Leansquare réaffirme son positionnement de fonds d’investissement

Ben Piquard et Laurent Burton, respectivement CEO et président de Leansquare. © PG

Parfois vu comme un incubateur, un accélérateur ou un programme d’accompagnement, Leansquare se positionne désormais exclusivement comme un fonds d’investissement dans les start-up du numérique. Et spécifiquement sur trois domaines: les softwares pour entreprise, l'”entertainment” et la transition.

Si l’engouement pour les start-up de la tech n’est clairement plus le même aujourd’hui qu’il y a quelques années, c’est sans doute parce que le rêve de voir naître un nouveau Facebook ou un nouveau Google sur le sol belge s’est un rien éloigné. Entrepreneurs comme investisseurs se montrent un peu plus réalistes. C’est probablement aussi parce que l’écosystème des start-up techs devient de plus en plus mature, tout comme l’offre de financement. Celle-ci a d’ailleurs fortement évolué en fonction des besoins du marché. C’est ainsi que sont nés des acteurs comme le fonds public W.IN.G ou que le réseau des business angels BeAngels s’est orienté vers le numérique.

Nous nous voyons comme des partenaires industriels dans la durée, ce qui se matérialise aussi par notre présence lors de plusieurs tours de financement.

A Liège, Leansquare, l’un des acteurs pionniers du monde des start-up du numérique, s’est lui aussi progressivement transformé depuis sa création en 2014. “A l’époque, se souvient Ben Piquard, son CEO, nous avions été interpellés, chez Meusinvest, par les start-up. Mais on ne pouvait pas aborder et analyser ces entreprises avec l’approche du business plan traditionnel propres aux entreprises classiques.” C’est ainsi qu’est né Leansquare, pour encadrer l’émergence à Liège d’un écosystème tel qu’on en trouvait à Gand ou Bruxelles. La structure a, dans un premier temps, joué un rôle multifacette: investisseur, incubateur, coworking, accélérateur, organisateur d’événements… Autant de fonctions que Leansquare a assurées pour promouvoir les start-up et aider à l’éclosion de cet écosystème.

Non sans un certain succès d’ailleurs, puisque pas mal de jeunes pousses s’y sont développées, faisant de Liège l’un des pôles les plus actifs en matière de digital en Wallonie, même si Leansquare ne s’est pas limité aux investissements dans des acteurs de la province… Dans son portefeuille, ont en effet transité des acteurs comme Musimap, Dogstudio, TrustUp, Bloomlife, Apptree, Digiteal, Efficy, etc.

Mais constatant que l’écosystème a bel et bien grandi et profitant de la transformation de l’emblématique bâtiment de la Grand Poste en un lieu d’hébergement des acteurs du numérique liégeois, Leansquare a désormais décidé de se recentrer essentiellement sur l’investissement. Aujourd’hui, la structure se présente uniquement comme un fonds, et plus vraiment un partenaire généraliste tel que c’était le cas par le passé. “A l’époque où peu de gens investissaient dans des start-up, nous avons pris une approche généraliste, se souvient Ben Piquard. Mais on s’est vite rendu compte que pour être pertinent, il fallait avoir une spécialisation qui permet la mutualisation d’une démarche dans un secteur donné.” Disposant de plusieurs acteurs dans la musique et le loisir, Leansquare a misé sur ce créneau en lançant notamment le Wallifornia MusicTech.

Créer des champions

Aujourd’hui, le fonds confirme ce positionnement mais dispose désormais de trois piliers principaux: Entertainement Tech (musique, sport, etc.), Enterprize Software (le numérique B to B) et le créneau à la mode de l’impact et de la transition. Ces secteurs concentrent 70% des investissements de Leansquare.

Mais surtout, après avoir participé à la création de l’écosystème, la volonté est désormais de plus en plus affichée de créer des champions. A cette fin, Leansquare peut compter sur la recapitalisation de 10 millions d’euros réalisée l’an passé. Et sur une enveloppe de 3 à 4 millions d’euros annuels pour l’investissement dans les start-up. “Leansquare se positionne sur de l’investissement moyen à long terme car il n’existe pas de marché secondaire comme aux Etats-Unis, analyse Laurent Burton, président de Leansquare. Du coup, nous nous voyons comme des partenaires industriels des sociétés, et cela dans la durée, ce qui se matérialise aussi par notre présence lors de plusieurs tours de financement des start-up.” En filigrane de cette évolution: une augmentation sensible des tickets investis. Il y a encore quatre à cinq ans, Leansquare investissait en effet plutôt des sommes comprises entre 50.000 et 100.000 euros. Désormais, les montants se situeront plus généralement entre 250.000 et 500.000 euros. Essentiellement du capital, ponctuellement des prêts. Le but étant d’être présent à la fois dans le capital des start-up et leur conseil d’administration.

Investir à l’étranger?

Partant de cette logique de fonds d’investissement, Leansquare ne s’est pas totalement limité aux acteurs liégeois. La firme a investi dans un certain nombre d’entreprises wallonnes, flamandes et étrangères. Exemple: la start-up Studytracks qui propose une application pour permettre aux étudiants d’apprendre leurs cours en chansons via des artistes du moment. Certes, la société est française, mais Leansquare justifie le financement d’entreprises étrangères avec des fonds publics par l’effet écosystème. Ce genre d’investissement permettrait, selon les responsables du fonds, de rejaillir sur les autres musictechs en portefeuille, ou mêmes des prestataires de services, comme le studio Øpp. Près d’un quart des entreprises investies ne seraient pas wallonnes.

Mais après sept années d’exercice, quel est vraiment le résultat de la stratégie de Leansquare? Depuis 2014, le fonds liégeois a investi un peu plus de 25 millions d’euros dans les jeunes pousses du digital. Au total: 146 prises de participation. Et tandis qu’il avait jusqu’ici tout au plus réussi à se faire rembourser certains investissements, il a généré ses premiers vrais retours financiers sur l’exercice 2021-2022 au travers d’exits. La plus-value de l’exercice passé s’élèverait ainsi à 1,9 million d’euros. Un résultat obtenu au travers des cessions d’actions dans des entreprises comme Digiteal, Efficy, Musimap, Apptree, Dogstudio, etc.

Portefeuille de 43 sociétés

Les mauvaises langues prétendront que pour plusieurs des meilleurs deals, Leansquare n’est pas entré dans les entreprises quand elles étaient des start-up mais déjà des sociétés bien établies: Efficy, par exemple, dans laquelle Leansquare a investi en même temps que Meusinvest en 2016, était déjà un groupe présent dans sept pays. Malheureusement, Leansquare ne communique pas les détails des ventes et de ses plus-values dans les dossiers de reventes… Bien sûr, 1,9 million d’euros sur 25 millions investis en huit exercices, c’est encore peu. Mais Laurent Burton se montre confiant: “C’est un début prometteur car on le sait, un investissement ne permet pas une vraie plus-value en quelques mois ou quelques années. Il faut un peu de temps et ce n’est qu’au fur et à mesure que l’on va récolter les fruits des derniers investissements…” Pour cela, Leansquare peut s’appuyer sur les 43 sociétés qui restent aujourd’hui dans son portefeuille.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content