Pourquoi Spendesk n’est pas une licorne noir-jaune-rouge

La solution de Spendesk comprend des cartes bancaires professionnelles. © D.R.
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Spendesk, scale-up française, devient la deuxième licorne du start-up studio belge eFounders qui aligne les succès. Un succès hexagonal, donc, mais avec un (petit) zeste noir-jaune-rouge. Voici pourquoi cette boîte n’est pas belge…

Faut-il encore valider le modèle du start-up studio franco-belge eFounders ? Depuis quelques années déjà, pas mal de projets initiés par Thibaud Elzière et Quentin Nickmans se transforment en or. Ou en (futures) licornes. Après l’annonce, l’an passé, de la première licorne (start-up valorisée 1 milliard d’euros) sortie de l’écurie eFounders avec Aircall, le studio se réjouit de couronner Spendesk du statut de licorne. En effet, la firme spécialisée dans la gestion des dépenses professionnelles a réalisé, fin 2021, un nouveau tour de table, décrochant 100 millions auprès des investisseurs actuels et de Tiger Global. Cette “serie C” lui permet de dépasser 1 milliard de valorisation. “Cela continue de confirmer le modèle du studio, se réjouit Quentin Nickmans, mais aussi l’exécution des projets par les nombreux talents qui composent notre écosystème. C’est important de montrer qu’en Europe, il y a aussi un terreau de talents dans le numérique.”

Un petit peu de sang belge

Spendesk, firme parisienne, n’est déjà plus rien d’une petite start-up. Forte de ses 400 collaborateurs répartis entre Paris, Londres, San Francisco, Berlin et Hambourg, elle a réussi à convaincre 3500 entreprises d’utiliser sa “solution 7 en 1” qui 7 en 1 comprend des cartes bancaires professionnelles, les paiements de factures, les remboursements de frais, les budgets, l’approbation, les rapports et la pré-comptabilité… Près de 3 milliards de dépenses auraient déjà été générés au travers de Spendesk ! Mais la nouvelle licorne ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Forte de 100 nouveaux millions d’euros, elle prévoit de faire grandir ses équipes. Si elle a engagé 100 profils en 2021, ce ne sont pas moins de 300 collaborateurs qu’elle cherchera en 2022.

Techniquement, Spendesk n’est pas belge : boite française, dirigée par un CEO hexagonal et investie par de l’argent majoritairement non-belge. Pourtant, la nouvelle licorne n’est pas totalement étrangère au marché noir-jaune-rouge. Elle émane, en effet, du start-up studio à succès eFounders lancé, il y a 11 ans, à Bruxelles par le duo franco-belge Thibaut Elzière (le Français) et Quentin Nickmans (le Belge). Les deux multi-entrepreneurs ont depuis initié un véritable écosystème d’une trentaine de boîtes prometteuses dont Spendesk est la deuxième licorne (Aircall est la première). Une trajectoire parfaite pour le start-up studio qui, sur base d’idées originales de logiciels (“software as a service”), développe des entreprises en recrutant les CEO, en les encadrant puis en les laissant prendre leur “envol”, tout en constituant ainsi un portefeuille de participations. La valorisation de ce portefeuille du studio belge eFounders atteignait, en juin passé, pas moins de 2 milliards d’euros. Mais à l’époque, Spendesk n’était pas une licorne.

Créer les boîtes où sont les talents

Si certains regretteront que Spendesk ne soit pas une nouvelle licorne noire-jaune-rouge, chez eFounders, toutefois, on n’a jamais vraiment pensé en termes de pays. Le lieu de développement est choisi sur base de certains critères. D’abord, le lieu où ils dénichent les talents qui porteront l’idée de boîte et en feront un succès. Ensuite, là où les entreprises ont le plus de chances d’être développées et de devenir un succès. “Il y a des talents en Belgique, observe Quentin Nickmans. Mais il faut reconnaître que notre marché enregistre toujours un certain retard sur l’ampleur du développement numérique et qu’il y a encore trop peu d’exemples de grandes réussites de start-up et scale-up. Or, on constate que c’est de premières grandes réussites de start-up et scale-up que naissent les écosystèmes et les talents capables de mener de nouvelles boîtes digitales vers la réussite. Là où sont nés de gros succès, on constate une force entrepreneuriale qui trouve plus facilement accès à des capitaux et à des environnements de recrutement des talents. Ces aspects-là sont clés dans la réussite de projets entrepreneuriaux.” Et Quentin Nickmans évoque les “mafias” (terme désignant les écosystèmes autour d’une start-up en vue) issues de projets ayant soit connu le succès, soit une croissance phénoménale… La “mafia eFounders”, quant à elle, se constitue plutôt à Paris pour le moment où le start-up studio dispose de sa plus grosse communauté. C’est là qu’elle va puiser l’essentiel de ses fondateurs de start-up. Aujourd’hui, aucun de leurs fondateurs n’est Belge parmi les projets les plus matures. L’apparition de Belges à la tête de Cycle et Canyon, deux projets récents au sein d’eFounders, marque-t-elle l’amorce d’un changement ?

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