Sébastien Delfosse (ManpowerGroup BeLux): “Un salaire compétitif ne suffit plus pour recruter”

Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

80% des entreprises belges peinent à recruter le personnel nécessaire. Le patron de ManpowerGroup BeLux, Sébastien Delfosse, évoque les remèdes à cette pénurie de main-d’œuvre, dans un entretien pour l’émission Trends Talk. Une occasion pour lui de parler aussi de l’enlisement du conflit chez Delhaize et… des séries Netflix.

Il y a officiellement en Belgique 189.000 postes vacants. Cette difficulté de recrutement vient, selon Sébastien Delfosse, de la conjonction de deux éléments. D’une part, la démographie réduit mécaniquement le nombre de candidats potentiels pour les postes. D’autre part, il y a une évolution claire des attentes des individus par rapport à ce que le travail représente dans leur vie. « Ils sont en meilleure position pour négocier et mettre en avant le fait qu’un travail ce n’est pas seulement prester 40h/semaine pour un salaire défini, mais aussi un développement personnel, un épanouissement », explique-t-il dans l’émission Trends Talk, qui sera diffusée ce week-end sur Canal Z. L’offre de formation ou les missions d’une entreprise deviennent alors des éléments décisifs pour recruter. Plus que le salaire offert ? « La rémunération reste un facteur important, certainement en cette période où chacun est attentif à son pouvoir d’achat, nuance Sébastien Delfosse. Mais elle n’est plus totalement prépondérante, ce n’est plus qu’un des éléments qui vont jouer. Offrir un salaire compétitif ne suffit plus. »

Les attentes en matière de développement personnel ou du « sens » d’une entreprise varient cependant d’un individu à l’autre et même d’une période de la vie à une autre (l’âge des enfants notamment). « Ça demande une grande souplesse de la part des entreprises, poursuit le directeur de ManpowerGroup Belux. Ce n’est pas évident, car il faut gérer en même temps la plus grande transparence et d’organisation des équipes. Quand on avance vers quelque chose de beaucoup plus individuel qui peut poser des questions d’équité au sein de l’entreprise. »

Sébastien Delfosse évoque aussi l’élargissement du vivier des candidats, avec le recours à de la main-d’œuvre étrangère ou à ces travailleurs âgés, dont le taux d’emploi est particulièrement bas en Belgique. L’activation des demandeurs d’emploi est évidemment un autre levier. Devrait-elle passer, comme plusieurs partis politiques le suggèrent, par une limitation dans le temps des allocations de chômage ? « L’effet de cette mesure est parfois surestimé, répond Sébastien Delfosse. La dégressivité des allocations a été instaurée il y a quelques années et elle n’a pas eu un impact visible sur l’activation. La limitation dans le temps me paraît néanmoins une chose à faire pour des raisons d’équité dans la société. Mais cela ne résoudra pas les pénuries de main-d’œuvre. »

Au cours du Trends Talk, le directeur de ManpowerGroup BeLux a encore évoqué une actualité économique qui l’a marqué : l’enlisement du conflit social chez Delhaize. «On voit tout un secteur qui doit faire face à la transformation de son business-model, explique-t-il. Dans ce processus, il arrive en opposition avec les organisations syndicales, et même plus largement l’opinion publique, qui veulent protéger les acquis. Ce qu’on voit dans la distribution peut arriver demain dans beaucoup d’autres secteurs.»

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