Investir en Bourse: avantages et inconvénients d’un courtier

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Ilse De Witte Journaliste chez Trends Magazine

Vous désirez investir en Bourse? Peut-être allez-vous passer par un intermédiaire… Quels sont les avantages et les inconvénients? Panorama des principaux acteurs présents en Belgique…

Pour l’investisseur qui débute, la première étape consiste à ouvrir un compte-titres. Il peut ensuite commencer à investir dès qu’il est approvisionné. Mais il peut aussi confier ce dossier à son banquier ou à un courtier en Bourse. Le choix d’un intermédiaire ne se fait pas à la légère car le transfert d’un portefeuille d’investissement d’un courtier à l’autre prend du temps et coûte cher. Le montant varie mais sachez que les frais de transfert peuvent grimper jusqu’à 150 euros par ligne du compte-titres. Donc, grosso modo, pour chaque titre d’actions. Avec des nuances, toutefois. Supposons que vous disposiez de 100 actions d’une seule et même entreprise. Ces 100 actions portent toutes le même intitulé et comptent comme une seule ligne dans le dossier titres, même si elles ont été acquises à des moments différents. Reste que la décision de transférer un portefeuille d’investissement doit être mûrement réfléchie…

Grandes banques pour petits investisseurs

Globalement, combien cela coûte-t-il d’investir en Bourse en passant par une banque si vous débutez? Cela dépend… Exemple avec ING Belgique, qui a réduit de 0,5 à 0,35% les frais des petites transactions sur Euronext Bruxelles, Paris et Amsterdam pour les clients utilisant l’application Self Invest. Le minimum par transaction est passé de 20 à 1 euro. La banque rend ainsi plus intéressants les petits ordres de quelques centaines à quelques milliers d’euros. Le client d’ING Belgique qui veut s’essayer en Bourse peut donc désormais le faire sans risquer de perdre une fortune en frais de transaction. Ainsi, l’acquisition d’une action Sofina à 350 euros avec l’application Self Invest vous coûtera 1,23 euro de frais.

Mais attention: quel que soit le courtier choisi, à chaque transaction d’actions viennent s’ajouter des taxes boursières de 0,35% ou 1,23 euro. En d’autres mots, l’Etat vous réclame autant qu’ING Belgique pour cette même transaction. Affinons notre calcul. Si cette action Sofina vaut 370 euros l’année suivante, votre bénéfice s’élève non pas à 20 mais à 14,96 euros après déduction de tous les frais et des taxes. A titre d’information: Sofina investit dans un large éventail d’entreprises à croissance rapide comme tout récemment dans la société de livraison express Gorillas.

Belfius, autre grande banque, a lancé l’été dernier Re=Bel, une application d’investissement permettant aux clients d’acheter des actions belges jusqu’à 2.500 euros pour 3 euros par ordre. Pour les transactions plus importantes à la Bourse de Bruxelles, Belfius s’avère plus intéressant qu’ING Belgique. Supposons que vous achetiez en une fois 20 actions AB InBev au prix de 57 euros par action, soit un total de 1.140 euros, l’application Re=Bel est plus avantageuse que Self Invest. Chez ING Belgique, cette transaction vous coûtera 4 euros.

Quel que soit le courtier choisi, à chaque transaction d’actions viennent s’ajouter des taxes boursières de 0,35% ou 1,23 euro.

Depuis 2015, KBC possède aussi sa propre plateforme, Bolero, pour investir soi-même en Bourse. Au prix de 7,5 euros pour les ordres jusqu’à 2.500 euros, le tarif apparaît légèrement supérieur à celui de Re=Bel et de Self Invest. Notez que Re=Bel ne facture que 6 euros environ pour les transactions jusqu’à 2.500 euros sur les Bourses de Paris et d’Amsterdam. Mais Bolero applique le même tarif que Re=Bel pour les ordres en actions américaines ou les ordres de 2.500 à 10.000 euros sur Euronext Bruxelles, à savoir 15 euros. Et pour les ordres de plus grande importance, Bolero est moins cher que Re=Bel et Self Invest.

