Anatis: les eaux usées comme source de revenus

L'équipe d'Anatis: François-Xavier Geubel, Jean-Charles et Thomas Reynders. © PG

La PME belge Anatis, ensemblier industriel installé à Liège, a développé un système breveté de traitement des effluents qui permet de transformer les coûts d’épuration en source de développement.

Naturel, automatique et breveté. Encore une fierté wallonne dans le chef d’Anatis, fondée en 2012. L’entreprise spécialisée dans l’étude et la réalisation d’installations industrielles a mis au point un système de traitement et de valorisation des rejets industriels liquides. Une solution pour un énième enjeu écologique, social et économique majeur qu’est l’assainissement des eaux usées. Les normes de rejets des effluents deviennent de plus en plus contraignantes. Au point de pénaliser la production et de fragiliser les perspectives de développement dans des secteurs comme l’agro- alimentaire.

“On constate sur le terrain que de plus en plus de ces industriels font face à des coûts de traitement qui deviennent excessifs, des saturations de leur station d’épuration ou encore des difficultés à renouveler leur permis d’exploitation, observe Raphaël Anciaux, administrateur d’Anatis.”

“Club Med pour bactéries”

Anatis revendique une alternative aux traitements conventionnels des eaux qui diminue jusqu’à 90% de la pollution. Son système propriétaire qu’elle commercialise, Fluid-Anyole, fonctionne selon un procédé de bio-méthanisation adapté aux effluents agricoles et agro-alimentaires. Sans sombrer dans la complexité technique, des bactéries digèrent les matières organiques présentes dans les liquides rejetés et le transforment en gaz. Ce gaz se trouve ensuite valorisé, rendant le système autonome énergétiquement (avec éventuellement un surplus d’énergie dont l’entreprise peut bénéficier).

“Il faut voir notre système comme un Club Med pour bactéries. En les maintenant dans des conditions et configurations optimales, les bactéries permettent de réduire la charge organique, source principale de pollution des eaux usées agro-alimentaires”, explique Thomas Reynders, directeur des opérations chez Anatis. Afin de concevoir un système fiable comme exigé par le secteur industriel, la société wallonne a noué des partenariats technologiques et stratégiques avec des acteurs réputés du pays, comme le Cebedeau, centre de recherche sur le traitement de l’eau, Henkens Frères pour l’installation industrielle sur site ou encore Van Wingen pour les moteurs de cogénération.

Economie circulaire

Avec son Fluid-Anyole, Anatis accompagne les PME industrielles dans une logique d’économie circulaire en inversant la vapeur financière, transformant des coûts de traitement croissants en un investissement régulier “vert et rentable”. C’est en tout cas la démonstration que l‘entreprise liégeoise retient de sa première installation réalisée au sein de la célèbre brasserie-fromagerie d’Orval. “La diminution de la pollution des eaux envoyées à la station d’épuration existante permet de consommer deux fois moins d’énergie. A cela s’ajoutent les aides à l’investissement de la Région wallonne ainsi que les certificats verts pour l’électricité produite par le biogaz”, se félicite-t-on chez Anatis. Ce nouveau process a aussi permis aux trappistes d’internaliser le traitement de déchets (le lactosérum de la fromagerie et les levures de la brasserie) qui étaient auparavant traités puis évacués par camion. Il s’agit dès lors d’un investissement durable puisqu’il permet fortement de réduire leur bilan énergétique.

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