Jusqu’à 1700 euros de plus par an: comment les fournisseurs d’énergie facturent discrètement des frais de plus en plus élevés

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Un rapport du régulateur fédéral de l’énergie, la CREG, montre comment les fournisseurs, et indépendamment des prix de l’énergie, facturent discrètement des frais toujours plus élevés. Cela peut représenter jusqu’à 1700 euros par an sans que le consommateur ne s’en rende forcément compte. Est-ce votre cas ? Voici comment le savoir.

Selon une analyse de la CREG des formules tarifaires des fournisseurs d’énergie, toute personne qui signe aujourd’hui un nouveau contrat d’énergie ou qui renouvelle son contrat avec son fournisseur actuel risque fort d’encourir des coûts supplémentaires lorsqu’elle recevra sa facture finale. Selon la CREG presque tous les fournisseurs ont augmenté les coûts fixes et les marges de leurs contrats au cours des derniers mois. De quoi faire encore grimper la note.

Tous les mois, les fournisseurs d’énergie ont la possibilité de revoir les formules tarifaires via un large panel de contrats variables indexés selon des formules mathématiques alambiquées.

En dehors des prix de l’énergie, deux paramètres font principalement “bouger” la facture.

Le premier est le coefficient du paramètre d’indexation et qui se base sur l’évolution du prix du MWh sur les marchés. Il peut être modifié tous les mois ou les trois mois selon les fournisseurs.

Le second est les termes fixes du contrat, aussi appelé mark-ups ou marge (bénéficiaire) du fournisseur. Ce sont des frais qui permettent aux fournisseurs de couvrir les coûts et les risques. Ces derniers n’évoluent pas une fois que le contrat est signé, mais peuvent être adaptés chaque mois pour les nouveaux contrats.

Or il semble que plusieurs fournisseurs aient substantiellement fait augmenter leurs marks-up. Et pourquoi pas, puisque ces termes fixes ne font l’objet d’aucune régulation, explique la CREG, le régulateur fédéral de l’énergie . Les fournisseurs eux-mêmes évoquent depuis longtemps l’augmentation des coûts et des risques financiers qui se sont accrus avec la crise énergétique comme l’augmentation des plans de remboursement et des mauvais payeurs. Ils doivent aussi préfinancer une grande partie du tarif social. Et comme les autres entreprises, elles doivent faire face à l’inflation et à l’indexation automatique des salaires de leur personnel. Les marges plus élevées dans les contrats ne serviraient donc qu’à couvrir des coûts supplémentaires réels, et non des bénéfices supplémentaires. Comme rien n’est jamais gratuit, ils augmentent ainsi leur marge pour compenser la future taxe sur les super profits.

Une différence annuelle de 150 euros

Selon la CREG, “pour les produits individuels d’un nombre croissant de fournisseurs, nous avons remarqué depuis début 2021 et surtout au cours de 2022 que des éléments autres (la redevance fixe, la marge sur le paramètre d’indexation ou coefficient, le mark-up) que les simples indexations des formules de prix sont adaptées sur une base mensuelle, de sorte que les évolutions sur les marchés de gros sont moins visibles dans les évolutions des prix pour le consommateur final .

Pour une famille moyenne, la différence entre un contrat avec les “anciennes” marges et un contrat avec les “nouvelles” marges représente 200 à 300 euros supplémentaires sur une base annuelle, électricité et gaz confondus, dit encore De Morgen. “Quant à l’augmentation du coefficient du paramètre d’indexation et au mark-up, elle se traduit en pratique, tant pour les produits concernés d’électricité que de gaz naturel, par une hausse d’environ 100 à 150 € de la facture annuelle d’un ménage moyen. Cela n’est en grande partie pas lié au niveau très élevé des prix sur les marchés de l’électricité et du gaz naturel depuis 2021.” précise encore la CREG.

Luminus se distingue

Selon le rapport de la CREG, un fournisseur (Luminus) se distinguerait par des marges exubérantes. Toujours selon ce rapport, pour certains produits, la différence pour une famille moyenne s’élèverait à 1 000 euros pour l’électricité et 700 euros pour le gaz naturel. Le type de contrat pointé du doigt serait active+, ecoflex, essential et optimal (électricité) et active+, comfy flex, ecoflex, essential et optimal pour le gaz naturel. Luminus se dit lui perplexe face à la “démarche” de la CREG. Le fournisseur parle d’une “déformation totale des faits”.

On notera que selon le Soir, ce serait le “contrat “Flow” d’Engie qui a subi le plus gros lifting”. Si l’offre Flow était l’une des plus avantageuses sur le marché, le forfait fixe pour “a plus que doublé pour le gaz et triplé pour l’électricité au mois de décembre”. Concrètement un client qui aura signé un contrat en décembre plutôt qu’en novembre et à tarif énergétique égal va devoir payer 260 euros (190 pour le gaz et 76 pour l’électricité) par an de plus.

Toujours selon le Soir, parmi les 22 contrats de gaz analysés par Le Soir , 10 ont vu ce “forfait fixe” varier au mois de décembre avec une augmentation moyenne de 8.4%. Seul trois d’entre eux ont diminué. Pour l’électricité, sur les 19 contrats passés en revue, un seul reste intact, le terme fixe de la formule a augmenté en moyenne de 13,2 % entre novembre et décembre.

Selon la CREG, un troisième facteur est une redevance fixe. Soit un abonnement qui doit couvrir, entre autres, les coûts de développement, le maintien de la clientèle et l’administration. “Le montant des abonnements est resté assez stable par le passé, oscillant entre 35 et 40 € par an et par vecteur en moyenne ces dernières années. Au cours des deux dernières années, nous avons constaté une augmentation moyenne de 25 % tant pour l’électricité que pour le gaz naturel, ce qui représente facilement 25 € hors TVA en plus sur la facture annuelle d’un ménage.

Comment savoir si c’est votre cas ?

L’offre fixe sur le marché belge de l’énergie pour les ménages a complètement cessé (à l’exception d’un produit chez TotalEnergies destiné aux propriétaires de voitures électriques) dit encore le rapport du CREG. Plus le temps passe, plus la part des contrats à prix fixe diminue. Alors que la part des contrats à prix fixe a toujours oscillé entre 65 % et 70 %, elle sera inférieure à 50 % à la fin de 2022, pour tomber encore un peu au-dessus de 20 % à la fin du premier trimestre de 2023.

Le contrat fixe devenant donc une denrée rare, vous avez dû probablement prolonger ou signer un nouveau contrat variable il y a peu de temps. Cette adaptation des prix passe souvent inaperçue, car elle est nébuleuse. Le changement des marges et des coûts n’est la plupart du temps pas immédiatement perceptible vu que les fournisseurs jouent avec d’autres paramètres de la formule tarifaire pour “noyer” cette hausse. Pour la CREG “l’abonnement, le coefficient et le mark-up constitueront donc des facteurs plus importants lorsque les consommateurs feront leur choix d’un produit ou d’un autre”.

Pour savoir si vous avez fait les frais de ces nouvelles formules tarifaires, le plus simple est de comparer l’ancienne formule tarifaire avec la nouvelle. La carte tarifaire accompagne généralement votre contrat.

La CREG conseille aussi de comparer son contrat avec ce qui est disponible sur le marché et à chercher une offre la plus basique possible, comprendre sans aucun extra comme un entretien de la chaudière ou un autre service pseudo “gratuit”. La CREG dispose pour ce faire d’un outil de comparaison simple : le CREG Scan. Tous les contrats de gaz et d’électricité existants y ont été inclus.

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