Ils doivent se réinventer: pour les coiffeurs, un afflux de clients à gérer au compte-gouttes

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La ruée vers les salons de coiffure a commencé. Mais les nouvelles règles de sécurité obligent les coiffeurs à gérer les demandes avec parcimonie.

Après deux mois de confinement, les cheveux des clients ont bien besoin d’un coup de ciseaux. Les coiffeurs sont au taquet pour les accueillir. ” La plupart des salons sont pleins pour les trois prochaines semaines “, se réjouit Mitch Mues, responsable communication de Coiffure.org, la fédération des coiffeurs.

La demande est forte. Mais les mesures de sécurité imposent une nouvelle organisation, plus lourde qu’auparavant. Tout fonctionne désormais par rendez-vous. Les coiffeurs doivent limiter le nombre de clients présents simultanément dans le salon et organiser leurs allers et venues afin de respecter au maximum les règles de distanciation sociale. Coiffeurs et clients sont munis d’un masque. A charge pour le client de le retirer quand c’est nécessaire… et pour éviter de découper l’élastique du masque. De nombreuses mesures d’hygiène sont également prévues pour faire place nette avant le client suivant. Le siège et les instruments doivent être systématiquement désinfectés.

Philippe Tomboy (ESB Group):
Philippe Tomboy (ESB Group): “On perd 10 à 15 minutes par client. Cela a un impact sur la rentabilité.”© PG

” Pack de démarrage ”

Tout cela prend du temps et ne permet donc pas aux salons de coiffure de fonctionner à pleine capacité. Mais les représentants de la profession restent optimistes : ” Chaque semaine que l’on peut travailler, en assurant la santé de tout le monde, c’est toujours ça de gagné. C’est beaucoup mieux que de rester fermés “, souligne Mitch Mues (Coiffure.org). Il faut dire que les dernières semaines vont peser lourd dans les comptes des coiffeurs. S’ils ont pu bénéficier des différentes mesures publiques de soutien (primes régionales, droit passerelle pour les indépendants, chômage temporaire pour les salariés, etc.), le chiffre d’affaires sur les deux derniers mois est facile à calculer : zéro euro. En attendant, les charges (notamment le loyer) ont continué à courir.

” Toute une série de coûts sont irrécupérables “, observe Philippe Tomboy, directeur du développement chez ESB Group, qui chapeaute une trentaine de salons franchisés via deux enseignes (Sanké et XYZ) présentes dans les trois régions du pays. Pour accompagner ses franchisés dans le processus de réouverture, le groupe a mis en place une série d’actions. Chaque salon reçoit un ” pack de démarrage ” avec des stérilisateurs, des masques, du gel hydroalcoolique, etc. Des affiches et des vidéos d’information sur les nouvelles mesures ont été fournies aux coiffeurs du réseau. Des messages sont également diffusés dans les salons à destination des clients.

Philippe Tomboy se réjouit de l’explosion des rendez-vous suite au déconfinement. Mais il craint des conséquences sur le long terme : ” Avec les nouvelles mesures, on perd 10 à 15 minutes par client. Cela a un impact sur la rentabilité “, pointe le directeur chez ESB Group.

Pas de brushing impulsif

L’obligation de fonctionner sur rendez-vous change également la donne. La consommation ” impulsive ” n’existe plus. Cela force les coiffeurs à mettre l’accent sur d’autres moyens de communication et de marketing. ” La digita- lisation sur laquelle nous travaillons depuis des années prend tout son sens aujourd’hui “, remarque Philippe Tomboy. Le réseau a développé sa propre plateforme de réservation en ligne et incite ses franchisés à communiquer sur les réseaux sociaux.

D’après nos interlocuteurs, les premiers retours du terrain sont encourageants. Mais les prochaines semaines s’annoncent décisives pour les salons de coiffure, qui évoluent dans un environnement très concurrentiel. ” La Belgique est un des pays du monde où il y a le plus de salons de coiffure par habitant “, pointe Philippe Tomboy.

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