SNCB : la double peine des usagers ?

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La SNCB compte réaliser 110 millions d’euros d’économie, notamment en supprimant près de 200 trains. Une situation déjà difficile pour nombre d’usagers des chemins de fer, qui pourraient également subir des actions syndicales de protestation. La Wallonie, en outre, serait davantage touchée que la Flandre, selon Olivier Maingain.

Il n’est pas impossible que des actions soient organisées après les décisions prises mardi par le conseil d’administration de la SNCB, a averti Jos Digneffe, de l’ACOD-Spoor (branche flamande de la CGSP-Cheminots). Selon lui, 97 des 110 millions d’économies annoncées seront réalisées au détriment du personnel. Le syndicat craint la disparition d’un millier d’emplois, principalement dans les ateliers mais aussi parmi les accompagnateurs de trains.

Le syndicat consultera sa base la semaine prochaine. “Il y a déjà énormément de mécontentement sur la situation actuelle, indique Jos Digneffe. Les dernières décisions pourraient être la goutte de trop. Des actions ne sont pas à exclure.” Le syndicaliste flamand espère toutefois réussir à éviter des mouvements spontanés.

Trains supprimés : la Wallonie plus touchée que la Flandre, dénoncent les FDF

La restructuration du transport ferroviaire décidée mardi par le conseil d’administration de la SNCB pénalise davantage la Wallonie que la Flandre, a affirmé mercredi Olivier Maingain, président des FDF. Selon les informations dont ce dernier dispose, 60 % des lignes ferroviaires concernées par une suppression sont situées au sud du pays, a-t-il précisé à l’agence Belga.

“En opérant ce choix, les autorités de la SNCB portent atteinte non seulement à la mission de service public qui leur incombe mais aussi au redéploiement économique de certaines régions wallonnes”, commente le président des FDF.

Ce faisant, le conseil d’administration de la SNCB a anticipé les orientations de politique ferroviaire que le futur gouvernement doit arrêter, estime-t-il. “Faut-il comprendre que la présidente socialiste du conseil d’administration de la SNCB, par ailleurs chef de cabinet de la vice-Première ministre Onkelinx, exécute déjà les mesures d’austérité dans le secteur du transport public que le formateur Elio Di Rupo voudrait imposer ?, se demande Olivier Maingain, visant Laurence Bovy.

A ses yeux, les négociateurs des partis francophones se doivent de remettre en cause les choix effectués et de veiller à un projet cohérent de développement du transport ferroviaire, politique prioritaire en faveur du développement durable. “A défaut, les partis francophones associés à la négociation gouvernementale seraient aussi responsables des choix effectués par la SNCB au détriment de la Wallonie.”

SNCB : le MR “se réjouit que la SNCB fasse machine arrière”

Le MR, de son côté, a dit “se réjouir” que la SNCB “fasse machine arrière” et “ne confonde pas gestion rigoureuse avec diète douloureuse pour les usagers”. “La semaine dernière, nous avions les pires craintes car aussi bien la diminution de l’offre que la suppression de nombreux postes risquaient d’être préjudiciable pour le rail belge, a précisé Valérie De Bue, députée fédérale MR. Aujourd’hui, la SNCB a entendu le message commun pour prendre les mesures utiles à son redressement économique sans pour autant en faire payer le prix fort aux usagers ni à ses travailleurs.”

“Nous serons particulièrement vigilants quant à la mise en place des alternatives proposées par la SNCB”, a-t-elle ajouté.

Selon le MR, il incombe par ailleurs aux dirigeants des chemins de fer d’effectuer des économies “prioritairement dans d’autres secteurs que le service roulant” : “Les trois dirigeants de la SNCB ont gagné ensemble 1,46 million d’euros brut en 2009. Vous rajoutez à cela la réfection de certaines gares comme celle de Mons, dont l’ardoise s’élève déjà à 155 millions d’euros, et vous comprendrez qu’il nous est difficile de cautionner des coupes claires sur le dos des usagers.”

SNCB : 9 réunions pour avaliser la suppression de 170 trains nationaux

Au terme de neuf réunions et de longs mois de discussions, le conseil d’administration de la SNCB a finalement avalisé, mardi soir, la suppression de 170 trains du trafic intérieur à partir de décembre 2012 auxquels s’ajoutent 23 trains transfrontaliers, dont la disparition pourrait être effective en 2014, a annoncé la SNCB dans la soirée.

Cette mesure, qui correspond à 1,91 % de l’offre mesurée en trains/km, pourrait concerner 2.800 voyageurs “au maximum” pour une économie de l’ordre de 13 millions d’euros à l’horizon 2015, a commenté au cours d’un point presse Marc Descheemaecker, administrateur délégué de la SNCB. Elle permettrait en outre à la société de chemins de fer de “réaliser ses objectifs comptables”, en d’autres termes de renouer avec un flux de trésorerie d’exploitation positif, a précisé le responsable.

Dans le détail,disparaîtront les trains dont les recettes commerciales ne couvrent pas leur coût énergétique, ceux qui ne transportent pas plus de 40 voyageurs et ceux qui ne sont pas repris dans le contrat de gestion liant la société à l’Etat.

Afin de palier ces suppressions annoncées, le conseil d’administration charge par ailleurs “le comité de direction d’étudier, dès à présent, la possibilité de mettre en place un mode de transport public mieux adapté à la demande, plus économique et plus écologique afin de maintenir une offre de transport minimale lorsqu’il est envisagé de supprimer trois trains consécutifs ou si l’offre ferroviaire ne propose pas d’alternative dans les 60 minutes”.

SNCB : les 293 trains supprimés ne sont que la partie émergée de l’iceberg

Si elles font couler beaucoup d’encre, ces suppressions de trains – inférieures aux estimations des derniers jours, qui parlaient de la disparition de 302 trains – ne constituent toutefois que le sommet de l’iceberg, puisqu’elles s’inscrivent dans un plan d’entreprise plus vaste, conduisant à des économies de plus de 100 millions d’euros d’ici à 2015.

Afin d’atteindre cet objectif, les services administratifs et de support seront particulièrement sollicités, même si “tous les postes de frais seront touchés”, a encore indiqué Marc Descheemaecker.

Le conseil d’administration n’a toutefois pas donné son aval à la disparition de points d’arrêt et de gares, demandant à ce propos qu’une étude approfondie sur leur optimalisation soit menée dans le cadre du plan transport 2013-2025. Il n’en reste pas moins que dans l’attente de cette étude, les investissements planifiés d’ici à fin 2012 sont gelés.

“Le conseil d’administration a pris une décision difficile mais nécessaire pour les voyageurs, les cheminots et les contribuables”, a conclu Marc Descheemaecker. Un avis que ne partagent ni les syndicats ni les navetteurs. Tous ont fait part de leur déception et de leurs inquiétudes, la CGSP-Cheminots allant même jusqu’à évoquer la disparition de quelque 1.200 emplois.

Trends.be, avec Belga

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