Remarquez que pour une comparaison vraiment impartiale, il faut aussi tenir compte, en plus de la commission du courtier, de deux autres facteurs: les frais de garde et ceux liés au compte à vue. Pour pouvoir utiliser l’application Self Invest d’ING Belgique, les clients doivent en effet d’abord ouvrir un ING Lion Account qui coûte 1,9 euro par mois (gratuit pour les moins de 25 ans). Contrairement à KBC et Belfius, ING Belgique demande en outre pour son appli d’investissement 0,0242% de frais de garde annuels pour les actions, avec un minimum de 0,3025 euro par ligne en portefeuille.

Pour être tout à fait exhaustif, précisons en outre que l’application Re=Bel permet de passer un ordre et d’indiquer de quel compte Belfius l’argent doit venir. Ce peut être au départ du compte gratuit Beats Pulse ou d’un compte épargne, tout est possible. Sur la plateforme Bolero, l’argent peut aussi être transféré sur le compte boursier au départ d’un compte KBC ou d’un compte dans une autre banque.

BNP Paribas Fortis est la seule grande banque qui n’a pas encore lancé d’offensive de charme auprès des petits investisseurs. L’institution a toutefois déjà annoncé son intention d’adapter prochainement ses services afin de les rendre “plus intéressants pour les petites transactions”. Un ordre passé via l’application ou en ligne y coûte respectivement 0,8 ou 0,6%, avec un minimum de 24 ou 18 euros par transaction, auxquels il faut ajouter minimum 4,84 euros de frais de garde par ligne et par an. BNP Paribas Fortis n’est donc pas la solution la meilleur marché pour ceux qui veulent investir eux-mêmes en Bourse. La plus grande banque du pays possède toutefois depuis le mois de juin un robot d’investissement, Lucy, qui transfère automatiquement les petits placements vers les six fonds cotés en Bourse (trackers) de la maison.

Banques moyennes à l’écart

L’acquisition récente d’Axa Banque Belgique a fait de Crelan la cinquième plus grande banque du royaume. Celle-ci ne mise pourtant pas sur les opérations boursières. Les clients qui souhaitent investir sont redirigés vers des produits de placement structurés, des assurances-vie ou des fonds. Axa Banque Belgique facture 0,5% pour les services de courtier sur les marchés Euronext, avec un minimum de 25 euros par ordre.

Il y a une dizaine d’années, Argenta et Deutsche Bank étaient aux petits soins pour les petits investisseurs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Chez Argenta, un ordre sur Euronext Bruxelles coûte désormais 0,5% du montant investi, avec un minimum de 20 euros. Trop cher pour celui qui n’a que quelques centaines d’euros par ordre à investir. En novembre 2010, Argenta a abaissé de 15 à 5,59 euros les frais de transaction pour les ordres de petite taille. Les frais de garde étaient inexistants. A l’époque, Deutsche Bank facturait encore 6 euros pour les transactions sur Euronext Bruxelles. Ces frais s’élèvent aujourd’hui à 7,5 euros et les frais de garde facturés par la Deutsche Bank sont passés de 8 euros par ligne et par an à 12 euros, avec un maximum de 300 euros par compte-titres (contre 80 euros auparavant).

Deutsche Bank a augmenté ses prix progressivement tandis qu’Argenta a subitement raboté les frais liés aux opérations boursières en septembre 2019. “Nos placements sont proposés dans le cadre d’une relation de conseil dans laquelle Argenta accompagne le client en actes et en paroles, explique le porte-parole. C’est pourquoi nous nous focalisons sur les fonds d’investissement.” Les frais d’entrée et/ou de sortie de plusieurs fonds ont été réduits pour les rendre plus accessibles.

