Pierre-Antoine Dusoulier (iBanfirst): “En Belgique, on a vite besoin de sortir des frontières”

Pierre-Antoine Dusoulier, 44 ans, est originaire de Paris. © PG
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

“La beauté de l’Europe, c’est que ce n’est pas compliqué de changer de pays quand on en a les moyens et pour autant que l’on puisse bosser partout en remote“, note le patron d’IBanFirst.

C’est peu après l’élection de François Hollande à la présidence de la République que Pierre-Antoine Dusoulier s’est intéressé à la Belgique. “La finance était son ennemi et il prévoyait des impôts considérables, grimpant jusqu’à 75% dans certains cas”, se souvient le patron de la scale-up iBanFirst. Il faut dire qu’à l’époque, “je venais de vendre ma société Cambiste à Saxo Bank et cela me renforçait dans l’idée de venir m’installer en Belgique et d’y relancer une autre start-up.” Mais Saxo Bank lui propose alors le poste de head of western Europe de l’entreprise, un challenge qui l’intéresse. Le jeune Parisien est dès lors tenu de revoir ses plans, puisque les bases d’IbanFirst ont déjà été créées en Belgique. Il décide de rester en France car avec son job, et en réinvestissant dans des start-up dont iBanfirst (dans laquelle il a injecté 2 millions d’euros pour démarrer), “cela n’avait plus de sens, fiscalement, de m’installer en Belgique”. “Et comme il était tout à fait possible de gérer la société en effectuant des aller-retours Paris-Bruxelles, je n’ai jamais déménagé et suis resté résident français.”

International et multilingue

Aujourd’hui, IbanFirst est l’une des fintechs prometteuses du marché belge. C’est à Bruxelles qu’elle a son quartier général, son agrément, et ses services compliance, finance, etc. Bref, “la machine centrale qui permet de faire tourner le business au niveau européen”. Mais pourquoi s’être lancé en Belgique si, au final, Pierre-Antoine Dusoulier n’y séjourne pas? “J’ai directement voulu créer une entreprise internationale, répond-il. Démarrer sur le marché français risquait de nous limiter à ce territoire. En Belgique, on est déjà contraint de se lancer en multilingue, en ce compris l’anglais. Et comme le marché est plus limité, on a vite besoin de sortir des frontières.” Aujourd’hui, iBanFirst compte 280 collaborateurs, répartis sur 10 bureaux à l’international. “La beauté de l’Europe, c’est que ce n’est pas compliqué de changer de pays quand on en a les moyens et pour autant que l’on puisse bosser partout en remote“, note ce patron, convaincu que si l’extrême droite devait passer en France, “beaucoup de gens quitteront le pays. Pas pour des raisons fiscales cette fois, mais morales.”

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