Le plus grand parking solaire du monde sera à Pairi Daiza

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Le parc animalier va doubler la capacité de son carport d’ici l’été 2023. Une étape supplémentaire vers l’objectif d’un parc animalier 100% vert à l’horizon 2030.

Des panneaux photovoltaïques sur le toit de son parking, Pairi Daiza en a déjà très exactement 62.750. Installés en 2019, ils ont une capacité de 20 MW, ce qui correspond grosso modo à la consommation d’électricité du parc (mais pas forcément aux mêmes heures). Le président et fondateur de Pairi Daiza Eric Domb a décidé de doubler la mise, en installant 96.000 m² supplémentaires de panneaux, ce qui permettra de revendiquer le titre de “plus grand parking solaire du monde”. Cette extension sera opérationnelle en juillet prochain.

Ces panneaux photovoltaïques sont produits en Asie. Est-on dès lors vraiment certain que leur bilan carbone est intéressant ? “La fabrication et le transport génèrent évidemment du carbone, répond Jérôme Flament, directeur commercial de Perpetum Energy, le partenaire de Pairi Daiza dans cet investissement. Cela n’empêche pas le bilan carbone d’être excellent, avec un payback en moins de trois ans.” L’évolution technologique permet de faire des panneaux deux fois plus grands qu’en 2019 (d’où moins de cadres en aluminium et moins de câbles), ils sont installés sur une ossature en bois local, avec dès lors un impact carbone quasi inexistant.

Auto-suffisance en électricité

Ces panneaux sont destinés à couvrir les besoins en énergie des nouveaux “mondes” développés à Pairi Daiza et notamment le “Sanctuary”. Il est attendu pour 2024 et reproduira la vie de la forêt amazonienne dans une serre de 4 ha, ce qui augmentera sensiblement les besoins énergétiques du parc. Lors des périodes de grand ensoleillement, le parc ne consomme pas toute l’électricité produite par ses panneaux et la réinjecte donc sur le réseau. Cela représente environ 30% de sa production. A l’inverse, il faut s’alimenter sur le réseau classique durant les longues nuits d’hiver. L’autosuffisance énergétique du parc n’est donc pour l’heure que théorique. “Il faut sortir de la logique d’autoconsommation, insiste Jean-Benoît Sepulchre, l’un des responsables de Green4Power, le partenaire financier de Pairi Daiza dans cette opération. Nous utilisons un espace propice -les toitures du parking- et qui serait perdu si nous ne le faisions pas. Le rendement énergétique de ces panneaux, sur un site sans ombre, sans feuille, est exceptionnel. Les 30% que nous réinjectons sur le réseau seront consommés par des sites qui ne disposent pas de telles toitures, nous contribuons et nous contribuerons plus encore avec l’extension à la production d’énergie verte en Wallonie.”

L’apport d’un tiers-investisseur

Ce “parking solaire” représente un investissement de vingt millions d’euros. Il est assumé par les partenaires de Pairi Daiza, lequel leur versera ensuite une redevance d’utilisation. Les responsables du parc préfèrent en effet s’associer à des sociétés spécialisées que de vouloir tout mener eux-mêmes. “Nous avons un projet en géothermie et ce sera sans doute la même chose, explique Marie-Yannick Sarrazyn, directrice Energie, Environnement et Développement durable du parc. Le savoir-faire ne se trouve pas chez nous, nous allons donc chercher les compétences techniques ailleurs.” Par exemple chez Perpetum Energy (basé à Gand) qui avait déjà mené l’aménagement du premier parc. Ce bureau assure le développement du projet, sa construction et ensuite la maintenance des installations. Et pour financer le tout, il a développé une filiale spécialement dédicacée, Green4Power, dont la Wallonie détient 30% à travers la Socofe. “Les infrastructures photovoltaïques de cette ampleur coûtent proportionnellement plus cher, dit Jérôme Flament. L’amortissement est donc plus long que ce que souhaitent les gros acteurs industriels (Aperam ou Google figurent parmi leurs clients, ndlr). Nous venons alors en tiers-investisseur et cela leur permet de consacrer leurs ressources à des investissements dans leur core-business.” Cette formule permet en outre d’amortir les variations de prix de l’énergie, de les stabiliser au moins en partie.

Le tri de… 49 types de déchets

La stratégie durable de Pairi Daiza ne se limite pas à la production d’électricité. La petite équipe de Marie-Yannick Sarrazyn intervient en amont de tous les projets du parc, pour voir comment limiter l’impact environnemental tantôt en isolant un bâtiment, tantôt en optimisant le fonctionnement de pompes à eau, tantôt en nettoyant des filtres pour maintenir leur pleine efficacité, etc. “A chaque aménagement, nous réfléchissons aux différentes possibilités, confie la responsable durabilité du parc. Nous devons imaginer des solutions atypiques pour répondre à des situations atypiques, par exemple pour traiter les effluents de tous ces animaux.”

C’est souvent une politique de petits pas pour faire fonctionner des fontaines en circuits fermés, actionner les abreuvoirs à la demande plutôt qu’en continu ou trier jusqu’à 49 types de déchets différents, afin de pouvoir les valoriser ensuite. “Les fermes du coin nous fournissent du foin et de la paille, nous leur rendons ensuite du fumier comme amendement pour leurs terres, illustre Marie-Yannick Sarrazyn. C’est vraiment l’ADN du parc.” Pairi Daiza achève par ailleurs la construction d’une station d’épuration de 10.000 Equivalents/habitants.

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