Pieter Timmermans

“Incroyable mais vrai, une grève contre la création d’emplois !”

Pieter Timmermans Administrateur délégué de la FEB

Nous avions reçu de bonnes nouvelles la semaine dernière: la grève générale du 7 octobre serait supprimée. Notre réaction constructive, à savoir que cela constitue un signal important qui pourrait ouvrir des perspectives de reprise des discussions au sein du Groupe des dix, a suscité la réponse suivante de la part du président de CSC-metea: “Nous ferons grève, et pas seulement contre la politique menée par ce gouvernement, mais aussi contre les employeurs’.

La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) a pesé de tout son poids pour prendre un nouveau départ avec le Groupe des dix. La réforme de la loi sur la norme salariale et la flexibilisation du marché de l’emploi sont des thèmes trop importants pour que nous ne nous prononcions pas à leur sujet en tant que partenaires sociaux. Nous avons formulé de nombreuses propositions pour parvenir à une méthode de travail, mais toutes ont été rejetées. Lorsque nous demandions aux syndicats quelle était leur solution alternative, ils ne répondaient pas. Par la suite, nous avons lu dans les journaux que les organisations patronales se retranchaient derrière la politique gouvernementale pour boycotter la concertation sociale. Rien n’est moins vrai.

La reprise économique s’amorce mais est encore précaire et n’a donc vraiment pas besoin de grèves

L’annonce de la suppression de la grève générale a été rapidement suivie d’une décision de CSC-metea de faire grève quand même le 7 octobre, un appel entre-temps suivi dans d’autres secteurs. Une grève orientée non seulement contre la politique menée par le gouvernement, mais aussi explicitement contre les employeurs. La FEB ne peut l’admettre. La reprise économique s’amorce mais est encore précaire et n’a donc vraiment pas besoin de grèves. A titre informatif, voici quelques chiffres.

L’accent socio-économique du gouvernement fédéral, qui veut miser pleinement sur la création d’emplois, porte ses fruits. En effet, une baisse des charges sur le travail n’est pas un cadeau pour les employeurs, mais pour l’emploi. D’ailleurs, les résultats sont éloquents. Selon les statistiques de l’Institut des comptes nationaux (ICN), l’emploi a augmenté pour la 12ème fois successive au second trimestre 2016. Depuis l’entrée en fonction de ce gouvernement, on dénombre dès lors quelques 76.000 emplois supplémentaires, dont 50.000 dans le secteur privé. Cette croissance de l’emploi a suffi pour faire chuter le taux de chômage (Eurostat) de 8,6% en juillet 2014 à 8,3% en juillet 2016.

D’ici à la fin de 2018, l’impact cumulé de la modération salariale, du saut d’index et du tax shift devrait pour sa part contribuer à la création de 114.000 emplois additionnels dans le secteur privé.

Par ailleurs, la reprise économique est de plus en plus soutenue. Au troisième trimestre de 2016, la confiance des entrepreneurs a atteint son niveau le plus élevé en plus de 5 ans et, selon une enquête de la Banque nationale, les investissements des entreprises devraient croître de 11,7% cette année. De plus, le nombre de faillites continue de baisser, tout comme les pertes d’emploi qui en découlent.

Même si elles sont très regrettables pour les travailleurs concernés, les restructurations d’entreprises annoncées à la mi-septembre sont donc plutôt l’exception que la règle. Mais, leur visibilité plus importante que la création quotidienne de dizaines de nouveaux emplois leur confère évidemment un impact sur la confiance des consommateurs. Pourtant, en dépit des attentats du 22 mars dernier et du Brexit, l’économie belge semble aujourd’hui être suffisamment forte pour surmonter ces coups durs. Dans les semaines et mois à venir, le gouvernement fédéral peut encore renforcer la confiance en tranchant des questions comme le budget, l’impôt des sociétés (plus faible, plus simple et neutre sur le plan budgétaire), une loi sur la norme salariale plus performante et un plan d’investissement axé sur une amélioration de la mobilité.

Si d’aucuns préfèrent continuer à éroder la confiance, la grève est bien sûr une option.Mais les organisations de travailleurs veulent-elles faire grève contre ceux qui créent de l’emploi ou,en d’autres termes, contre la création d’emplois ? J’espère bien que non, mais il semblerait que ce soit le cas. Incroyable mais vrai.

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