Apple aux USA: un trompe-l’oeil?

Des ordinateurs Apple fabriqués sur le sol américain ? C’est ce qu’annonce fièrement Tim Cook, le patron. Mais cela ne signifie pas forcément qu’Apple disposera de sa propre usine, ni ne créera massivement de l’emploi…
Depuis 2004 et la fermeture de son usine à Elk Grove (Californie), Apple ne fabrique plus sur le sol américain. La majorité de ses célèbres produits sont fabriqués en Chine, par des sous-traitants tels que Foxconn. Mais la récente sortie de Tim Cook dans les médias américains fait du bruit : Apple pourrait relocaliser une partie de sa production (celle de certains Mac, les ordinateurs d’Apple) aux Etats-Unis, dès 2013.
Le retour de l’usine prodige ? Oui et non. Car, dans son interview, Tim Cook qui se targue de donner (directement et indirectement !) de l’emploi à 600.000 personnes aux USA, a laissé entendre que sa société pourrait « travailler avec d’autres ». D’où l’idée qu’Apple pourrait ne pas être propriétaire de cette future unité de production et, là aussi, faire appel à un manufacturier. Rien d’étonnant puisque, depuis pas mal d’années, Apple s’est désengagé de la fabrication. Ce qui lui évite de prendre en charge la gestion, les risques et les coûts fixes liés à la fabrication de ses produits. D’ailleurs le magazine Forbes imagine Foxconn produire des Mac… aux Etats-Unis, avec plus de robots que d’employés. Le géant chinois a, en effet, annoncé à Bloomberg qu’il prévoyait de doper sa présence aux USA. Une coïncidence ? Rien d’impossible : en septembre, Foxconn annonçait la création d’une sixième usine au Brésil pour la fabrication d’une bonne série des composants de l’iPad et de l’iPhone. Apple prévoit, certes, d’investir une centaine de millions de dollars dans cette unité de production américaine. Mais ce n’est qu’une paille dans le total des sommes engagées dans des contrats de sous-traitance.
Ce rapatriement partiel permettrait néanmoins à Apple d’être moins dépendant de ses importations asiatiques… et de répondre au regain de patriotisme économique américain. Car même si c’est un sous- traitant (asiatique ?) qui produit les Mac sur le sol US, Apple pourrait y afficher fièrement « made in USA ».
La question reste évidemment la rentabilité d’un tel rapatriement, car même si le coût du travail en Chine augmente d’année en année, les analystes ne croient plus dans la fabrication d’ordinateurs aux USA.
Bref, beaucoup de questions sont en suspens. Pas de quoi rassurer les investisseurs déjà dubitatifs à propos du titre d’Apple. Après les sommets atteints en septembre, le titre a, en effet, perdu pas moins de 25 % de sa valeur.
CHRISTOPHE CHARLOT