Comment bien choisir son détecteur de CO2

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Selon le virologue Marc Van Ranst, les détecteurs de CO2 peuvent aider à contrer la propagation du coronavirus dans les espaces clos. Le Prince Laurent en a déjà acheté pour les classes de ses enfants.

Aérer une pièce en ouvrant les fenêtres et les portes permet de réduire les risques de contamination par la Covid-19. Un détecteur de CO2 peut signaler quand il est temps de changer d’air. Un tel appareil donne en effet une indication de la qualité de l’air. Nous expirons tous du dioxyde de carbone, dont la quantité présente dans l’air augmente avec le nombre de personnes dans une pièce, le temps qu’elles y restent et la fréquence à laquelle elles aèrent les lieux. Plus la concentration en CO2 est élevée, moins l’espace est bien ventilé.

Mais nous ne savons pas encore à partir de quel taux de dioxyde de carbone présent dans l’air les risques de contamination diminuent réellement. Toutefois, il est évident qu’une bonne ventilation permet de réduire la présence de particules potentiellement dangereuses dans l’air, ce qui fait baisser le risque de propagation du virus. La VAZG (l’agence flamande Soins et Santé) conseille de maintenir la concentration maximale de CO2 sous les 900 ppm (parts per million) dans une classe et sur le lieu de travail.

Dans les espaces clos sans un bon système de ventilation, cette concentration peut très vite grimper à 2000 ppm et plus. Ouvrir les portes et les fenêtres permet de purifier l’air, mais malheureusement, l’effet n’est que de courte durée une fois refermées. Il est également conseillé de laisser deux fenêtres se faisant face constamment entrouvertes. C’est aussi pour cela qu’en 2006, le gouvernement a rendu obligatoire l’installation d’un système de ventilation dans les nouvelles constructions.

L’embarras du choix

Vous trouverez de très nombreux détecteurs de CO2 sur le marché, vendu par des boutiques spécialisées, ou non. Vous pouvez déjà acheter un produit made in China pour quelques dizaines d’euros, mais ceux-ci sont inutiles. Un détecteur digne de ce nom coûte au minimum 250 euros, et pour un modèle de très bonne qualité, vous devrez débourser entre 200 et 250 euros. Avant d’acheter un détecteur, tenez compte de ces éléments :

– Le capteur : Optez pour un capteur NDIR (infrarouge non dispersif) avec calibration automatique. La calibration est essentielle pour obtenir des mesures fiables.

– La plage de mesure : Veuillez à ce que votre détecteur puisse monter à 5000 ppm, voire plus.

– Marge d’erreur : Le résultat affiché varie toujours légèrement par rapport à la valeur réelle. Une marge d’erreur de 10 pour cent est acceptable. Malheureusement, de nombreux détecteurs peu fiables sont disponibles sur le marché. Si vous ne trouvez aucune information sur la marge d’erreur, partez du principe que le détecteur n’est pas fiable.

– Affichage: Choisissez un compteur dont l’écran vous permet de voir la concentration en CO2 à tout moment. Certains sont fournis avec une application ou un site internet.

– Code couleur: Un code couleur peut se révéler très utile, car il vous suffira d’un coup d’oeil pour surveiller la qualité de l’air dans la pièce. Les couleurs sont associées à des valeurs spécifiques par le fabricant. La VAZG conseille les seuils suivants :

Vert : maximum 900 ppm (qualité de l’air bonne)

Orange : entre 900 et 1500 ppm (qualité de l’air moyenne)

Rouge : à partir de 1500 ppm (qualité de l’air mauvaise)

Votre détecteur ne correspond pas à ces critères ? Essayez de changer les valeurs manuellement. Si ce n’est pas possible, recouvrez l’indicateur pour éviter toute confusion.

– Son: Certains détecteurs émettent un signal sonore quand le taux maximum de CO2 dans l’air est dépassé. Cela peut devenir dérangeant, mais c’est aussi très pratique si vous ne voulez pas constamment garder un oeil sur votre détecteur.

Comment obtenir la bonne mesure ?

L’agence flamande Soins et Santé conseille de placer le détecteur sur une table ou une armoire. Il peut se trouver au centre de la pièce comme contre un mur, mais jamais près d’une fenêtre ou d’une porte, à cause de la circulation de l’air. Respirer près du détecteur peut également influencer ses mesures.

L’appareil vous signale une concentration en CO2 trop élevée ? Ouvrez immédiatement les portes et les fenêtres et sortez prendre l’air si possible.

Nous avons déjà mentionné l’importance d’une bonne calibration. Veillez à ce que votre appareil se calibre dans les bonnes conditions. Certains détecteurs doivent être placés à l’extérieur ou dans un espace bien ventilé pendant 4 à 8 heures sur 24, pendant la nuit, par exemple.

Vérifiez également régulièrement que votre appareil fonctionne correctement. Placez alors le détecteur dehors ou près d’une fenêtre ouverte. La concentration en CO2 de l’air extérieur varie entre 400 et 500 ppm (en ville, ce taux est plus élevé qu’à la campagne). Votre détecteur affiche une valeur beaucoup trop faible ou trop élevée ? Il n’est surement plus fiable.

Quelques critiques

Même si les détecteurs de CO2 ont été intégrés à la lutte contre la Covid-19, leur efficacité est aussi remise en question. “Il n’est par exemple pas encore prouvé que la propagation du virus évolue avec la concentration en CO2”, explique Wim Zeiler, professeur spécialisé en ventilation à l’Université technique d’Eindhoven. “Ce n’est probablement pas le cas, et de nombreux autres phénomènes locaux sont à prendre en compte. La circulation de l’air est également déterminante.”

Selon l’expert, le seuil de 900 ppm conseillé par la VAZG est également difficile à respecter dans la pratique. “Rester sous cette limite en n’ouvrant que les portes et fenêtres n’est pas réaliste”, annonce-t-il. “Ce n’est possible que grâce à un système de ventilation mécanique. Aux Pays-Bas, nous avons mis en place d’autres seuils : moins de 1000 ppm (vert), entre 1000 et 1200 ppm (orange) et plus de 1200 ppm (rouge).”

Wim Zeiler insiste également sur une gestion et un contrôle des données efficaces. Certains appareils permettent de consulter ces données en ligne. Vous pouvez ainsi visualiser et interpréter l’évolution des valeurs pendant un certain laps de temps à l’aide d’un journal de bord. Ces données peuvent également aider à optimiser la ventilation.

Retenez donc qu’un détecteur de CO2 est utile dans la lutte contre le coronavirus, mais que ce n’est en aucun cas une solution miracle. Limitez vos contacts physiques, respectez les règles de distanciation sociale, porte un masque, lavez-vous les mains et suivez les mesures officielles.

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