La SNCB supprimera 170 trains “intérieurs” fin 2012

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Le CA de la SNCB a avalisé la suppression de 170 trains du trafic intérieur dès décembre 2012, et ainsi que 23 trains transfrontaliers. Une mesure qui toucherait 2.800 voyageurs… pour 13 millions d’économie d’euros d’ici 2015. Les réactions ne se sont pas fait attendre.

Le conseil d’administration de la SNCB a finalement avalisé mardi soir la suppression de 170 trains du trafic intérieur à partir de décembre 2012, auxquels s’ajoutent 23 trains transfrontaliers, dont la disparition pourrait être effective en 2014, a annoncé la SNCB dans la soirée.

Cette mesure, qui correspond à 1,91 % de l’offre mesurée en trains/km, pourrait concerner 2.800 voyageurs “au maximum”, pour une économie de l’ordre de 13 millions d’euros à l’horizon 2015, a commenté Marc Descheemaecker, administrateur délégué de la SNCB. Elle permettrait en outre à la société de chemins de fer de “réaliser ses objectifs comptables”, en d’autres termes de renouer avec un flux de trésorerie d’exploitation positif, a précisé le responsable.

Cette suppression de trains – inférieure aux estimations des derniers jours, qui parlaient de la disparition de 302 trains (lire ci-après) – s’inscrit par ailleurs dans un plan d’entreprise plus vaste, conduisant à des économies de quelque 100 millions d’euros d’ici à 2015. Afin d’atteindre cet objectif, les services administratifs et de support seront particulièrement sollicités, même si “tous les postes de frais seront touchés”, a encore indiqué Marc Descheemaecker.

Le conseil d’administration n’a toutefois pas donné son aval à la disparition de points d’arrêt et de gare, demandant à ce propos qu’une étude approfondie sur leur optimisation soit menée dans le cadre du plan transport 2013-2025. “Le conseil d’administration a pris une décision difficile mais nécessaire pour les voyageurs, les cheminots et les contribuables”, a conclu Marc Descheemaecker.

SNCB : Navetteurs.be regrette “fermement” la décision du conseil d’administration

Navetteurs.be regrette “fermement” les mesures avalisées par le conseil d’administration de la SNCB, “qui risquent de mettre en difficulté un nombre non négligeable d’usagers”, a réagi mardi soir l’association. “Si toutefois des économies doivent être réalisées, celles-ci doivent impérativement se faire sans que l’usager soit pénalisé par les mesures prises et en concertation avec les représentants du personnel et des usagers”, a souligné Gianni Tabbone, responsable de Navetteurs.be.

Dans ce contexte, l’association “demande aux partis démocratiques de respecter leurs engagements vis-à-vis de l’électeur en respectant les promesses de leurs programmes électoraux”.

SNCB : “déception” et “inquiétude” des syndicats

Les syndicats de la SNCB se sont dits “déçus” et “inquiets”, mardi soir, à l’issue d’une réunion du conseil d’administration de la société de chemins de fer qui a finalement avalisé la suppression de 193 trains. “Chaque fois qu’un train disparaît, c’est une réelle déception même si le conseil d’administration a visiblement la volonté de proposer des alternatives”, a réagi Dominique Dalne, secrétaire national de la CSC Transcom.

Regrets identiques du côté du syndicat socialiste où l’on estime qu’un train supprimé, “c’est déjà un train de trop, d’autant que davantage d’économies auraient pu être réalisées en frais de consultance, notamment”, a pointé Michel Abdissi, secrétaire régional de la CGSP-Cheminots.

Mardi matin, les syndicats craignaient encore la disparition de 302 trains en heures creuses (lire ci-après). “Ce nombre a été revu à la baisse et la casse a été limitée”, a poursuivi Dominique Dalne, en s’inquiétant toutefois des conséquences de cette mesure sur l’emploi. “On évoque aujourd’hui le non-remplacement d’un cheminot sur trois, a pour sa part déclaré Michel Abdissi. Par ailleurs, moins de trains, c’est aussi moins d’accompagnateurs. Selon nos estimations, 1.200 emplois seraient menacés.”

SNCB : les réactions politiques ne se sont pas fait attendre

Ecolo et Groen! ont fustigé lundi soir, dans un communiqué, la décision du conseil d’administration de la SNCB de supprimer quelque 170 trains à partir de décembre 2012. Cette décision montre à quel point les dirigeants de la SNCB n’ont “aucune vision positive” en matière de mobilité durable, ont réagi les députés fédéraux Ronny Balcaen (Ecolo) et Stefaan Van Hecke (Groen!).

