Un manager toxique fait planer le risque d’un burnout sur un travailleur sur deux

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54% des travailleurs soumis à un leadership toxique risquent le burn-out, selon une étude de Securex et de la KU Leuven.

Une étude, menée conjointement par Securex et la KU Leuven, a permis de distinguer trois styles de managers différents: le soutenant, le toxique et le neutre. Et de déterminer le risque de burn-out pour chacun de ces trois profils.

Partant du postulat de départ que le style d’un manager définit à hauteur de 32% le risque de burn-out chez les travailleurs, l’étude attire l’attention sur le fait que seul un tiers des travailleurs (33 %) estiment avoir un supérieur qui les soutiennent et qui aident à prévenir l’épuisement professionnel. Parallèlement, ce manager (soutenant) apporte énormément à son équipe, car seulement 1% des personnes travaillant pour lui risque de faire un burn-out.

Si un manager affiche un leadership qualifié de toxique, plus de la moitié de ses collaborateurs (54 %) sont à risque de glisser vers l’épuisement professionnel. Pire, 38 % pourraient même démissionner à tout moment. Il ne faut pas croire qu’un style de management neutre ne fasse courir aucun risque de burn-out aux collaborateurs. Même si le risque de voir démissionner de manière immédiate ses collaborateurs diminue avec ce type de leadership, il reste néanmoins présent chez 18% d’entre eux.

Finalement, selon l’étude, il y aurait 5% des travailleurs en Belgique qui ont affaire à un manager toxique et 62% à un manager neutre, présentant à la fois des comportements de soutien et des comportements toxiques.

Effet de contagion

Anja Van den Broeck, Professeure à la KU Leuven, explique que « le leadership toxique est un style qu’il faut éviter à tout prix, quel que soit le degré de télétravail. Il est directement néfaste pour la performance ainsi que le bien-être des travailleurs, et a également un impact négatif sur l’ensemble des équipes qui voudront éviter de travailler ensemble. »

Et de préciser encore que « le leadership toxique est contagieux, surtout dans le cas d’un CEO affichant ce type de leadership. Si l’organisation n’intervient pas en interne, cela peut dégénérer en une vaste culture d’entreprise négative au sein de toute l’organisation. »

Il n’est donc pas surprenant que le meilleur conseil soit d’éviter absolument que ce leadership toxique ne se répande dans la société, car il a non seulement des répercussions sur le risque de burn-out, mais il nuit également à la performance de l’équipe.

Selon l’étude, le style de leadership déterminerait également jusqu’à 24 % des performances des travailleurs. Et de préciser que « Le style de leadership définirait 16 % du comportement lié à l’innovation, 21 % de la motivation et 24 % de la productivité d’un collaborateur, indépendamment du sexe, de la fonction ou de l’expérience. »

L’étude montre que les travailleurs obtiennent des scores nettement plus élevés sur ces critères lorsqu’ils bénéficient d’un style de leadership soutenant. Avec un manager à l’écoute et présent, ils sont 92 % à être performants, alors que ce chiffre tombe à 51 % sous un leadership toxique.

S’en protéger ?

Quelles sont les possibilités qui s’offrent aux travailleurs en proie à un manager toxique ? Il y’en a peu malheureusement. La première restant la démission… Or « dans le cadre de la guerre des talents actuelle, ce n’est pas une bonne chose, car les travailleurs quittent souvent leur poste à cause de leur manager, souligne Anja Van den Broeck, Professeure à la KU Leuven. Et même s’ils décident de rester, une culture de travail toxique ne crée pas de bons ambassadeurs permettant d’attirer de nouvelles personnes. »

Reste la solution, quand elle est possible, du télétravail. En effet, si 95% des travailleurs ne voient pas leurs performances augmenter, pas plus qu’ils ne les voient diminuer en télétravaillant, les 5% restant voient, eux, leurs performances augmenter lorsqu’ils travaillent à domicile. Pourquoi ? Parce que ce sont justement ceux dont le manager est toxique. De même qu’ils voient nettement leurs performances chuter lorsqu’ils retournent au bureau, où ils sont à nouveau davantage en contact avec leur supérieur.

L’impact négatif d’un manager toxique serait donc plus important chez les travailleurs qui se rendent à leur lieu de travail que chez ceux qui pratiquent le télétravail.

Quelles sont les qualités d’un bon manager ?

Selon cette étude, seulement 33 % des managers ont un style de leadership qui permet d’éviter le burnout à leurs collaborateurs. Elle souligne encore que les bons managers donnent de l’autonomie à leurs travailleurs, créent des liens avec eux et leur donnent l’occasion de se sentir compétents.

Plus en détail, l’autonomie apporte aux travailleurs le sentiment de pouvoir être eux-mêmes et de faire preuve de liberté dans leurs tâches ou leurs projets. En se sentant libres d’être eux-mêmes, les collaborateurs d’un manager soutenant peuvent utiliser et développer leurs talents de manière optimale. Quant à la création de liens, elle permet de renforcer le sentiment d’appartenance et ainsi la cohésion de l’équipe.

« En répondant à ces trois besoins, le leadership soutenant fournit également une structure de travail sous la forme d’objectifs et de limites définis ensemble autant que possible, conclut l’étude. Cela contraste fortement avec un leadership toxique qui apparaît comme contrôlant et passif, n’offrant aucune structure ou vision. Un manager au style indéfini présente toutes les caractéristiques citées précédemment, mais pas au point d’être considéré comme l’un ou l’autre de ces types de leadership. »

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