Seagle: un avion belge pour combattre les feux de forêt

Seagle
© roadfour.com

Leur avion n’est pas pour tout de suite, mais il pourrait combattre les feux de forêt à l’été 2030. Au salon aéronautique du Bourget, près de Paris, la société belge Roadfour cherche à faire connaître son appareil Seagle, pour mener à bien ce projet d’envergure.

“Cela reste un marché de niche”, commente Frédéric Dumortier, l’un des dirigeants de Roadfour, sur le stand de la société. Pourtant, il y a urgence, alors que les incendies deviennent de plus en plus intenses sous le coup du réchauffement climatique, gagnant même des régions autrefois épargnées, comme la Suède.

“Il y a un besoin réel d’avions de ce type”, martèle Frédéric Dumortier.

Son équipe veut produire un appareil qui permettrait de larguer 12.000 litres d’eau à la fois sur un incendie.

Mais pour développer le Seagle, il faudra “un milliard d’euros” d’investissements, indique l’ingénieur. La petite société de 20 personnes cherche donc à lever des fonds, et dit avoir rencontré de l’intérêt de la part de l’Union européenne, mais aussi d’acteurs privés aux Etats-Unis.

“Nous sommes convaincus que si on ne lance pas ce projet aujourd’hui, en 2030 il y aura des feux beaucoup plus importants, et nous allons manquer de moyens aériens”, anticipe M. Dumortier.

La lutte contre les feux passe traditionnellement par divers bombardiers d’eau: les Canadair, qui peuvent larguer 6.000 litres d’eau en quelques secondes, les Dash (un réservoir de 10.000 litres d’eau ou de produit retardant) ou encore les Trackers (capables d’emporter plus de 3.000 litres d’eau, ceux-ci ne sont plus utilisés par la Sécurité civile en France).

Dans tous les cas, leur nombre est limité, et les avions encore en circulation sont vieillissants. Il existe environ 160 Canadair dans le monde actuellement. Or, leur construction a été arrêtée en 2015.

“Lorsque nous avons racheté le programme en 2016, il y avait zéro commande”, rapporte Jean-Philippe Côté, vice-président chargé des programmes du constructeur canadien De Havilland, qui a racheté Canadair.

Seagle
© roadfour.com

Toutefois, “depuis l’an dernier, nous sommes approchés par des opérateurs qui souhaitent que nous relancions la production”, dit-il. De Havilland a reçu une commande d’Etats membres de l’Union européenne pour 22 appareils, dont une douzaine dans le cadre de son système RescEU, un mécanisme qui permet à des pays membres de mutualiser des bombardiers d’eau.

Plus de technologies

Le tout dernier modèle de Canadair, le DHC-515, devrait être livré d’ici à 2026 pour la saison estivale de 2027, assure la compagnie, qui dit avoir aussi eu des manifestations d’intérêt de pays d’Afrique du Nord ou d’Amérique latine.

A terme, De Havilland envisage la vente d’environ 200 appareils 515 dans les 15 à 20 prochaines années.

D’autres compagnies évaluent leurs options, qui consistent surtout à adapter leurs appareils existants. Airbus a ainsi effectué des tests pour transformer son avion de transport militaire A400M en bombardier d’eau, à l’aide d’une citerne amovible. L’avionneur continue de travailler sur ce projet en tant que solution d’appoint.

L’entreprise de défense américaine Lockheed Martin, qui fabrique des avions de combat, dit collaborer avec des acteurs privés sur des technologies innovantes – utilisant l’intelligence artificielle – afin de produire des données spécifiques aux incendies.

Utiliser des technologies militaires dans le secteur civil: c’est aussi la démarche de l’ancien pilote de chasse français Pierre Carlotti, fondateur d’Aria Firefighting, qui propose aux départements et régions trois avions d’une capacité de 3.000 litres d’eau, équipés des technologies de la société américaine Overwatch Imaging.

Ce système de capteurs va permettre de cartographier et d’analyser les images des incendies via l’intelligence artificielle, pour livrer aux pompiers sur le terrain un maximum d’information.

Aria va aussi utiliser un simulateur d’incendie, “Firecaster”, qui prend en compte la topographie de la zone ou encore la météo, afin d’anticiper la propagation de l’incendie.

“Une opération sur un feu est comme une opération au sol des armées. On peut utiliser des technologies qui sont parfois plus importantes que le largage de l’eau”, explique ainsi Pierre Carlotti, qui regrette le manque de moyens consacrés à la lutte contre les incendies.

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