Médecine régénérative

Start-up active dans les biotechnologies basée à Mont-Saint-Guibert, Cardio3 BioSciences développe un tout nouveau traitement contre l’insuffisance cardiaque — le C-Cure — dont la mise sur le marché est prévue pour courant 2016.

Introduite en Bourse l’été dernier (voir Trends-Tendances du 4 juillet 2013), Cardio3 BioSciences est une start-up prometteuse active dans un domaine où les entreprises belges se distinguent : les thérapies régénératives. Née en 2007, elle est spécialisée dans la mise au point de thérapies régénératives, protectrices et reconstructrices pour le traitement des maladies cardiaques. “Ces dernières constituent la première source de dé- cès dans le monde, explique Christian Homsy, administrateur délégué. Le taux de mortalité suite à un accident cardiaque (infarctus du myocarde) a très fortement diminué ces 20 dernières années mais parmi les personnes qui survivent, environ 15 % souffrent ensuite d’insuffisances cardiaques particulièrement invalidantes. Pour donner un exemple, une personne en classe 3 (le stade maximum étant la classe 4) est incapable de marcher plus de 10 m ou de monter une volée d’escaliers sans être aussi essoufflée que si elle avait parcouru un marathon.” Organe réparateur “L’idée est de remédier à cette insuffisance cardiaque, véritable épidémie, en transformant le coeur qui est un organe non réparateur en organe réparateur. Pour y arriver, nous ponctionnons des cellules souches dans la moelle osseuse (os iliaque) du patient qui vont être transformées en cellules réparatrices cardiaques et réinjectées dans le coeur. Comme les cellules proviennent du patient, il n’y a pas de phénomène de rejet. Ce traitement se base sur la cardiopoièse qui est un processus de reproduction par imitation des signaux naturels déclenchés dans les premiers stades de la vie au cours du développement du tissu cardiaque mais appliqué cette fois à des cellules souches adultes de patients cardiaques.”

Les recherches qui ont abouti à la mise au point du traitement baptisé C-Cure ont duré plusieurs années et ont été menées en collaboration avec la Mayo Clinic aux Etats-Unis ainsi que le Centre cardiovasculaire d’Alost. Durant toutes ces années, quelque 10.000 protéines ont été testées pour finalement en retenir huit qui permettent la transformation de ces cellules souches en cellules réparatrices cardiaques. Des tests ont ensuite été effectués sur l’animal ainsi que sur l’homme. Pour ce dernier, l’étude de phase II a permis d’obtenir des résultats probants avec une augmentation de la fonction cardiaque de l’ordre de 25 %. Sur base de ces résultats, une étude de phase III vient d’être lancée en Europe sur une population de 240 patients et se déroulera durant les deux prochaines années. La mise sur le marché du produit est prévue pour 2016.

Nouvelle industrie La particularité du C-Cure est qu’il s’agit d’un médicament de thérapie innovante et que son développement sort quelque peu des sentiers battus. “Ce n’est pas seulement une nouvelle molécule, poursuit Christian Homsy. Avec la médecine régénérative, nous inventons une nouvelle industrie. L’approche purement médicale est ainsi modifiée. Nous avons par exemple développé et breveté un cathéter de nouvelle génération afin d’injecter ces cellules réparatrices. Outre les aspects médicaux, les systèmes de remboursements ou la logistique devront, entre autres, également être repensés.” Actuellement, Cardio3 BioSciences, qui emploie une cinquantaine de personnes à Mont-Saint-Guibert, est la société la plus avancée au monde dans le traitement de l’insuffisance cardiaque par les thérapies régénératives.

Depuis sa création, la start-up biotech a levé plus de 80 millions d’euros, dont 23 lors de sa récente introduction en Bourse sur Euronext Bruxelles et Paris. Dans son actionnariat figurent notamment Tolefi, le fonds public flamand PMV, la Mayo Foundation for Education and Research ainsi que la SRIW Techno (Sofipole). Les fonds dont elle dispose vont lui permettre dans les deux années qui viennent de poursuivre le développement de son produit innovant en finançant entièrement la phase III de l’étude clinique, ultime étape avant la mise sur le marché. Avec à terme, lorsque les signaux et autorisations seront passés au vert, l’engagement de nouveaux collaborateurs. Si tout se déroule comme prévu, ce sont quelque 300 à 400 personnes qui devront être recrutées.

G.V.D.N.

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