Un cabinet d’avocats passe en mode virtuel

© ISTOCK

Online Lawyers propose ses services exclusivement en ligne. Grâce à ce positionnement inédit, ce bureau d’avocats revendique trois à cinq nouveaux clients par jour.

Un conseil juridique en quelques clics : c’est la promesse que fait Online Lawyers à ses clients. ” Traditionnellement, quand on va chez un avocat, on sait quand ça commence, mais on ne sait pas quand ça finit. Avec notre service en ligne, nous repensons totalement la relation client “, explique Jacquelin d’Oultremont, fondateur d’Online Lawyers. A la tête de ce nouveau cabinet virtuel, créé en décembre dernier, l’avocat veut instaurer plus de prévisibilité dans les relations entre les professionnels du droit et leurs clients, tant en termes de délais que de coûts.

Online Lawyers promet une réponse juridique circonstanciée dans un délai strict, pour un montant forfaitaire déterminé à l’avance. Le tarif est dégressif en fonction du degré d’urgence de la question posée. Comptez 195 euros (hors TVA) pour une réponse dans les 24 heures, 120 euros dans les 48 heures et 95 euros pour une réponse dans les six jours ouvrés.

Sur le site, le client remplit un formulaire type où il expose la problématique à laquelle il est confronté. Le client choisit parmi les spécialités, très larges couvertes par le cabinet : droit des entreprises, droit commercial, droit immobilier, propriété intellectuelle, droit social, etc. L’équipe, composée d’une petite dizaine d’avocats, a-t-elle réellement réponse à tout ? ” Non, concède Jacquelin d’Oultremont. Nous avons certaines matières préférentielles. Si certaines questions juridiques n’en font pas partie, nous indiquons au client que nous ne pouvons pas nous en occuper. Par exemple, nous ne faisons pas de droit fiscal, ce n’est pas dans notre core business .”

Emanation d’un cabinet physique

La difficulté d’une telle entreprise numérique reste de se faire connaître. Online Lawyers mise sur un bon référencement sur Internet, mais aussi sur le bouche-à- oreille. Cela porte déjà ses fruits : d’après son fondateur, le cabinet virtuel attire déjà entre trois et cinq nouveaux clients par jour. Des clients qui ne sont pas tous restés ” virtuels “, puisque la moitié d’entre eux ont fini par rencontrer au moins une fois leur avocat… dans des locaux bien réels. Online Lawyers est en effet l’émanation de MCW, un cabinet bruxellois créé en 1997, qui compte une bonne vingtaine d’avocats. Le cabinet virtuel ne démarre donc pas de zéro. Il n’a pas non plus pour vocation de jouer un rôle d’intermédiaire disruptif, comme la start-up de la legaltech OSA (lire ” Quand les avocats consultent par Skype ” sur trends.be/lawyerz), qui regroupe des avocats travaillant pour différents cabinets. Online Lawyers est un bureau d’avocats qui a décidé de passer en mode virtuel.

Les clients qui ont contacté Online Lawyers en direct via sa plateforme en ligne sont essentiellement des PME, des entrepreneurs et des ASBL. Plusieurs start-up ont également fait appel au cabinet virtuel pour des problématiques aussi variées que la création des statuts de la société, la protection d’un logo ou une interrogation concernant le financement de l’entreprise. Une solution online serait particulièrement adaptée à ce public : ” Les start-up décrochent moins vite leur téléphone pour nous contacter, avance Jacquelin d’Oultremont. Ils préfèrent tout faire en ligne “. Ce type de service ne s’adresse pas aux grandes entreprises, qui continueront de faire appel aux grosses structures nationales ou internationales. Le cabinet virtuel concurrence plutôt le marché du droit commercial couvert par les cabinets d’avocats de petite taille ou de taille moyenne, qui visent les PME. Ce qui constitue déjà un marché important. ” La Belgique est un pays de PME “, rappelle le fondateur d’Online Lawyers.

Une nouvelle manière de casser les prix ?

Certaines problématiques juridiques sont plus faciles à résoudre que d’autres. Si le forfait de 95 euros peut servir à expliciter la procédure de renouvellement d’un bail commercial, inutile d’imaginer qu’il peut couvrir une consultation complexe concernant la mise en application d’une directive européenne. ” Dans un tel cas, nous communiquons au client les principes généraux de mise en oeuvre de la directive, détaille Jacquelin d’Oultremont. S’il souhaite aller plus loin dans les détails, nous lui proposons un devis pour des prestations supplémentaires. ”

Au-delà des consultations juridiques, le client peut aussi solliciter Online Laywers pour introduire une action en justice. C’est même la spécialité de l’équipe : 80 % des dossiers qu’elle traite sous la coupole du cabinet (physique) MCW sont des litiges. Cette expertise dans les litiges permet au bureau de proposer des forfaits adaptés aux actions judiciaires envisagées par le client. Mais dans ce cas, à nouveau, ce dernier sort du forfait de base et se voit proposer une formule sur mesure.

Cette solution virtuelle évite donc au client des déplacements inutiles et lui promet une tarification forfaitaire censée être plus avantageuse. Si la dématérialisation de la relation avec le client est certes une nouveauté, de nombreux cabinets fonctionnent déjà avec des systèmes de forfaits. Quel est dès lors le véritable avantage concurrentiel d’Online Lawyers ? Le cabinet virtuel fonctionne-t-il sur la base d’un modèle low cost, employant une équipe d’avocats juniors qui cassent les prix ? Jacquelin d’Oultremont assure que son intention n’est pas de faire baisser les tarifs sur le marché du conseil juridique. ” Les prix ne diminuent pas. Par contre, nous garantissons que nos avocats se focalisent sur des tâches où ils ont une réelle valeur ajoutée. La plus-value de l’avocat, ce n’est pas de remplir des formulaires. Cela, notre client peut le faire en ligne. Nous sommes là pour fournir notre contribution intellectuelle, pour apporter une réponse à la question juridique posée. ”

Plus loin dans l’automatisation

Jacquelin d’Oultremont envisage d’ailleurs d’aller plus loin et de proposer d’autres fonctions automatisées plus perfectionnées qu’un simple formulaire en ligne. Dans la prochaine version du site internet, il pourrait proposer des documents types (bail, statuts de société, etc.) que le client remplirait en ligne et qui seraient ensuite contrôlés par un avocat. ” Nous avons des collections de documents types dans nos armoires “, se réjouit l’avocat.

C’est à ce genre de service que s’attaquent des start-up de la legaltech comme Captain Contrat (lire ” Certains avocats vivent encore sur du travail à faible valeur ajoutée ” sur trends.be/lawyerz) ou Le Bon Bail. Celles-ci garantissent la fiabilité de leurs documents, qui ont été établis par des juristes, mais leur utilisation par le client ne fait pas l’objet d’un contrôle a posteriori. ” Ce que nous apportons en plus, c’est l’expertise d’un avocat : celui-ci valide le document rempli par le client et engage sa responsabilité professionnelle “, pointe Jacquelin d’Oultremont.

Partner Content