Les écologistes dénoncent le fait que les voyageurs concernés, issus essentiellement des régions rurales, seront contraints soit de se rabattre sur une autre offre de transports publics moins accessible et peut-être déjà saturée, soit d’utiliser une voiture, soit de renoncer à un emploi ou une formation.

En matière d’économies, les Verts appellent à d’autres solutions telles que “la lutte contre le dédoublement inutile d’activités” ou le retour à un “fonctionnement plus unitaire du groupe”. Pour Ecolo et Groen!, le prochain gouvernement fédéral doit “prendre la main” et impérativement “tourner le dos” à une politique des chemins de fer qui “punit le voyageur, encourage l’utilisation de la voiture et mène à l’impasse en matière de mobilité”.

Le député David Geerts (SP.a) demande quant à lui, dès cette semaine, un débat parlementaire portant sur la décision du conseil d’administration de la SNCB. Le parlementaire socialiste flamand entend obtenir des éclaircissements sur les critères qui ont guidé les choix de cette décision et savoir ce que rapportera cette suppression. Enfin, il demande quelles sont les autres solutions qui ont été étudiées. Le député appelle à ce que la ministre de tutelle, Inge Vervotte, vienne fournir des explications. Idéalement, la ministre pourrait venir demain mercredi, éventuellement accompagnée du management de la SNCB, a-t-il suggéré.

SNCB : une délégation syndicale avait été reçue avant le début du conseil

Une délégation d’une vingtaine de personnes, composée de syndicats mais aussi de représentants des navetteurs et d’Inter-Environnement Wallonie, a été reçue par les administrateurs de la SNCB mardi matin, avant le début d’un conseil d’administration extraordinaire qui devait avaliser un plan d’économies passant entre autres par la suppression de quelque 300 trains.

“C’était une entrevue de courtoisie au cours de laquelle les administrateurs nous ont écoutés, a commenté Dominique Dalne, secrétaire national de la CSC-Transcom, à l’issue de l’entretien, alors qu’à l’extérieur des bâtiments bruxellois de la SNCB, une centaine de militants battaient le pavé sous la pluie. Nous leur avons répété nos exigences et notre opposition à la suppression de trains voyageurs, à moins que des alternatives soient prévues, comme des taxis ruraux et des bus”, a poursuivi le responsable du syndicat chrétien.”

“Les membres du conseil paraissaient surpris des chiffres que nous avançons”, a pour sa part souligné Michel Abdissi, secrétaire général de la CGSP-Cheminots. Selon ce dernier, sur les 302 trains que la société de chemins de fer souhaiterait supprimer, 220 auraient un revenu de ventes inférieur à leur coût énergétique et 82 transporteraient moins de 40 passagers. “Or, nous avons effectué des tests sur certains de ces trains et nous sommes loin des conditions pointées par la SNCB”, a ajouté Michel Abdissi.

Economies à la SNCB : la ministre Vervotte plaide la compréhension

Inge Vervotte, ministre des Entreprises publiques, a réclamé mardi de la compréhension envers le plan d’économies projeté à la SNCB, même si elle reconnaît que certains éléments ne sont “pas mûrs”.

La suppression de trains peu fréquentés (on parlait mardi matin de quelque 300 convois, ce qui aurait touché jusqu’à 6.000 voyageurs) est “normale” à condition qu’une autre forme de transport public existe, a-t-elle indiqué sur les ondes de la VRT-radio : “Je comprends les réactions mais il faut oser mener le débat. Est-ce responsable, au niveau sociétal et écologique, que des trains ne transportent que cinq ou six personnes ?”

Inge Vervotte met en garde contre une image trop unilatérale des mesures d’économie proposées. Certaines ont été trop peu expliquées et fortement déformées, selon elle. Mais il est vrai aussi que plusieurs points ne sont pas “mûrs” : “Au niveau de l’offre, il faut avant tout clarifier tous les critères, de sorte que les gens connaissent toutes les intentions.”

Concernant les effectifs, la ministre dit s’interroger sur l’augmentation du personnel dans les services généraux de la SNCB et d’Infrabel, qui “ont tendance à se comporter comme des entreprises en soi, en contradiction avec le concept de SNCB Holding”. Le prochain gouvernement pourra s’attaquer à une redéfinition de la structure du groupe, estime la ministre démissionnaire.

Trends.be, avec Belga

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