L’Europe veut suspendre la restructuration d’ArcelorMittal

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La Commission européenne a demandé mardi à ArcelorMittal de suspendre ses mesures de restructuration dans l’attente du déploiement d’un plan acier. “Inenvisageable dans l’état actuel des choses”, a répondu le vice-président exécutif du groupe sidérurgique, Robrecht Himpe.

La Commission européenne a demandé mardi à ArcelorMittal de geler ses mesures de restructuration dans l’attente du déploiement d’un plan acier, a annoncé le commissaire à l’Industrie Antonio Tajani. “Inenvisageable dans l’état actuel des choses”, a répondu le vice-président exécutif du groupe sidérurgique, Robrecht Himpe. Le ministre wallon de l’Economie Jean-Claude Marcourt, quant à lui, estime que le poids de la Commission va inciter ArcelorMittal à réfléchir. Le groupe de haut niveau qui s’est réuni mardi matin à Bruxelles était composé de représentants de la Commission, de l’industrie, des syndicats et de ministres, parmi lesquels MM. Marcourt et Montebourg.

La Commission va maintenant décliner les conclusions du groupe de haut niveau en actions concrètes à court, moyen et long termes. Le plan, dont l’objectif est de faire en sorte que l’acier retrouve sa position essentielle dans le développement économique européen, ira dans toutes les directions: concurrence déloyale, environnement, social, énergie, quotas de CO2, formation, croissance économique, a détaillé M. Marcourt. La publication est prévue d’ici trois mois.

“C’est la mesure la plus importante depuis le traité Ceca, la première fois depuis lors que dans le domaine sidérurgique, l’Europe se réapproprie la compétence de soutenir son industrie”, a commenté le ministre wallon de l’Economie, qui a demandé l’inscription du dossier à l’agenda du conseil de compétitivité dès la semaine prochaine.

“ArcelorMittal doit comprendre que même la Commission est du côté des travailleurs”, a insisté Jean-Claude Marcourt. Le poids de la Commission va inciter le groupe sidérurgique à réfléchir, estime-t-il. “Ce n’est pas la France ou la Belgique qui a un problème avec ArcelorMittal, c’est l’Europe. Il faut se battre, souligner que ces outils sont stratégiques et compétitifs.”

Le ministre a également indiqué que la task force du gouvernement avait eu des contacts avec des repreneurs potentiels intéressés par l’outil liégeois, mais qu’il était prématuré de faire davantage de commentaires. Il s’entretiendra à nouveau avec ArcelorMittal dans les prochains jours.

Du côté des syndicats, la FGTB juge l’initiative européenne “sympathique”, mais se demande “ce qu’il se passera une fois qu’ArcelorMittal aura dit non” à la demande, sachant que le groupe sidérurgique “a déjà montré qu’il n’acceptait pas de se plier aux décisions politiques”. “Il faut désormais que l’Union européenne assume ses responsabilités”, a commenté Fabrice Gomez.

La CSC se félicite que “l’importance stratégique de l’industrie sidérurgique” ait été reconnue par l’ensemble du groupe de haut niveau. “Les surcapacités actuelles sont passagères. A l’Europe de mettre en oeuvre tout l’arsenal nécessaire au maintien des capacités de production et ce pour profiter de la prochaine reprise économique.”

Le ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a souligné qu’ArcelorMittal était “sur la sellette pour une raison tout à fait justifiée”. “Supprimer les activités productives alors que le marché est bas, c’est s’exposer à devoir importer de l’acier quand le marché sera haut. C’est d’abord une politique financière et certainement pas des choix industriels”, a-t-il fustigé.

“ArcelorMittal a protesté (contre la demande de la Commission), indiquant que ce n’était pas à l’Europe d’interférer dans la libre entreprise, mais ArcelorMittal profite des subsides, il est donc bien normal qu’un droit de regard s’exerce sur ses activités. Face à la mondialisation déloyale, l’Europe doit organiser sa compétition à un niveau équitable, tant aux niveaux sociaux qu’environnementaux”, a-t-il martelé.

“Impossible”, répond ArcelorMittal
“Il est impossible pour ArcelorMittal de retarder le déroulement de la phase d’information-consultation concernant les plans proposés”, réagit mardi après-midi le groupe sidérurgique, après la demande de la Commission européenne de suspendre les mesures de restructuration dans l’attente du déploiement d’un plan acier, prévu dans trois mois. “La situation économique en Europe est extrêmement fragile et a considérablement diminué la demande en acier”, souligne ArcelorMittal dans un communiqué transmis à l’agence Belga. “Ne pas prendre de mesure pour répondre à cette situation ne ferait qu’affaiblir l’entreprise en Europe, menaçant ainsi la rentabilité d’autres sites. Ces décisions sont difficiles à prendre et nous comprenons qu’elles sont difficiles pour les personnes concernées, mais nous devons gérer la société dans l’intérêt des 98.000 personnes que nous employons à travers l’Europe.”

Le ministre wallon de l’Economie Jean-Claude Marcourt, qui disait à l’issue de la réunion du groupe de haut niveau européen espérer que le poids de la Commission ferait réfléchir le géant de la sidérurgie, aura à nouveau un contact avec l’entreprise dans les prochains jours.

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