Fonds globaux: quand le dividende revient en force

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Après avoir bien résisté en 2022, les fonds exposés sur le rendement devraient continuer à surperformer vu le niveau historiquement élevé de leur décote et la faiblesse actuelle des taux de distribution des entreprises.

Les hausses de taux directeurs orchestrées par les grandes banques centrales auront tôt ou tard un impact sur l’activité économique dans les pays développés. L’expérience des récessions passées semble toutefois indiquer que les dividendes devraient se révéler plus résistants que les bénéfices, de sorte qu’une exposition sur les fonds globaux investis sur les actions à dividende fait aujourd’hui particulièrement sens chez les investisseurs.

Il faut toutefois se rappeler que cette résilience ne s’est pas vérifiée lors de la crise du covid en 2020. A cette époque, les entreprises avaient massivement coupé dans leurs versements aux actionnaires, ce qui avait entraîné une forte baisse du taux de distribution (ou payout, soit la proportion du bénéfice net qu’une entreprise distribue à ses actionnaires sous forme de dividende).

Sam Witherow
Sam Witherow (JP Morgan) © PG

“La part des bénéfices distribués aux actionnaires est aujourd’hui proche de ses plus bas historiques, constate Sam Witherow, le gestionnaire du fonds JPMorgan Investment Funds-Global Dividend. Mais si les entreprises ont déjà ajusté à la baisse leurs attentes bénéficiaires pour l’année en cours, les dividendes sont restés résilients, notamment parce qu’elles disposent d’une marge importante au niveau de leur taux de distribution.”

Le fonds géré par Sam Witherow a dégagé la meilleure performance de sa catégorie sur cinq et dix ans. Il est également le seul produit commercialisé sur le marché belge à afficher une note cinq étoiles chez Morningstar.

Secteurs diversifiés

L’analyse des meilleurs fonds repris dans notre tableau ci-dessous permet de constater des expositions sectorielles qui privilégient généralement les financières (17% des actifs sous gestion en moyenne), les soins de santé (15%), la technologie (14%) et les industrielles (14%). Certains fonds peuvent également avoir des expositions significatives sur les secteurs liés à la consommation ou aux matières premières. N’offrant aucun secteur pesant plus de 20% des encours (en moyenne), cette catégorie de fonds affiche une exposition sectorielle très diversifiée.

“Les dividendes proviennent aujourd’hui de nombreuses sources, poursuit Sam Witherow. Le secteur technologique est le troisième plus important et devrait voir sa part continuer à augmenter puisqu’il dégage une part de plus en plus importante des bénéfices réalisés au niveau global.” En outre, les nouveaux secteurs (technologie, soins de santé, consommation, etc.) augmentent beaucoup plus rapidement leurs versements, et le volume de leurs dividendes a désormais rattrapé les versements des secteurs traditionnels (comme l’énergie, la finance, l’immobilier, les utilities, etc.).

Bonne résistance

Durant l’année 2022, les fonds globaux investis sur les actions à dividende ont dégagé de fortes performances par rapport aux autres classes boursières d’actifs, avec un recul moyen de seulement 5,8% pour les huit meilleurs produits repris dans notre échantillon.

Stuart Rhodes
Stuart Rhodes (M&G) © PG

Stuart Rhodes est à la tête du fonds M&G (Lux) Global Dividend, une stratégie qui a été une des plus performantes. “Nous étions fortement exposés sur les sociétés défensives de qualité (biens de consommation, soins de santé) à l’entame de l’année dernière, soit des segments qui ont généralement bien résisté, atteste-t-il. Les 15 derniers mois ont montré que les fonds à dividende n’ont pas perdu leur raison d’être. Il faut être conscient de l’environnement macroéconomique dans une stratégie comme la nôtre, mais la base de notre gestion est de trouver des sociétés robustes financièrement, qui dégagent des flux de trésorerie élevés et sont en mesure d’augmenter leurs dividendes dans les bons comme dans les mauvais moments. Ce type de stratégie devrait se retrouver à l’heure actuelle dans tous les portefeuilles boursiers.”

Dividende soutenable

Après avoir été pendant longtemps supérieurs aux intérêts qu’il était possible d’obtenir sur le marché obligataire (en particulier pour les emprunts souverains), les dividendes font aujourd’hui face à beaucoup plus de concurrence de la part des produits à taux fixe. Sam Witherow (JP Morgan Asset Management) admet que les obligations constituent désormais une concurrence plus importante pour les actions à dividende: “Toutefois, les produits obligataires ne constituent pas vraiment une solution pour protéger son portefeuille contre la hausse de l’inflation car les versements n’évoluent pas une fois que l’obligation est émise, tandis que les dividendes ont tendance à augmenter en ligne ou plus rapidement que l’inflation”.

“Je vois aujourd’hui deux raisons principales qui justifient un retour en grâce des stratégies à dividende, estime Stuart Rhodes (M&G). D’une part, les entreprises qui versent des dividendes affichent rarement des valorisations extravagantes, et sont donc moins vulnérables dans les phases de correction. D’autre part, les dividendes suivent ou dépassent généralement l’évolution de l’inflation, ce qui constituera un atout indéniable pour les prochaines années.”

A titre d’exemple, Jérémie Fastnacht, gestionnaire du fonds BL Equities Dividend, soulignait dans son dernier rapport mensuel que les sociétés détenues dans son portefeuille ont dégagé une croissance organique moyenne tournant autour de 10% pour l’exercice 2022 en dépit d’un environnement difficile. “En outre, les sociétés actuellement détenues au sein du fonds ont affiché en moyenne un taux de croissance annuel de 7% pour leur dividende brut par action durant les cinq dernières années”, soit un niveau qui permet de lutter efficacement contre l’inflation.

Réinvestir

Mais la base d’une stratégie sur le rendement est le réinvestissement des dividendes, qui permet de dégager une performance soutenue sur le long terme. Les produits de notre échantillon sont des fonds d’accumulation et reçoivent en moyenne 3,2% en dividendes qui sont réinvestis chaque année. Couplés à la performance des cours, ces produits ont permis de dégager des hausses annualisées de 8% durant la dernière décennie et de 8,7% durant les cinq dernières années. Il faut toutefois noter que contrairement à d’autres catégories de fonds, les écarts sont relativement modestes entre les meilleurs produits.

Pour Sam Witherow, il n’est pas trop tard pour s’exposer sur cette opportunité. “L’année 2022 est venue après une longue période de sous-performance pour notre classe d’actifs. Vu le niveau des payouts, je pense que nous sommes aujourd’hui au début d’une surperformance de plusieurs années pour le rendement, qui devrait être comparable à celle que nous avons connue au début des années 2000. La décote reste importante et comparable à celle affichée à la fin de la bulle technologique.”

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