Un travailleur sur quatre estime ne pas avoir droit à la déconnexion

Il y a un peu plus d’un an, le gouvernement fédéral a conclu « le Deal pour l’emploi » un accord sur de nouvelles mesures relatives au travail. Une des mesures-phare de ce Deal pour l’emploi est le “droit à la déconnexion”.

A partir du 1er avril de cette année, les travailleurs d’entreprises, employant au moins 20 personnes, ont le droit à la déconnexion, cela veut dire qu’ils ont le droit de ne pas être à la disposition de leur employeur en dehors des heures de travail. Et ces mêmes entreprises ont le devoir de conclure des accords concrets sur ce droit à la déconnexion dans le cadre d’une convention collective ou d’un contrat de travail. 

Avec la pandémie, le télétravail était devenu la règle. Et aujourd’hui, même s’il a diminué, il reste très présent, à la demande bien souvent des travailleurs eux-mêmes. Ainsi, La dernière étude de Securex, menée auprès de 1 364 travailleurs, donne une idée du taux de déconnexion de ce groupe de télétravailleurs, dont le nombre a considérablement augmenté.

Plus de la moitié (55,2 %) des télétravailleurs gardent les notifications sur leur téléphone professionnel en dehors des heures de travail. Si 12,8 % le font parfois, ils sont près de la moitié (42,4 %) à le faire souvent, voire toujours. La plupart (53%) des télétravailleurs travaillent également en dehors des heures de travail. A nouveau, une minorité (17,1%) répond parfois aux e-mails ou aux appels professionnels en dehors des heures de travail, mais ils sont 35,9% à le faire souvent ou toujours.

Risque accru de burn-out

Cette étude montre également qu’en Belgique, un travailleur sur quatre (25,8 %) a l’impression que son employeur attend souvent de lui qu’il travaille en dehors des heures de travail. Ils sont même 33,4 % à déclarer que leur employeur s’attend à ce que le travail prenne le pas sur leur vie privée. Impression ou réalité, quels en sont les risques?

Afin d’évaluer plus précisément le risque de burn-out, Securex a utilisé le Burn-out Assessment Tool de la KU Leuven. Il en ressort, sans surprise, que dans les entreprises où les employeurs attendent implicitement ou demandent explicitement aux travailleurs de continuer à travailler en dehors des heures de travail, le risque d’un burn-out grandit. Statistiquement, ces travailleurs sont 4,8 fois plus exposés au burn-out, avec 18,2 % des travailleurs exposés à un risque sérieux.

Et de souligner que dans les entreprises dont les employeurs n’ont pas d’attentes concernant le travail en dehors des heures de travail, le risque de burn-out chez les travailleurs s’élève à 3,8 %.

En revanche, si les travailleurs choisissent librement de travailler en dehors de leurs heures de travail, à ce moment-là le risque de burn-out diminue à hauteur de 2,6 fois.

Donc le droit à la déconnexion, oui mais… avec modération. « Un cadre concret pour le droit à la déconnexion favorisera certainement le bien-être des travailleurs, à condition qu’il n’y ait pas d’obligation de déconnexion pour tout le monde, met en garde Jacqueline Jost, conseillère en prévention pour le bien-être psychosocial chez Securex. Exiger radicalement de chaque employé qu’il se déconnecte pourrait avoir un effet nocif, car une partie non négligeable des travailleurs est heureuse de ne pas séparer strictement leurs heures de travail de leurs heures de vie privée. »

Mais conclut-elle : « Lorsqu’un employé choisit d’accomplir un certain nombre de tâches le soir ou le week-end, il peut s’agir d’un choix sain. À condition que cela ne devienne pas une habitude, car l’excès n’est jamais bon. Le travail volontaire en dehors des heures de travail est donc une décision individuelle qui ne doit pas faire pression sur les collègues pour qu’ils fassent de même. »

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