Sept conseils pour faire respecter votre droit à la déconnexion  

Sebastien Marien Stagiair Data News 

Depuis le 1er avril, le droit à la déconnexion s’applique en Belgique. En dehors des heures de travail, tout travailleur a désormais le droit d’être injoignable. Il n’est pas censé relever ses mails ni répondre à des appels téléphoniques professionnels. Près de trois quarts des salariés (74 %) y sont favorables, mais la plupart d’entre eux (65 %) et encore plus de cadres (75 %) estiment qu’il n’est pas possible, dans la pratique, de se rendre de la sorte injoignable.

Voici 7 conseils pour faire respecter dans les meilleures conditions votre droit à la déconnexion avec votre employeur.

Les employés des entreprises comptant 20 salariés ou plus ont le droit d’être injoignables en dehors des heures de travail. Ce droit à la déconnexion est devenu obligatoire dans les conventions collectives et les contrats de travail depuis le 1er avril.

Et si le fait d’être injoignable peut sembler surréaliste à la majorité des employés et des cadres, il s’agit pourtant d’un droit. Protime, une entreprise connue pour ses outils de gestion du temps, a mené une enquête auprès de 1 000 employés flamands. 34 % d’entre eux ressentent moins de stress en se déconnectant de leur travail. Lode Godderis, professeur de médecine du travail à la KU Leuven, explique en sept conseils comment réussir à ignorer les courriels et les téléphones en dehors des heures de boulot.

1. Concertez-vous avec votre employeur

Tout commence par des attentes correctes de la part de l’employé et de l’employeur, insiste le professeur Lode Godderis. “Assurez-vous qu’au cours d’une réunion d’équipe, il soit établi de quelle manière les employés peuvent se rendre injoignables, tout en assurant une permanence sur le lieu de travail si nécessaire. Toutefois, de bons accords et une bonne communication sont essentiels pour que les attentes soient plus claires. »

“Dans certains secteurs, où certaines tâches ou la communication en dehors des heures de travail sont cruciales, il peut être utile, par exemple, de travailler en équipes. Si vous prenez du temps le soir pour répondre à des courriels ou à des appels téléphoniques, cela signifie que vous pouvez vous déconnecter à un autre moment. L’enquête montre que le “droit à la déconnexion” permet à 41 % des personnes contactées en dehors des heures de travail d’être plus réceptives”.

Plus que jamais, nous utilisons des moyens numériques pour nous connecter les uns aux autres. Les réunions en visioconférences sont très populaires, mais selon le professeur, vous pouvez également utiliser ces outils pour vous protéger du travail. “Dans votre agenda, vous indiquez quand vous êtes joignable, et dans les paramètres de votre smartphone, vous empêchez les notifications de votre e-mail professionnel selon un temps défini. Pas de notifications en dehors des heures de travail”, précise le professeur Godderis.

Lode Godderis, professeur de médecine du travail à la KU Leuven

2. Etablissez des barrières entre vie pro et privée

Le fait de travailler beaucoup plus à domicile depuis la crise sanitaire est perçu comme positif par la plupart des travailleurs. Pourtant, nous sommes toujours à la recherche de la bonne manière de mettre en place ce télétravail. En partie, parce que les employés paient eux-mêmes une grande partie des coûts qu’ils encourent à domicile, mais aussi pour leur santé mentale. “Les personnes qui travaillent beaucoup à domicile risquent de voir leur vie professionnelle et leur vie privée s’entremêler. Il s’agit donc d’établir soi-même des barrières. Faites également la navette entre votre domicile et votre lieu de travail, comme vous le feriez le matin pour vous rendre au travail. Cela peut paraître étrange, mais une promenade vous prépare au travail. Il est également préférable de travailler dans une pièce différente de celle où l’on se détend le soir”, explique le professeur.

Lode Godderis est conscient que, dans la pratique, cela n’est pas toujours possible. “Par exemple, si vous vivez dans un petit studio, il est préférable de ranger votre ordinateur portable dans une armoire après le travail. De cette manière, ce stimulus visuel qui vous rappelle le travail se trouve hors de votre champ de vision. Et après votre journée de travail, terminez par une promenade. Quand vous rentrez à la maison, vous ne verrez plus votre ordinateur portable”.

