Privatiser bpost, fausse bonne idée?

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Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Le dossier bpost paraît tellement embrouillé que l’Open Vld estime tenir la solution: privatiser l’entreprise, qui est cotée depuis 2013 mais reste contrôlée par l’Etat fédéral à 51,04%.

Il n’est pas sûr que ce soit la meilleure idée, du moins à court terme. D’abord parce que cela reviendrait à faire perdre beaucoup d’argent au contribuable. La valeur de l’entreprise a diminué de deux tiers depuis son introduction en Bourse: son cours actuel est sous les 5 euros (vs 14,5 euros) alors qu’il avait même dépassé les 20 euros entre 2016 et 2018. Privatiser pourrait aussi revenir à déplacer le centre de décision hors du pays si l’acheteur est étranger.

Le réveil est rude: bpost a longtemps été une référence dans l’univers postal européen, avec une bonne rentabilité et des finances confortables. Une conversion inespérée pour l’ex-Régie des postes.

En 2016, le groupe avait même annoncé vouloir mettre la main sur PostNL, sans y parvenir, puis rachetait l’américain Radial, actif dans la logistique pour l’e-commerce. Aujourd’hui, bpost n’a plus la même rentabilité mais tient bon. Son premier souci est ailleurs: dans la crise des relations incestueuses avec l’Etat fédéral. Jour après jour, il apparaît que les contrats confiés par ce dernier pour assurer diverses activités (gestion des amendes routières, etc.) ne sont peut-être pas conformes au droit européen de la concurrence. Bpost a annoncé un audit, toujours en cours. Les pouvoirs publics ont peut-être fermé les yeux, ou ne les ont pas ouverts suffisamment, parce que ces contrats permettaient de maintenir un certain niveau d’emploi en Belgique.

En attendant, la ministre des Entreprises publiques, Petra De Sutter (Groen), demande que la traditionnelle procédure annuelle de décharge aux administrateurs de l’entreprise soit reportée pour l’exercice 2022, “jusqu’à ce qu’il soit clair qu’ils n’ont rien à se reprocher dans tout ce qui s’est passé ces dernières semaines”. Voilà qui devrait mettre le conseil d’administration, présidé par Audrey Hanard, sur d’ardents charbons.

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