en matériel de test et d’inspection dans de nombreux secteurs d’activité.
Sur une période plus longue, les autres fonds affichent des performances plus positives, avec notamment une progression annualisée supérieure à 10% pour Pictet- Security durant la dernière décennie. Inauguré en 2006, ce produit a profité pendant près de 15 ans de son statut de précurseur pour engranger des actifs sous gestion qui dépassent aujourd’hui les 6 milliards de dollars, soit largement plus que l’ensemble de toutes les autres stratégies du segment.
Credit Suisse (Lux) Security Equity (lancé en 2013) affiche également d’excellentes performances historiques, qui lui valent une notation cinq étoiles chez Morningstar. Enfin, la gamme des fonds « généralistes » sur la sécurité s’est également étoffée en 2019 avec le fonds Thematics Safety Fund (chez Natixis Asset Management), qui présente la caractéristique d’avoir été créé et est géré par un des gestionnaires historiques du fonds Pictet-Security.
Les différents fonds sont concentrés sur une cinquantaine de valeurs, qui représentent entre 30 et 45% des actifs sous gestion. Les portefeuilles privilégient généralement une forte exposition sur l’Amérique du Nord (80 à 93% des encours), son secteur technologique et les moyennes capitalisations. Les deux produits d’Allianz GI sont ceux qui se démarquent le plus dans cet ensemble, avec une exposition sur la technologie proche de 100% pour le fonds sur la cybersécurité, tandis que celui spécialisé sur la sécurité alimentaire est plus exposé sur l’Europe, les petites capitalisations et une gamme sectorielle laissant la place aux secteurs liés à la consommation.
Vulnérabilités digitales
Depuis le début de l’année, ce groupe de produits a connu un recul moyen de 26%, en ligne avec les corrections encaissées par les segments de croissance. Alexandre Mouthon, gestionnaire du fonds Pictet-Security, rappelle que la sécurité reste néanmoins un thème porteur, « qui n’a été que renforcé par les événements de ces trois dernières années », au premier duquel se trouve la problématique de la cybersécurité. La pandémie a mis en avant les besoins liés à la protection des réseaux informatiques avec une main-d’oeuvre qui travaille à distance. « Les budgets consacrés à la sécurité informatique n’ont pas été remis en question, et ont même été fortement augmentés dans un grand nombre de sociétés », relève le gestionnaire.
De son côté, Patrick Kolb, gestionnaire du fonds Credit Suisse (Lux) Security Equity, constate dans sa dernière newsletter que les attaques de type ransomware (qui bloquent l’accès au réseau d’une société en échange du paiement d’une rançon) ont plus que triplé depuis 2019, tandis qu’une étude globale publiée en septembre 2022 a montré que plus de 60% des entreprises éprouvent des difficultés à retenir leurs spécialistes de la cybersécurité. « Les besoins dans ce domaine resteront importants dans les prochaines années », assure Patrick Kolb.
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Autres soutiens
Outre la cybersécurité, la prise de conscience des gouvernements qu’une sécurité d’approvisionnement dans certains secteurs (semi-conducteurs, etc.) devait passer par la construction de capacités de production propres joue aussi son rôle. Alexandre Mouthon estime que « ces investissements vont soutenir la demande pour les instruments de contrôle et de testing pour la qualité des composants informatiques ». Enfin, depuis 2022, c’est la guerre en Ukraine qui a renforcé le besoin d’assurer la sécurité des sites de transport et d’approvisionnement en gaz naturel, ou de renforcer les défenses des réseaux face aux cyberattaques.
Outre ces facteurs, le secteur de la sécurité est également soutenu par des réglementations croissantes qui augmentent les besoins en matériel de test et d’inspection dans de nombreux pans d’activité, par exemple en matière de sécurité des bâtiments ou de sécurité alimentaire. « La digitalisation croissante de nos sociétés ou le besoin d’assurer un libre mouvement des biens et des personnes constituent également des éléments de soutien à la thématique qui restent très largement en place », selon Patrick Kolb.
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Fondamentaux
Alexandre Mouthon souligne que la baisse des cours a rendu certaines valorisations aberrantes sur certains segments dans lesquels il investit. « Il est toutefois difficile de juger quand il sera opportun de revenir plus franchement sur une stratégie comme la nôtre, estime-t-il. Ce serait une erreur de penser que les taux d’intérêt vont refluer rapidement lorsque l’inflation se calmera. Les banquiers centraux veulent aujourd’hui juguler l’inflation, et les taux directeurs resteront à des niveaux élevés pendant encore quelques trimestres, le temps qu’elle retombe. »
A moyen terme, le gestionnaire de Pictet Asset Management pointe toutefois un écart de performance désormais significatif par rapport à sa moyenne historique. « Le style croissance n’est pas mort. Nous allons avoir un retour à la moyenne qui sera d’autant plus fort que l’écart de performance est désormais très élevé. Il faudra toutefois attendre une normalisation des attentes bénéficiaires pour 2023, actuellement trop élevées, et des chiffres économiques en forte dégradation qui permettraient d’envisager une fin du mouvement révision à la hausse des taux d’intérêts. » Dans l’attente d’un tel scénario, Alexandre Mouthon a relevé le niveau des liquidités dans son portefeuille, privilégiant davantage les sociétés qui dégagent des flux de trésorerie élevés.
« A court terme, la direction des taux d’intérêt restera la principale question à se poser pour les investisseurs, et nous ne pouvons pas faire grand-chose face à la volatilité et le caractère cyclique des marchés financiers, conclut Patrick Kolb. Nous restons toutefois focalisés sur le long terme, et les facteurs de croissance structurels de notre stratégie nous paraissent encore bien en place. La thématique de la sécurité reste très attractive pour les investisseurs qui disposent d’un horizon d’investissement de sept à dix ans. »
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