L’industrie automobile européenne salue le tournant “pragmatique” de la Commission

Sigrid de Vries © BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ

L’industrie automobile européenne a salué mercredi le tournant “pragmatique” qui ressort du plan d’action de la Commission européenne pour stimuler la compétitivité du secteur. “Nous devons continuer à nous concentrer sur ces objectifs (zéro émission de CO2 pour 2035, NDLR) mais le faire de manière plus pragmatique et flexible”, a commenté Sigrid de Vries, directrice générale de l’European Automobile Manufacturers’ Association (ACEA).

La Commission avait lancé en début d’année un “dialogue stratégique” sur l’avenir de l’industrie automobile européenne, à la traîne par rapport aux autres puissances en matière de véhicules électriques. Elle a donc accouché d’un plan d’action proposant plusieurs mesures touchant aussi bien à la production de batteries qu’aux normes CO2 imposées à l’industrie ou aux flottes d’entreprise.

   “Ce dialogue qui débouche maintenant sur un plan d’action est pour nous un signe clair que les défis auxquels nous faisons face ont été compris”, s’est réjoui Mme de Vries. “L’industrie automobile européenne a investi beaucoup dans sa transition, mais l’état du marché freine cette transition. Les fabricants ne peuvent pas l’effectuer seuls, ou alors pas à ce rythme.”

Normes de 2025 étalées sur trois ans

   Un premier palier de décarbonation des véhicules doit être rencontré cette année. Mais, parmi les principales mesures, la Commission a autorisé les constructeurs à atteindre les normes de 2025 sur trois ans, soit 2025, 2026 et 2027.

   “Le plan d’action identifie de nombreux points clés nécessitant une action immédiate. La flexibilité proposée pour atteindre les objectifs d’émission de CO2 dans les années à venir est un premier pas bienvenu pour une approche plus pragmatique de la décarbonation dictée par le marché et les réalités géopolitiques”, a ajouté Sigrid de Vries. “Cette mesure est la promesse d’une respiration pour les fabricants de voitures et de van.”

   Les prochaines années seront néanmoins difficiles, selon la directrice générale de l’ACEA. Notamment car la part de marché des véhicules électriques est bien moins élevée que nécessaire. Ainsi, ce type de véhicules ne représente actuellement que 15% des parts de marché, alors qu’il devrait atteindre 25%. Les droits de douanes états-uniens récemment annoncés auront également un impact majeur sur le secteur des constructeurs automobiles.

Simplification

   L’ACEA s’est aussi félicitée du fait que le plan d’action de la Commission reconnaisse la nécessité de rationaliser et de simplifier les réglementations européennes, ainsi que de prendre des mesures pour renforcer le potentiel concurrentiel de l’Europe sur d’autres segments, comme les voitures autonomes.

   Il n’est cependant pas question d’un “retour en arrière” sur les objectifs européens de réduction des émissions de CO2, a insisté Mme de Vries. “Nous sommes déterminés à atteindre ces objectifs. Mais, pour que la transition fonctionne, il nous faut plus de flexibilité”.

“Cadeau sans précédent”

   Concernant les critiques de plusieurs ONG qui considèrent que le délai accordé pour atteindre les objectifs 2025 est un “cadeau sans précédent” accordé au secteur, la directrice générale de l’ACEA a assuré qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un cadeau et que les constructeurs faisaient face à des problèmes totalement indépendants de leur volonté.

   Toutefois, certains éléments importants manquent encore à ce plan, a souligné Mme de Vries. Notamment concernant les normes à atteindre en 2025 pour les véhicules lourds et les infrastructures nécessaires à ces derniers. “Une évaluation urgente des conditions qui permettraient (de rencontrer ces objectifs) est nécessaire”, a-t-elle affirmé.

   “L’ACEA est toujours prête à poursuivre le dialogue avec la Commission européenne pour dessiner une stratégie de décarbonation à long terme et créer une industrie automobile plus résiliente, compétitive et durable”, a conclu Sigrid de Vries.

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