Le trafic de faux médicaments, un business aussi juteux qu’inquiétant

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Maxime Defays Journaliste

Le phénomène est pris très au sérieux. La contrefaçon de médicaments est un fléau tant sanitaire que financier. En cinq ans, on estime les incidents causés par les faux médicaments en hausse de 60%.

Les chiffres ont de quoi interpeller. La contrefaçon de médicaments a le vent en poupe. Les revenus liés au trafic de faux médicaments sont estimés à près de 200 milliards de dollars, contre 75 milliards en 2006, peut-on lire sur le site du Figaro. Le phénomène ne semble en tout cas pas faiblir. Au contraire. Le Pharmaceutical Security Institute, un organisme international de veille du secteur, évalue à 60% l’évolution du nombre d’incidents liés aux faux médicaments.

Ces 200 milliards de dollars représentent environ un cinquième du marché pharmaceutique mondial. Et les pertes financières pour les États sont également colossales : ceux-ci ne verraient pas la couleur d’environ 1,7 milliard de recettes fiscales à cause de ce fléau.

Cet essor est surtout expliqué par la conjugaison entre l’impunité grandissante des malfaiteurs et l’explosion de l’e-commerce.

Tous les médicaments sont concernés par le phénomène, des produits coûteux contre le cancer jusqu’aux antidouleurs vendus à bas prix. Hallucinant : 1000 dollars investis dans la fabrication de faux médicaments rapporteraient 500.000 dollars aux organisations criminelles, selon l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM).

La modèle de distribution a changé

Les conséquences sanitaires sont graves. Des centaines de milliers de personnes décèdent chaque année à cause de ce fléau, et c’est sans surprise les pays du sud, qui concentrent entre 30 et 60% des faux médicaments, qui en sont les principales victimes. Dans certains pays africains, 7 médicaments sur 10 vendus sont falsifiés. Mais les pays industrialisés ne sont pas en reste : les États-Unis ont connu environ 1700 cas en 2017, la faute à des prix élevés et un système de couverture sociale hétérogène qui pousse les gens à passer entre les mailles du filet.

Le plus marquant est certainement l’évolution du modèle distributif de ces médicaments. Si ces contrefaçons se retrouvent facilement dans des pharmacies, dans des marchés de rue illégaux ou encore dans les hôpitaux, c’est surtout via Internet que la distribution a explosé, car les flux sont ainsi plus opaques. On estime que 20 officines illégales fleurissent chaque jour en ligne, dont 90% sont illégales. Les consommateurs recherchent des prix plus bas, une rapidité, une discrétion et une sécurité: “En utilisant Internet, les consommateurs recherchent des prix attractifs, la discrétion, à se passer d’ordonnance ou la rapidité d’approvisionnement”, résume l’IRACM.

Face à l’ampleur de ce fléau, les États ont voulu réagir en accroissant leur collaboration entre eux, l’industrie pharmaceutique et les pouvoirs publics, sous l’égide d’Interpol et de l’Organisation mondiale des douanes.

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