Royaume-Uni: un budget post-Brexit moins austère, mais sans éclat

Philip Hammond © Reuters

Le gouvernement britannique présente mercredi son premier budget depuis le vote pour le Brexit, mais une baisse attendue des prévisions de croissance devrait décevoir l’espoir d’une sortie totale d’années d’austérité.

Le ministre des Finances Philip Hammond prend la parole à 12H30 GMT pour sa déclaration budgétaire d’automne, au moment où l’économie britannique doit affronter les incertitudes nées de la décision votée en juin de quitter l’Union européenne.

La Première ministre Theresa May aurait rêvé de pouvoir offrir des cadeaux aux ménages modestes, dont beaucoup ont voté pour le Brexit. Mais son chancelier de l’Echiquier ne peut se permettre de plomber les comptes de l’Etat, qui se sont quelque peu redressés grâce à des années d’austérité.

Des mesures de relance spectaculaires semblent donc exclues pour l’heure, d’autant que l’activité britannique a évité le pire jusqu’à présent, même si les économistes sont moins optimistes pour les mois à venir.

“Les finances britanniques ne sont pas suffisamment en bonne santé pour des folies dépensières et, malgré une résistance inattendue de l’économie depuis le vote pour le Brexit, la tâche est ardue pour Hammond”, explique Fiona Cincotta, analyste chez City Index.

Le nouvel exécutif conservateur mené par Mme May, arrivée au pouvoir peu après le référendum, devrait néanmoins s’efforcer d’assouplir un peu l’austérité et de donner des gages aux consommateurs et aux milieux d’affaires.

Hausse du salaire minimum

Avant le discours de M. Hammond, le Trésor a dévoilé mercredi matin de premières mesures à destination des ménages, en particulier des plus modestes.

L’annonce la plus emblématique est une hausse du salaire minimum qui passera à 7,5 livres brut de l’heure (l’équivalent de 8,8 euros) à partir d’avril 2017, soit une hausse de 4%. Ce revenu était déjà passé de 6,70 livres à 7,20 livres fin mars dernier.

Ce coup de pouce pourrait être le bienvenu pour les ménages qui voient leur pouvoir d’achat menacé par une poussée de l’inflation, liée à la chute de la livre consécutive à la décision des Britanniques de quitter l’UE lors du référendum du 23 juin.

Le ministre des Finances propose en outre de supprimer les frais versés par 4,3 millions de ménages aux agences immobilières au moment de signer un contrat de location. Il entend toutefois aussi soutenir le secteur immobilier, en promettant des investissements de 1,4 milliard de livres pour aider à la construction de 40.000 nouveaux logements.

Il avait par ailleurs annoncé ces jours derniers des investissements publics dans la recherche et développement, les réseaux routiers ou encore la fibre optique.

Sur le plan fiscal, une partie de la presse s’est faite l’écho d’un possible abaissement à 15% de l’impôt sur les sociétés, mais Downing Street a semblé écarter cette possibilité.

L’impôt britannique sur les sociétés est actuellement de 20% et doit passer à 17% d’ici à 2020, ce qui en fera déjà le niveau le plus faible de tous les pays riches et émergents du G20.

Ralentissement de la croissance

Le gouvernement, sauf surprise, devrait s’interdire toute largesse, puisque les prévisions économiques s’annoncent moroses.

M. Hammond a certes déjà abandonné l’objectif de son prédécesseur George Osborne de présenter des comptes équilibrés à l’horizon 2019-2020, mais les pouvoirs publics s’apprêtent à réviser à la baisse les perspectives de croissance du Royaume-Uni et donc leurs prévisions de recettes fiscales.

“Quelques aspects du budget sont certains, le premier et le principal étant la nette révision en baisse des prévisions de croissance”, prévenait Connor Campbell, analyste chez Spreadex.

Le ministre des Finances a rappelé lui-même ce week-end que le ralentissement redouté de l’activité était “un défi de taille pour les finances publiques”, laissant entendre que des mesures d’économies pourraient être présentées.

Plusieurs analystes estiment même que la bonne tenue de l’économie depuis la fin juin représente une aubaine provisoire pour le gouvernement qui pourrait souhaiter garder des munitions pour l’an prochain, en cas de turburlences une fois entré dans le vif des négociations de sortie avec Bruxelles.

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