3. Demandez une compensation pour votre flexibilité

“Il est faux de dire que tout le monde subit son lot de stress en étant disponible en dehors des heures de travail. Tout le monde n’a pas de souci avec cela et certainement pas lorsqu’il s’agit d’une situation donnant-donnant. Vous pouvez également compter sur la flexibilité de votre employeur dans le sens inverse”, note Godderis.

“Il est faux de dire que tout le monde subit son lot de stress en étant disponible en dehors des heures de travail.”

“Par exemple, dans une situation de télétravail et pendant les heures de bureau classiques, 9-17h, il peut être pratique de sortir brièvement pour faire ses courses ou pour aller chercher les enfants à la garderie. Dans ce cas, vous pourriez travailler une heure de plus pendant la semaine, lorsque vous n’avez pas la garde de vos enfants. Vous serez alors plus vite libre quand vous aurez vos enfants à la maison. D’autre part, vous pouvez également demander une compensation financière en échange de votre disponibilité”. Cette compensation peut prendre la forme de paiement d’heures supplémentaires ou d’une indemnité d’horaire flexible déterminée par un contrat.

4. Définissez quand passer à l’action en cas d’urgence

Vous jetez un coup d’œil aux notifications de votre téléphone et constatez qu’il y a vraiment un problème urgent. Allez-vous alors passer à l’action ou rester tranquillement devant la télévision ? “Ces processus doivent être déterminés à l’avance”, affirme fermement le professeur. “Si vous travaillez dans un secteur où vous devez résoudre des problèmes vraiment urgents même après les heures de bureau, vous pouvez convenir que ces informations ne seront transmises que par téléphone. Vous pourrez alors, au moins, désactiver les notifications sur votre boîte aux lettres en dehors des heures de travail.”

5. Tenez-vous en aux faits

Tous les environnements de travail ne sont pas identiques et, dans certaines entreprises ou certains services, la concurrence est parfois rude. Les charges de travail élevées sont presque la règle, et non l’exception. Alors, comment faire valoir votre droit à la déconnexion ? “Il faut s’en tenir aux faits”, conseille le professeur de médecine du travail. “Expliquez comment ces courriels et ces appels téléphoniques en dehors des heures de travail affectent négativement votre productivité. Même dans un environnement compétitif, un patron veut que vous fonctionniez de manière optimale, même si cela signifie ne pas consulter votre boîte aux lettres tous les soirs. Montrez le type de travail que vous effectuez et le nombre d’heures par semaine que vous êtes prêt à consacrer à l’entreprise. Mais, il est vrai que plusieurs études suggèrent que dans ce type de situation de travail, la chose la plus difficile est de rendre la déconnexion négociable”.

6. Petite ou grande entreprise

Le fait qu’une entreprise ait pris ou non des dispositions pour assurer l’accessibilité de ses employés en dehors des heures de bureau dépend souvent de la taille de l’entreprise. Dans les organisations de moins de 20 employés, un quart d’entre elles ont conclu des accords sur la disponibilité en dehors des heures de travail (aucun accord : 58% / ne sait pas 17%). Dans les organisations de 20 salariés ou plus, des accords ont été conclus avec 35 % des salariés (pas d’accord : 49 % / ne sait pas : 16 %).

“Les grandes entreprises sont beaucoup plus susceptibles d’avoir des politiques claires, tandis que les employés des petites entreprises doivent s’en remettre à des accords informels. Dans une petite entreprise, il s’agit de prendre l’initiative. L’avantage est que, grâce à ce mode de contact informel vous pouvez souvent compter sur une plus grande flexibilité. Grâce à vos relations personnelles avec vos collègues ou à votre situation familiale particulière vous pouvez bénéficier d’une plus grande compréhension. »

7. Et quand le patron refuse de se plier à l’exercice ?

Mais que faire lorsque votre patron autoritaire attend vraiment de vous soyez disponible jour et nuit, sans être ouvert à des arrangements ? “Essayez toujours, dans un premier temps, de trouver une solution avec votre patron en lui exposant bien la situation. En cas d’échec, vous pouvez contacter le département des ressources humaines ou le syndicat.

Si le droit à la déconnexion n’est pas réglementé dans une entreprise, la loi prévoit une petite amende administrative pouvant aller jusqu’à 100 euros. Les dirigeants et les employeurs risquent en outre une amende pénale pouvant aller jusqu’à 1 000 euros si les risques psychosociaux dans l’entreprise ne sont pas traités conformément à la politique de prévention.

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