Valse des CEO: l’exception belge

Elu Manager de l'Année 2021, Sébastien dossogne a quitté Magotteaux pour Carmeuse après sept ans. © belgaimage
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les changements à la tête des entreprises se multiplient. Une tendance lourde. Mais la Belgique reste un des pays où la durée de vie des CEO est la plus longue.

De bpost au RSC Anderlecht en passant par Ontex, Trixxo ou Mestdagh, la valse des CEO semble infernale ces derniers temps. L’an dernier, le Manager de l’Année, Sébastien Dossogne, a changé de maison, de Magotteaux à Carmeuse. Et Pascal Laffineur, candidat à ce même titre de Manager mais édition 2022, a quitté NRB.

Cette fonction stratégique au sein des entreprises est-elle soudain devenue plus fragile? “Cette tendance n’est pas neuve, elle est effective depuis une vingtaine d’années, souligne Jan Denys (Randstad), expert du marché du travail. De nombreuses entreprises travaillent désormais avec des mandats de quatre ou cinq ans, qui peuvent être renouvelés une fois. Les critères d’évaluation des CEO se sont aussi considérablement renforcés. Tout cela induit des carrières moins longues.”

Contexte plus complexe

La conjoncture actuelle, les conséquences du covid et de la guerre en Ukraine, ainsi que le défi majeur de la transition énergétique ou la nécessité d’adapter les modèles business, ne sont pas étrangers non plus à cette fragilisation. “Certains secteurs changent très rapidement, confirme Jan Denys. Après la globalisation, les défis se sont multipliés ces dernières années. Le contexte est de plus en plus complexe. Les CEO se brûlent les ailes plus rapidement. La mobilité est plus grande, dans leur chef comme dans celui des travailleurs.”

Car si les choix viennent parfois de l’entreprise, ils sont aussi le fruit des CEO eux-mêmes: “Les entreprises sont plus vigilantes, c’est vrai, mais les CEO font eux aussi des plans de carrière plus ambitieux, avec la volonté de multiplier les expériences”, souligne Jan Denys.

De 9,2 à 11,1 années

Cela étant, la Belgique reste un pôle de stabilité dans ce monde en mutation. C’est ce qu’illustrent les études annuelles réalisées par le bureau Heidrick & Struggles au sujet des CEO du Bel20. La durée moyenne d’occupation en tant que CEO au sein du Bel20 varie de 9,2 ans à 11,1 ans, résument ses auteurs, mais la Belgique s’illustre en tout cas chaque année par des résultats très élevés – voire le plus élevé de l’échantillon – en comparaison avec les autres pays.

En 2021, Heidrick & Struggles commentait: “Les CEO du Bel20 sont aussi les plus ‘fidèles’ à leur entreprise. En moyenne, ils occupent ce poste pendant 11,1 ans alors que la durée moyenne au niveau global n’est que de 6,6 années”.

2022 plus fébrile

En 2022, la fébrilité était davantage perceptible, mais dans une proportion restant mesurée: “La Belgique est l’un des quatre seuls marchés (avec le Canada, Hong Kong et l’Italie) à avoir connu une croissance du nombre de nominations depuis le précédent rapport. Sur les 22 CEO du Bel20, 23% d’entre eux ont débuté leur fonction lors de l’année écoulée.

Une conséquence directe de ces nominations fraîchement effectuées est, bien logiquement, une baisse de la durée moyenne de l’occupation en tant que CEO. Critère traditionnellement élevé en Belgique, ce chiffre passe de 11,1 (pour 2021) à 9,7 ans (pour 2022). Le Mexique est le seul pays qui dépasse le score de la Belgique, avec 10,6 ans (pour une moyenne globale de 6,8 ans)”. Mais pour un CEO, la Belgique reste, globalement, un havre de paix.

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