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Rachat du Club Med: les actionnaires jubilent, les employés risquent de trinquer

Le Club Med fait l’objet d’une lutte acharnée entre un groupe chinois et un homme d’affaires italien.

L’objet de cette lutte qui égaie la Bourse de Paris depuis des mois, c’est bien entendu la prise de contrôle du Club Med. Pour le moment, la seule certitude qui ressort de cette bataille, c’est que ce sont les actionnaires qui vont y gagner. À force de surenchérir l’un sur l’autre, le cours de l’action a grimpé alors que, et c’est là le paradoxe, le Club Med n’est pas nécessairement au mieux de sa forme.

Et s’il n’est pas au mieux de sa forme, c’est en raison du fait que la France, le pays fondateur, va mal car la croissance y est faible et que les citoyens ont réduit leurs dépenses, y compris de vacances. Or, malgré sa diversification en terme de clientèle, la France pèse encore 38 % du total de la clientèle globale du Club Med.

Ce qui joue aussi en défaveur du Club Med, c’est sa présence importante sur le pourtour méditerranéen et en particulier dans des pays comme l’Égypte ou la Tunisie qui ont connu et subissent encore les soubresauts des révolutions arabes. Sans compter que l’épidémie Ebola a fait fuir pas mal de candidats au voyage pour son village au Sénégal, même si ce pays n’est pas affecté par le virus. Mais voilà, la psychologie des foules est souvent plus forte que les communiqués officiels.

Bref, il y a donc, en ce moment, deux groupes qui se disputent l’honneur de contrôler le capital du Club Med, alors que la société est en difficulté à cause de la mauvaise conjoncture et des révolutions arabes. C’est d’ailleurs également le cas pour tous les autres grands opérateurs du tourisme actifs au départ de la zone européenne.

Rachat du Club Med: les actionnaires jubilent, les employés risquent de trinquer

Et comme le faisait remarquer à juste titre le journal économique Les Echos, le danger c’est qu’à la fin des fins, ce rachat du Club Med – quel que soit d’ailleurs son propriétaire final – n’enrichira que les actionnaires et uniquement ceux-ci. Pour les autres parties prenantes de cette saga financière, c’est plutôt l’effet inverse qui se produira. Pour une raison toute simple, le nouvel actionnaire voudra amortir son achat payé au prix fort et fera tout pour réduire les coûts au maximum, notamment les coûts de personnel. Donc, cela visera plus que probablement le staff administratif en France, réputé pléthorique, et qui s’inquiète sans doute déjà pour son avenir.

Mais ce surprix payé pour contrôler le Club Med pourrait aussi impacter les bijoux de famille de l’entreprise. En effet, le Club a un très beau patrimoine immobilier et foncier, et si le prix de rachat s’avère trop élevé, il est probable que le nouvel actionnaire soit tenté de vendre cet immobilier. Cela a déjà été fait par le passé, mais le programme pourrait s’accélérer – du moins, si c’est possible, car même si l’immobilier pèse encore 600 millions d’euros dans les comptes du Club, tout n’est pas liquide non plus…

Une chose est certaine, la marque Club Med fait encore fantasmer les hommes d’affaires. Et il est vrai qu’à long terme, notamment avec le marché chinois et l’éclosion des classes moyennes comme c’est le cas au Brésil, le Club Med reste une pépite notamment par la force d’attraction de sa marque, mais le prix à payer pour cette pépite sera sans doute déraisonnable.

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