“NON au Statut d’économie de marché pour la Chine !”, clame le secteur de la sidérurgie

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Plusieurs milliers de salariés et patrons de la sidérurgie européenne manifestaient lundi à Bruxelles contre la concurrence chinoise qui déverse sur le marché des produits à prix cassés.

Coiffés de casques blancs ou jaunes et revêtus de gilets aux couleurs fluorescentes, ils brandissaient sous un ciel radieux des banderoles blanches appelant à “garder les emplois forgés en Europe” ou lançant un “SOS say no to MES China” (SOS pour dire non au statut d’économie de marché à la Chine, nldr).

D’IG Metall –le puissant syndicat des métallos allemands– au français Force Ouvrière en passant par le polonais Solidarnosc, de nombreuses organisations représentant les salariés faisaient partie du cortège, co-organisé par Eurofer, la fédération réunissant les industriels européens de l’acier.

“Nous sommes venus pour préserver les emplois, on est en mode survie”, a déclaré à l’AFP Jacques Rapp, 49 ans, cadre de l’aciérie Arcelor Mital à Fos (sud de la France).

“Il faut faire quelque chose pour que les nouvelles générations aient un avenir”, a renchéri Henri Botella, délégué syndical Central CFE-CGB également à Fos.

Une délégation d’Eurofer et d’Aegis Europe regroupant 30 secteurs industriels: acier, aluminium, céramique, verre, panneaux solaires notamment, et coorganisatrice de cette marche, devait être reçue vers midi par le président de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker.

“Nous manifestons par milliers à Bruxelles aujourd’hui dans le but de transmettre un message clair aux dirigeants politiques de l’UE: Dites OUI à l’emploi et à la concurrence loyale ! Dites NON au Statut d’économie de marché pour la Chine !”, a plaidé Milan Nitzschke, porte-parole d’AEGIS Europe, dans un communiqué.

“La Commission est parfaitement au courant de la situation du secteur de l’acier”, a répondu une porte-parole de la Commission européenne, Lucia Caudet, lors d’un point presse.

L’Union européenne est le deuxième plus gros producteur d’acier au monde après la Chine, avec plus de 177 millions de tonnes par an, soit 11% de la production mondiale, selon des chiffres de la Commission. Quelque 40.000 emplois ont été perdus ces dernières années dans un secteur qui emploie directement et indirectement environ un million de personnes.

Lutte antidumping

Dans la ligne de mire des manifestants, outre le dumping pratiqué par les sidérurgistes chinois, en surcapacités, les difficiles discussions sur l’octroi à la Chine du statut d’économie de marché.

La Commission européenne, qui négocie pour les 28 Etats membres, a en effet ouvert le débat à la mi-janvier et doit prendre une décision à la fin de l’année.

Si la Chine obtient ce statut, cela pourrait déboucher sur une forte baisse de ses droits de douane, lourde de conséquences pour tous les concurrents européens de “l’atelier du monde”, des fabricants de panneaux solaires aux aciéristes.

A son entrée dans l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) en 2001, la Chine avait été enregistrée comme une économie non marchande, la question de son statut devant être réexaminée quinze ans plus tard, en 2016.

Les gouvernements européens se sont également mobilisés sur la question, comme le montre l’initiative inédite prise le 8 février par les ministres français, allemand, britannique, italien, polonais, belge et luxembourgeois, dans une lettre adressée à la Commission européenne et au Conseil (représentant les 28 Etats membres de l’UE).

“L’Union européenne ne peut rester passive lorsque l’augmentation des pertes d’emplois et des fermetures d’aciéries montre qu’il existe un risque important et imminent d’effondrement du secteur européen de l’acier”, ont averti ces ministres.

Le ministre français de l’Economie Emmanuel Macron, qui doit également intervenir lundi au parlement de l’UE à Bruxelles sur l’avenir de la sidérurgie européenne, avait mis en garde mi-janvier contre “toute naïveté ou toute volonté de transiger”, en se prononçant pour “une logique de lutte antidumping très claire, massive, directe”.

Vendredi dernier, l’UE a annoncé l’ouverture d’enquêtes visant les importations sur son sol de trois types de produits en acier en provenance de Chine (tubes sans soudure, tôles fortes et acier plat laminé à chaud), soupçonnés d’être vendus à perte et d’enfreindre les règles de la concurrence.

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