Plus de 10.000 emplois à l’aéroport de Liège

Laurent Jossart
Laurent Jossart © Belga
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

La dernière étude sur les retombées économiques de l’aéroport de Liège, réalisée par l’ULg, indique un total de 10960 postes, dont 5100 emplois directs.

Après les turbulences du renouvellement du permis d’environnement, Liege Airport publie une étude sur son impact économique. Le travail est réalisé par le Segefa (Service d’Etude en Géographie Economique Fondamentale et Appliquée) de l’ULg.

Cette étude indique une croissance de 26 % des emplois directs sur 3 ans. Le total des emplois passe ainsi de 8.175 en 2018 à 10.960 pour l’année 2021. Soit «l’année la plus récente dont nous disposions des comptes annuels sur les entreprises » précise Laurent Jossart, CEO de Liege Airport.

Moins dépendant de Fedex, plus résilient

Alors que Brussels Airport dépend de Brussels Airlines, et BSCA (Charleroi) à plus de 70% de Ryanair, Liege Airport est de moins en moins dépendant d’une seule entreprise. C’est une bonne chose pour Laurent Jossart puisque l’augmentation du nombre d’entreprises actives sur le site en améliore la résilience. « On l’a vu encore vu avec le retrait partiel de Fedex vers Paris. Il ne représente aujourd’hui que 12% ou 13% de l’activité de Liege Airport ». Les autres plus gros employeurs de Liège sont Fedex, les compagnies aériennes ASL, qui est la deuxième compagnie aérienne en Belgique, et Challenge.

L’emploi est même l’argument numéro un pour Liege Airport, qui doit en faire davantage pour défendre son développement. « Hier, les aéroports étaient des success-stories » observe Laurent Jossart, « aujourd’hui je ne dirais pas qu’ils sont les mal-aimés, mais le modèle des aéroports et des compagnies aériennes est remis en cause. »

 “On voulait éviter le greenwashing”

Laurent Jossart est tout aussi conscient que les études sur ce sujet sont elles aussi sujettes à caution. En particulier sur le volet des emplois indirects et autres emplois induits. C’est pour cette raison qu’ils ont fait appel au Segefa. « En recourant à eux, on voulait éviter le greenwashing » dit Laurent Jossart.

Si les études d’impact de Segefa sont bien en deçà de celles avancées par d’autres aéroports, c’est parce que l’approche est très fine et très critique. Surtout si on la compare à d’autres aéroports qui ont tendance à prendre des multiplicateurs généreux. Ce qui n’est pas toujours un bon calcul lorsqu’on sait que les aéroports sont souvent sous le feu des critiques. On l’a encore vu avec le permis.  C’est pourquoi, pour Laurent Jossart, “il vaut mieux annoncer moins d’emplois, mais basé sur des chiffres avec une méthodologie plus solide, que d’avoir un chiffre plus élevé qui prête à caution”.

L’étude de Segefa est d’autant plus fine qu’elle se concentre uniquement «sur de l’activité liée à l’aéroport, et seulement à l’aéroport, y compris pour l’emploi indirect et induit » précise Guénaël Devillet, directeur du Segefa.

Sont donc exclus de l’étude les locataires qui bien que sur le site qui n’ont rien à voir avec l’activité aéroportuaire. « Nous avons par exemple comme locataire Belgian Owl, un des meilleurs whiskies du monde, mais cette société n’est pas comptée dans l’impact, car elle n’a rien à voir avec l’activité aéroportuaire » dit Laurent Jossart. Un point qui distingue encore l’étude du Segefa des études de la BNB qui sont, par exemple, plus généreuses dans le calcul des emplois sur les zones aéroportuaires.

Si l’étude est donc plus limitative sur les entreprises prises en considération pour le comptage des emplois directs, elle calcule également les emplois indirects (sous-traitants, fournisseurs, agences intérim,…), les emplois induits (emplois générés par la consommation des ménages liés aux emplois directs et indirects), selon des coefficients issus d’études internationales.

Avant la restructuration de Fedex

Un petit bémol tout de même. L’étude Segefa porte sur une période antérieure à la restructuration de Fedex. Or celle-ci a réduit de 481 postes les effectifs de l’entreprise courant 2022. L’année 2022 n’affichera donc, sans doute, aucune croissance quand elle sera mesurée. Les dirigeants de l’aéroport estiment toutefois que cette crise sera absorbée par la croissance des autres acteurs. Sur le long terme, l’emploi à Liège Airport augmenterait environ de 350 postes par an.

Et qu’en est-il de la qualité des emplois ?

Parfois critiquée, la qualité des emplois devrait aussi être au rendez-vous. « Avec 84%, dont 97% de CDI, la part des emplois à temps plein est majoritaire» souligne ainsi Laurent Jossart. Une autre étude menée par la SPI, agence de développement territorial de Liège, va dans son sens puisqu’elle estime elle aussi que les emplois sont en majorité « de qualité ». Pour juger de la qualité des emplois dans les entreprises sur le site de Liege Airport, cette étude s’est basée sur le calcul de la valeur ajoutée par personne. On estime en effet que la productivité est bonne et que les emplois sont de bonne qualité lorsque la valeur ajoutée dépasse 65.000 euros. Or, toujours selon cette étude, 56% des entreprises de l’aéroport de Liège dépassent ce seuil. Mieux, la valeur médiane de cette valeur ajoutée par salarié atteint les 72.298 euros.

Des prévisions pour 2040 revues à la baisse

Concrètement l’étude Segefa pousse l’aéroport à revoir la promesse de 30.000 emplois à l’horizon 2040. L’aéroport devrait annoncer d’ici quelques semaines un chiffre plus réaliste, notamment en tenant compte des limitations introduites par le nouveau permis d’environnement, avec un tonnage qui doublait, et une activité immobilière très lourde, qui n’aura pas l’ampleur annoncée. De quoi revoir à la baisse les ambitions du business plan initial. « Nous refaisons les calculs, avec des données plus charpentées, qui sortiront entre juin et septembre » précise encore Laurent Jossart. 

Une progression de plus de 20% sur 3 ans

Voici l’évolution des emplois mesurés par le Segefa (ULg) entre 2018 et 2021 pour le compte de Liege Airport. Seules les entreprises liées à l’activité aéroportuaire sont prises en compte. Le Segefa calcule également les emplois indirects (sous-traitants, fournisseurs, agences intérim,…), les emplois induits (emplois générés par la consommation des ménages liés aux emplois directs et indirects) et les emplois catalytiques (par exemple les hôtels pour les équipages).

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