Le géant Microsoft revoit ses objectifs en matière de changement climatique

Antoine Denis Journaliste

L’entreprise prévoit de supprimer toutes ses émissions de carbone et d’aller le plus loin possible dans une logique écologique

Au début de cette année, Microsoft s’est engagée à non seulement réduire ses émissions, mais aussi à devenir négative en carbone, c’est-à-dire en éliminant tout le carbone que l’entreprise et ses fournisseurs ont émis depuis sa fondation en 1975.

Un engagement récent

Lundi, Microsoft a annoncé qu’il avait réalisé le plus grand test jamais réalisé sur des serveurs de centres de données fonctionnant avec des piles à hydrogène. Actuellement, même s’ils fonctionnent entièrement à partir d’énergies renouvelables, les centres de données ont des générateurs diesel sur place pour une sauvegarde à long terme en cas de panne. La société s’est engagée à tous les supprimer d’ici 2030.

Depuis 2012, l’entreprise est neutre en carbone à 100 %, grâce à l’achat de compensations carbone. En 2013, elle a mis en place une taxe carbone interne sur les émissions de toutes ses divisions dont les recettes sont consacrées à l’amélioration de la durabilité. Elle a aussi créé une unité commerciale axée sur les solutions climatiques. Enfin, elle a récemment réussi à acheter suffisamment d’énergie renouvelable pour couvrir toutes ses activités aux États-Unis.

Négatif en carbone et compensation de celui émis depuis la création

En janvier, Microsoft a annoncé vouloir devenir neutre en carbone, en prélevant plus de carbone qu’il n’en émet, d’ici 2030. D’ici 2050, elle réduira suffisamment de carbone pour comptabiliser toutes les émissions de la société depuis sa création en 1975.

Pour y arriver, il faudra des technologies à émissions négatives comprenant potentiellement le boisement et le reboisement, la fixation du carbone dans les sols, la bioénergie avec capture et stockage du carbone et la capture directe de l’air. Certaines de ces technologies n’existent pas encore à une échelle significative et Microsoft veut accélérer leur développement.

Des fournisseurs obligés de réduire leurs émissions

Récemment, Apple a annoncé qu’elle viserait à être neutre en carbone dans l’ensemble de ses activités, de sa chaîne d’approvisionnement de fabrication et du cycle de vie des produits d’ici 2030. Concrètement, ses fournisseurs devront tous fonctionner à l’aide d’énergies renouvelables.

De son côté, Microsoft exige seulement pour l’instant que ses fournisseurs mesurent et déclarent leurs émissions. Vu les objectifs actuels de l’entreprise, il y a très peu de doutes que Microsoft suivra le chemin d’Apple avec ses fournisseurs.

Refus des entreprises qui utilisent des combustibles fossiles

L’attention s’est récemment portée sur les contrats de services de cloud et d’intelligence artificielle entre de grandes entreprises technologiques comme Amazon, Google et Microsoft et certaines des plus grandes compagnies pétrolières et gazières du monde. Selon le Pureplayer Gizmodo, les services en question “visent explicitement à rationaliser, améliorer et rendre plus rentables les opérations d’extraction de pétrole et de gaz”.

En mai dernier, Greenpeace a publié un rapport examinant de plus près comment les entreprises technologiques aident les grandes compagnies pétrolières à tirer profit de la destruction du climat. L’association a notamment constaté que le contrat de Microsoft avec ExxonMobil pourrait à lui seul entraîner des émissions supérieures à 20 % de l’empreinte carbone annuelle de Microsoft.

Faire pression sur les politiques

Microsoft déclare qu’elle utilisera son poids pour plaider en faveur de politiques publiques allant dans le sens de l’écologie. L’entreprise a notamment fait pression pour plus d’énergies renouvelables en Virginie, a soutenu l’initiative de taxe carbone à Washington et s’est opposée au recul du plan d’énergie propre d’Obama.

Microsoft pourrait plaider en faveur de financements pour l’énergie propre dans le prochain projet de relance, interpeller les politiciens climato-sceptiques, contrer les conservateurs qui bloquent l’apparition de nouveaux types de véhicules ou qui soutiennent les centrales au charbon

Un autre moyen de pression serait de quitter la Chambre du commerce, un groupe commercial conservateur qui fait sans relâche pression contre les énergies propres. Microsoft va-t-elle suivre les traces d’Apple en 2009 ou au moins quitter ses conseils d’administration et faire pression en son sein pour une nouvelle direction ?

Double avantage : respectueux et innovateur

L’avantage du changement de modèle vers un monde plus respectueux de l’environnement et aussi considérable pour l’innovation. La réduction des émissions produit un torrent d’innovations. Ce processus attire les meilleurs talents vers ces entreprises et donne à leur main-d’oeuvre jeune et diversifiée une orientation et une motivation.

La décarbonisation n’est pas forcément une corvée ou un sacrifice, mais une chance de concevoir et de construire un monde meilleur.

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