Le marbre belge à l’honneur

© Anthony Dehez
Anthony Planus Journaliste

Elizabeth II s’est éteinte le 8 septembre. Elle est inhumée en la chapelle Saint-Georges du château de Windsor… sous une stèle de marbre noir provenant de nos contrées, une roche réputée mondialement et toujours exploitée dans nos carrières.

Un noir unique

Noir de Golzinne, Noir de Mazy, Noir belge ou encore Noir fin…, si ses noms sont multiples, sa qualité est, paraît-il, unique. Tout comme le gisement dont il provient. “C’est le marbre noir le plus pur et absolu au monde. Son poli brillant et lumineux renvoie la lumière tel un miroir”, explique Francis Kezirian, responsable technique de la carrière de Golzinne, près de Gembloux, et administrateur délégué de la société Merbes-Sprimont qui exploite le site. Si le marbre noir de Belgique est récemment réapparu sur le devant de la scène à l’occasion des obsèques d’Elizabeth II, voilà des siècles que cette roche ornementale est régulièrement utilisée pour ajouter au faste des monuments les plus prestigieux de la planète. Telle la pierre tombale des Windsor sous laquelle la reine Elizabeth repose désormais et qui date de plus d’un demi-siècle (voir photo ci-dessous): “Le roi Georges VI repose déjà sous cette stèle depuis son décès en 1952”, précise Francis Kezirian. Les noms d’Elizabeth et de son mari ont simplement été rajoutés.

Le marbre belge à l'honneur
© POOL/AFP via Getty Images

Châteaux, cathédrales et Taj Mahal

Le rayonnement géographique de notre marbre noir est impressionnant. On le retrouve utilisé dans les bâtiments du patrimoine de la plupart des pays du monde”, poursuit Francis Kezirian, avant de procéder à un passage en revue non exhaustif. “Tous les châteaux royaux belges, français, anglais, danois, allemands, le Vatican, les capitoles historiques des différents Etats américains, le Taj Mahal, la plupart des bâtiments de style victorien de l’ex-empire britannique, une grande partie des cathédrales gothiques d’Europe occidentale… Sans oublier que des artistes contemporains comme Jeff Koons, Anish Kapoor ou encore Adel Adbessemed utilisent également ce matériau pour ses qualités esthétiques.”

300 m³ de noir

seulement sont extraits chaque année de la carrière de Golzinne.

Un savoir-faire belge

Fondée en 1779, la société Merbes-Sprimont, qui fait aujourd’hui partie du groupe international Marbrek, est la plus ancienne entreprise marbrière d’Europe et est le producteur exclusif du marbre Noir fin, mais également du Rouge royal, Rouge griotte ou encore du Gris des Ardennes. “La carrière que nous exploitons sur la commune de Gembloux est la dernière exploitation souterraine de Belgique, tandis que celle de marbre Gris et Rouge royal de Hautmont est également la dernière exploitation de ces matériaux active pour l’architecture, souligne Francis Kezirian. Nous sommes donc les derniers témoins des gestes et du savoir-faire de la longue tradition des mineurs belges.”

Des investissements lents et méthodiques

Actuellement, les quantités de marbre noir extraites chaque année n’excèdent pas les 300 m3, ce qui représente moins de 1.000 tonnes par an et seulement une petite fraction de ce que le gisement renferme encore. Pour quel chiffre d’affaires? L’administrateur délégué de Merbes-Sprimont préfère rester discret. Tout au plus nous confiera-t-il que le Noir fin constitue “une part essentielle” des revenus de la société. “L’entreprise, au capital familial, est principalement centrée sur ses productions belges, qu’elle commercialise en blocs bruts, en tranches ou en produits façonnés sur mesure dans son usine de Merbes-le-Château. Nous suivons une politique d’investissement sur le long, voire très long terme, lourde, lente, méthodique et entièrement autofinancée, peu influencée par la volatilité des crises.”

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