L’industrie du diamant consternée par la proposition belge de bannir les Russes
Seize gros producteurs de diamants ont réagi avec consternation à la proposition du Premier ministre belge Alexander De Croo au G7 de bannir les diamants russes du marché. L’information du Financial Times a été confirmée à Belga de bonne source.
Alexander De Croo a imploré mardi soir à New York le secteur de la joaillerie à parcourir « le dernier mile » pour faire aboutir cette initiative. Les diamants provenant de Russie ne sont jusqu’ici frappés d’aucune sanction.
Selon une lettre que le Financial Times a pu consulter, les 16 accusent le lobby diamantaire anversois de ne pas être suffisamment « transparent, responsable et inclusif ».
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La Belgique est restée longtemps réticente, le centre mondial du négoce du diamant brut et poli se trouvant sur son territoire, à Anvers. On recherchait un mécanisme inébranlable pour tracer les diamants et ainsi empêcher que les pierres précieuses russes ne se retrouvent sur le marché des pays du G7 (Etats-Unis, Canada, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Japon) et de l’UE.
Le dispositif est presque prêt désormais. Devant le gratin de la joaillerie réuni pour l’occasion à la résidence du consul général belge à New York, Alexander De Croo a donc invité les parties prenantes à faire aboutir l’initiative. « Les diamants russes symbolisent désormais la guerre et les violations des droits humains », a insisté le Premier ministre. « Rendre le système totalement transparent demande un travail important que nous devons mener ensemble. Faisons ce dernier pas pour implémenter le système au premier janvier 2024. »
Réduire la valeur des diamants russes
Le nouveau protocole de traçabilité s’appuierait sur plusieurs mécanismes de contrôle, dont le processus de Kimberley – ce système de certification international établi en 2003 pour endiguer l’afflux de diamants de conflits sur le marché mondial – le tout cadenassé par la technologie Blockchain. S’il fonctionne, le système devrait permettre d’éliminer les diamants russes et de réduire leur valeur sur le marché au profit des diamants du continent africain.
Toujours selon le Financial Times, l’Antwerp World Diamond Centre (AWDC) est à l’origine de la proposition. Cette information a été confirmée à Belga à bonne source dans le secteur. L’AWDC a déclaré avoir donné des « conseils techniques » au gouvernement belge, selon le Financial Times. D’autres gouvernements, y compris ceux du G7, auraient également collaboré à la proposition. Le journal économique cite un fonctionnaire belge qui aurait déclaré: « il ne s’agit pas d’une initiative de l’industrie, mais du gouvernement ».
Par ailleurs, la proposition belge donnerait un rôle central à Anvers. La ville servirait alors de « gardien » pour déterminer l’origine non russe des pierres arrivant dans les pays du G7.
Selon la source industrielle avec laquelle Belga s’est entretenu, la proposition belge désavantage tous les acteurs du secteur (tels que De Beers, HRD et WDC, NDLR), à l’exception de l’AWDC elle-même.
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