Les terrains industriels commencent à manquer en Wallonie

Chertal L’ancien site d’Arcelor fait aussi l’objet d’un plan de reconversion. © BelgaImage
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

La Wallonie doit absolument assainir ses friches, si elle veut retrouver des terrains de 10 à 20 ha pour y implanter de nouvelles usines.

Les réserves foncières ont longtemps été un atout de la Wallonie. Mais ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui, comme l’illustre la saga du projet de construction de la première usine européenne de production de plastique biosourcé par la société Futerro. Nous avons là une belle innovation wallonne: Futerro est une spin-out de Galactic, entreprise de Wallonie picarde, dont le fondateur Frédéric Van Gansberghe fut nominé pour le titre de Manager de l’Année en 2021. Nous avons aussi un projet industriel parfaitement dans l’ère du temps: produire du plastique à partir de blé plutôt que d’hydrocarbures. Ce projet impliquait un terrain d’une vingtaine d’hectares, avec accès à une voie d’eau. Impossible à trouver en Wallonie ou en Flandre. L’usine sera donc construite en Normandie, où Futerro annonce 250 emplois directs et 900 indirects.

Nous devons désormais intégrer cela dans nos coûts et dans nos délais de développement.” – RENAUD MOENS (IGRETEC)

La Wallonie aurait-elle définitivement perdu son atout foncier? La réponse mérite quelques nuances. D’abord, il y a encore plusieurs sites de grande taille, comme les 50 ha que Google a récemment acquis à Farciennes pour y implanter un data center (le permis de bâtir a été octroyé en début d’année). Ensuite, la centaine d’hectares de Caterpillar à Gosselies, pourtant bien située, ne semble guère susciter de convoitises, au point que l’on songe désormais à… morceler le site. Enfin, il y a encore, en Wallonie, 1.489 ha disponibles et 1.300 ha valorisables, a confié à L’Echo, le ministre de l’Economie (et également de l’Aménagement du territoire, une double casquette très précieuse dans ce cas), Willy Borsus (MR). A priori de quoi voir venir. Sauf que ces terrains sont répartis entre quelque 280 parcs d’activité économique et qu’il n’est donc pas évident de trouver un bloc de 20 hectares comme le souhaitait Futerro. “Trouver 10 terrains d’un hectare pour 10 entreprises, c’est bien moins compliqué que de trouver un terrain de 10 ha pour une seule entreprise”, résume Marc Degaute, membre du comité de direction de Wallonie Entreprendre.

Vraie ambition

Au vu des aspirations à la relocalisation de certaines activités industrielles en Europe, il faudra pourtant trouver ces terrains de 10, 20, 30 ha ou plus. Pas question cependant d’empiéter encore sur les espaces verts, le gouvernement régional ayant décrété la fin de l’artificialisation des terres à l’horizon 2050, pour maintenir des surfaces agricoles suffisantes, préserver les forêts et entretenir la biodiversité. La seule solution sera donc d’assainir les friches. D’où les plans de reconversion des sites d’Arcelor à Chertal (Liège), de Carsid à Charleroi ou de BASF à Feluy, pour un total de plusieurs centaines d’hectares. Il semble enfin y avoir une vraie ambition en la matière, avec également de vrais budgets, grâce à l’apport des fonds Feder. “A quelques exceptions près, il n’est plus envisageable de créer des zones d’activité économique en dehors des friches, concède Renaud Moens, directeur de l’intercommunale Igretec à Charleroi. Nous devons désormais intégrer cela dans nos coûts et dans nos délais de développement.” L’assainissement des friches coûte en effet beaucoup plus cher et implique des chantiers qui s’étalent sur plus de 10 ans.

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