Belgique contre le reste du monde

Une leçon générale, malgré tout: choisissez de préférence un partenaire belge ou un partenaire qui assure que votre argent réside bien sur un compte belge. Par exemple Keytrade Bank, qui est une institution belge, au même titre que MeDirect. Saxo Bank Belgique est, elle, une filiale de la banque néerlandaise dénommée BinckBank jusqu’à sa reprise par l’institution danoise Saxo Bank en 2019. Mais l’argent des clients Saxo Bank est placé sur des comptes belges.

L’avantage est de ne pas devoir déclarer les comptes au point de contact central (PCC) de la Banque nationale de Belgique. Donc pas besoin donc de cocher la case “compte étranger” de votre déclaration fiscale, ni de déclarer les revenus générés par ces comptes étrangers, ni de répondre aux questions de l’administration fiscale sur les différences entre ce que vous avez déclaré et les renseignements dont dispose automatiquement l’administration fiscale sur vos comptes à l’étranger.

C’est indéniable: certains courtiers étrangers présentent des atouts que n’ont pas les brokers belges.

Les clients de l’entreprise fintech néerlandaise BUX doivent ainsi eux-mêmes reverser les taxes boursières dues au fisc belge chaque trimestre. Un gros inconvénient pour son application qui prétend rendre les placements d’une simplicité enfantine. A l’inverse, chez les acteurs belges et certains acteurs étrangers comme DeGiro, Lynx et Mexem, la taxe sur les opérations de Bourse (TOB) est retenue et reversée au fisc belge automatiquement. Un service appréciable, surtout pour les débutants qui tâtonnent encore dans le champ de mine fiscal que sont parfois les investissements en actions, en obligations et dans des fonds.

Si vous optez pour un courtier étranger, retenez en outre qu’il vous faudra mentionner les dividendes perçus dans la déclaration d’impôt des personnes physiques. Le précompte mobilier belge sur les dividendes des entreprises étrangères vient alors s’ajouter au calcul de l’impôt. Dans le cas des banques et des courtiers belges, ce précompte est directement retenu sur le payement des dividendes, en plus de la retenue à la source étrangère effectuée par les entreprises et transmise au fisc. Cela représente un peu plus de tracasseries pour l’investisseur mais présente l’avantage de postposer le payement du précompte mobilier belge.

Mécanisme de protection

Sachez aussi que les banques et les courtiers belges sont contrôlés par la FSMA, l’Autorité des services et marchés financiers, et que le cash bénéficie de la garantie de dépôt belge de 100.000 euros par banque et par client, et les titres du système de compensation belge jusqu’à 20.000 euros par banque et par client. Autrement dit, l’Etat belge se porte garant de vos dépôts au cas où la banque connaîtrait de grosses difficultés. Et si votre argent est inscrit au bilan de cette dernière, vos titres restent, eux, toujours votre propriété. Vous ne risquez donc de les perdre qu’en cas de fraude ou de vol, un risque que couvre la compensation de 20.000 euros.

Des mécanismes de protection et un contrôle vigilant ont par ailleurs été instaurés dans tous les Etats membres de l’Union européenne. Rassurant puisque BUX relève par exemple du système de protection et de contrôle néerlandais. Et que depuis l’acquisition de Flatex, Degiro bat pavillon allemand. Ou que l’argent confié à Lynx et Mexem arrive sur un compte irlandais.

Il faut savoir que ces deux derniers jouent le rôle d’introducing brokers pour Interactive Brokers, vitrine locale pour la plateforme d’investissement d’un des plus grands courtiers du monde. Lynx oeuvre en Belgique sous licence néerlandaise et Mexem sous licence chypriote. C’est toutefois indéniable: certains courtiers étrangers présentent des atouts que n’ont pas les brokers belges, à savoir des tarifs avantageux et la possibilité d’investir notamment dans des actions américaines fractionnées. L’intérêt de celles-ci? Les investisseurs débutants ne disposent pas toujours de 2.500 euros pour acquérir une action Amazon, par exemple. Le fractionnement des actions permet à un plus large public d’y accéder…

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