Fortis : Modrikamen va “très vraisemblablement” demander la suspension de l’AG

Le cabinet d’avocats Modrikamen va “très vraisemblablement” intenter dans les prochains jours une action en référé pour demander la suspension de l’assemblée générale des actionnaires de Fortis qui s’est déroulée fin avril à Gand et a donné lieu à une approbation de la vente de 75% de Fortis banque à BNP Paribas.

Cette action visera également à obtenir certaines mesures provisoires comme la mise sous séquestre des titres Fortis banque ainsi que l’interdiction pour BNP Paribas de poursuivre l’intégration de Fortis banque, a fait savoir vendredi l’avocat Mischaël Modrikamen, précisant attendre toujours de Fortis holding une série de documents relatifs à l’AG. Au cours d’un entretien accordé à l’agence Belga, l’avocat représentant quelque 2.300 actionnaires de Fortis est également revenu sur les plaintes déposées à son encontre auprès du bâtonnier de Bruxelles à la suite de l’assemblée générale de Gand.

La réunion d’actionnaires avait été le théâtre d’une confrontation musclée entre l’avocat et le président de Fortis holding, Jozef De Mey, notamment sur la question du droit de vote de plusieurs millions d’actions Fortis. “Je suis très, très serein, ils peuvent déposer toutes les plaintes qu’ils veulent. Lors de l’assemblée, nous avons donné une riposte proportionnée au mépris, au dédain affiché envers les actionnaires. Il y a des enregistrements qui le montrent. J’ai appelé à la fermeté mais aussi à la dignité. J’assume pleinement les actes qui ont été posés”, a réagi Me Modrikamen. “C’était la dignité des gens de dire: nous n’acceptons pas cette voie de fait qui consiste à refuser le principe le plus élémentaire, à savoir que les actionnaires doivent se prononcer sur qui peut participer à l’assemblée en cas de contestation”, a-t-il ajouté, précisant “être déterminé à poursuivre jusqu’au bout les actions en faveur des actionnaires”.

L’avocat évalue toujours à quelque 300 millions, les titres qui ont participé irrégulièrement au vote sur la vente de Fortis banque à BNP Paribas. Pour le cabinet Modrikamen, il s’agit d’actions pour lesquelles Fortis était mandataire et aurait, selon lui, dû faire une déclaration de transparence ainsi que de titres liés à des hedge funds, à des alliés de Fortis (comme JP Morgan, banque conseil de Fortis) ou encore à des actionnaires proches de l’Etat (Dexia, Ethias, Holding communal) ou de BNP Paribas. “Si on met de côté ces 300 millions d’actions qui auraient dû être suspendues, le non l’emportait très clairement”.

Me Modrikamen a par ailleurs nié les accusations selon lesquelles Fortis lui aurait demandé de signer une clause de confidentialité relative à l’identité de certains actionnaires. “Et si on nous l’avait demandé, on aurait refusé”, a-t-il poursuivi. L’avocat a encore jugé sévèrement le rôle joué par les autorités belges dans le dossier. “Jamais on a vu un pays dont le Premier ministre et le ministre des Finances se réjouissent avec autant d’ardeur du fait que la première entreprise du pays passe sous pavillon étranger pour une bouchée de pain”.

Sans remettre en cause le troisième sauvetage du bancassureur flamand KBC, Me Modrikamen estime qu’il s’agit d’une “démonstration éclatante du traitement inégalitaire” subi par les actionnaires de Fortis. L’avocat d’affaires, dont la publication d’un livre sur la saga judiciaire Fortis est imminente, a enfin avoué avoir reçu des “dizaines” de lettres de soutien après l’assemblée générale gantoise mais aussi l’une ou l’autre missive contenant des menaces.

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