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TikTok, faux nez du gouvernement communiste chinois ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Et si TikTok était le faux nez de Pékin ? J’ai parlé ici même de cette application, en expliquant que le patron de la BBC la considérait comme dangereuse pour l’avenir même de son institution, pour la simple raison que les jeunes de 16 à 34 ans y passent plus de temps que sur l’une des chaines de la BBC.

D’ailleurs aujourd’hui, à cause de la hausse de l’inflation et de la baisse du pouvoir d’achat, on remarque que les ménages ne gardent plus tous leurs abonnements à des plateformes de streaming. Si hier encore, on pouvait s’abonner à Netflix, Amazon Prime et Disney+ en même temps, l’inflation est passée par là, et des choix se font. Mais le souci pour les télés classiques, c’est que cette résiliation d’abonnement ne leur profite pas, mais profite à You Tube et à TikTok…

C’est un enjeu de taille, surtout pour TikTok, car Tristan Harris, un ex-ingénieur de Google et qui est aujourd’hui devenu la conscience de la Silicon Valley, essaie d’alerter les parents occidentaux contre l’influence néfaste de TikTok, une application qui, partie de rien il y a 3 ans, risque de terminer l’année 2022 avec 1,8 milliard d’utilisateurs. Le message de Tristan Harris est déconcertant. Selon lui, et il vient de le confirmer dans un reportage de la chaine américaine CBS, la Chine protège ses enfants contre les jeux vidéo, mais rend les nôtres débiles avec le réseau social TikTok.

Très clairement, il rappelle qu’en Chine le contact avec ce genre d’appli est strictement limité à 40 minutes par jour et si vous regardez le contenu (on parle de visites de musées, de vidéos éducatives), alors que la version TikTok appauvrie pour notre monde occidental enfile les débilités. Autrement dit, TikTok formule chinoise est un outil d’éducation, alors que TikTok formule occidentale serait une nouvelle forme d’opium du peuple. C’est ce qu’a déclaré Tristan Harris durant la fameuse émission “60 Minutes” de la chaine américaine CBS.

C’est un souci éthique bien entendu, mais aussi un souci économique. Le docteur Laurent Alexandre a souvent expliqué que la guerre économique de demain sera une guerre des cerveaux ; autant éviter que les cerveaux de nos jeunes ne soient abrutis par des applis addictives. La question est aussi juridique, car en Europe, on a aussi compris que quand le produit est gratuit, c’est que nous sommes le produit, et donc, nos parlementaires européens ont légiféré sur la protection de nos données (et c’est très bien ainsi). Le seul gros souci, très gros souci, c’est que c’est bien de vérifier que Meta, Twitter ou TikTok n’influence pas nos votes, mais, comme dit Le Figaro, on a juste oublié de s’inquiéter qu’une appli comme TikTok rend bête. D’où la question peu débattue : pourquoi ne pas imposer un âge minimal pour accéder aux réseaux sociaux, exactement comme il y a un âge pour acheter de l’alcool, un paquet de cigarettes ou jouer aux jeux d’argent. Après tout, tous ces vices ont un point commun avec les applis comme TikTok, ils provoquent une augmentation de la dopamine chez l’être humain.

Quand je disais que TikTok était considéré par certains comme le faux nez de Pékin, la question mérite d’être débattue : si l’on pense que TikTok est le rival des États-Unis pour la suprématie du monde, pensez-vous qu’il n’aura aucune influence sur la politique interne américaine ? D’ailleurs, comme le faisait remarquer Scott Galloway, professeur à l’université de New York, et l’un des meilleurs spécialistes marketing du monde, je le cite : “Est-on à l’aise avec l’idée qu’une organisation étrangère puisse contrôler ce que voient nos enfants ? TikTok devait être interdit, point final.”

Et vous, vous en pensez quoi ?

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