Your Nature à la croisée des chemins

Les Cottages : un des cinq types de logements vendus à des investisseurs privés ou institutionnels et gérés en pool hôtelier par Peronnes Invest, la société faîtière de l’éco-resort Your Nature. © Your Nature

Ouvert il y a juste un an après plusieurs années de report, l’éco-resort touristique Your Nature, lové dans la forêt d’Antoing (Maubray), peine à trouver son rythme de croisière. Nombre de propriétaires de la centaine de cottages vendus à l’unité se plaignent de ne pas recevoir leurs redevances d’usufruit.

Que se passe-t-il au juste dans la tour de contrôle de Peronnes Invest, la société anonyme qui détient les droits de Your Nature et gère l’exploitation du domaine touristique logé sur les terres du prince de Ligne en forêt d’Antoing, non loin de Tournai?

Commercialisation chaotique

La vente à l’unité des 188 premiers cottages sur pilotis plantés sous les feuillus centenaires du Bois de Fouage et en bordure du plan d’eau du Grand Large accumule depuis 2017 les retards. Selon les dernières informations reçues à la source, 121 ventes avaient été actées l’hiver dernier ; la commercialisation d’une trentaine de biens, représentant un chiffre d’affaires potentiel de 10 millions d’euros, avait été confiée à la société flamande Candor ; et une solution serait sur la table pour vendre le solde d’un seul tenant à un investisseur pour enfin valoriser les quelque 22 millions d’euros indispensables pour solder l’en-cours de plus de 17 millions contracté auprès des banques BNP Paribas Fortis et Belfius. Mais pareil scénario a déjà été évoqué à plusieurs reprises précédemment par Edouard de Ligne, l’administrateur délégué de Peronnes Invest, notamment avec le fonds allemand Greenland cité en marge des résultats annuels, cosignés par Jean-Jacques Cloquet (Dare Leadership), alors administrateur aux côtés de la famille de Ligne-La Trémoïlle. 

La splendide piscine intérieure et extérieure présente dans le domaine touristique. © Your Nature

Quant aux phases de développement suivantes déjà plusieurs fois annoncées sur le site de plus de 200 hectares, elles tardent à se concrétiser faute de fonds propres, même si la plus-value escomptée sur les hébergements encore à vendre est estimée à 7 millions. Il se dit d’ailleurs que plusieurs entreprises sollicitées lors de la première phase de construction ont longtemps attendu et réclamé paiement de certaines factures.

Une ouverture du capital à un nouvel investisseur étranger est toujours évoquée «ce qui permettrait de disposer des moyens nécessaire pour couvrir le cash-drain initial et lancer sereinement les travaux des phases suivantes». Du côté des premiers propriétaires individuels de cottages ayant été séduits par le projet, par son respect environnemental et les rendements promis, on ne croit plus trop à cet argent tombé du ciel. On commence à faire la grimace, voire à craindre la culbute : les redevances d’usufruit, normalement payées trimestriellement, se font toujours attendre. «La comptabilité ne répond pas aux courriels répétés ni au téléphone. J’imagine que le personnel a reçu des instructions dans ce sens, ce qui est regrettable et donne une image déplorable de la gestion. Les investisseurs s’inquiètent et n’ont aucun moyen de savoir ce qui se passe réellement», se plaint une propriétaire toujours en attente du premier versement de 2023 après avoir longtemps attendu le précédent.

Chez Peronnes Invest, on promet d’envoyer un courriel aux intéressés cette semaine encore et d’éviter à l’avenir tout retard de paiement. «Ce type d’excuses, c’est du déjà vu. On n’y croit plus… Pour ma part, je dissuade d’ailleurs mes contacts d’investir, vu les déboires encourus. C’est dommage, car nous pourrions être les meilleurs ambassadeurs du projet», rétorque un autre propriétaire, inquiet notamment de voir la faible note obtenue par l’éco-resort sur certains sites de référence, comme Google, par exemple.

Gestion à améliorer et consolider d’urgence

Depuis l’ouverture du domaine, ce qui frappe certains observateurs aguerris, c’est le manque de professionnalisme affiché dans la gestion des locations et du produit commercial en général, alors que l’offre a sur papier tous les atouts nécessaires pour attirer une demande désormais mature. 

La Leaf, familiale et de plain-pied, logée en bordure de pièces d’eau ajoutées aux nombreux étangs déjà existants. © Your Nature

Edouard de Ligne s’en explique : «Lancer pareille opération n’est pas une mince affaire. Il faut essuyer les plâtres, corriger les erreurs de jeunesse, former le personnel sur le tas à un produit très innovant et complexe. Mais malgré ces maladies de jeunesse, nous avons pu atteindre un taux de réservation en ligne avec notre business plan, réduire les pertes initiales à hauteur de 8 millions et réinjecté plus de 5 millions dans les infrastructures et les services existants. En outre, nous sommes en négociation pour confier la gestion commerciale du domaine à un professionnel du secteur». Le patron ajoute qu’il mise également sur le secteur corporate pour rentabiliser les installations et assure que les réservations pour l’été prochain vont bon train, sous le slogan publicitaire «L’évasion sans compromis».

L’été de tous les dangers

On ose l’espérer, car l’excuse du rodage n’est plus de mise et la prochaine haute saison devra faire la preuve que le plan stratégique mis en place tient enfin la route, commercialement et financièrement. Avant de le vérifier, les propriétaires de la première heure assurent qu’ils maintiendront leur veille et vérifieront si les redevances des deux premiers trimestres de l’année entamée sont, comme Peronnes Invest s’y engage, versées dans le respect des règles contractuelles. Sinon, ils le promettent, ils prendront les mesures nécessaires pour se faire entendre.

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